L’Iran en état de siège

La journée de deuil organisée mercredi 26 octobre, pour Mahsa Amini, la jeune femme assassinée par la police des mœurs voilà plus d’un mois, a été marquée par un regain de violence.

Mercredi marquait le 40e jour de la période de deuil observée dans la tradition islamique pour Mme Amini. Elle est morte à Téhéran le 16 septembre, après avoir été arrêtée par la police des mœurs au motif qu’elle ne respectait pas correctement la loi sur le hijab, qui exige de couvrir les cheveux des femmes. Les milices Bassijdi organisées en commandos motorisés ont matraqué les manifestants et dans certaines parties du pays, ont même tiré sur eux.

« Femmes, vie, liberté »

Cela n’a pas empêché des dizaines de milliers de manifestants à Téhéran et dans toutes les grandes villes du pays de crier le slogan « Femmes, vie, liberté » et « Nous nous battrons et reprendrons l’Iran ». Des vidéos sur les réseaux sociaux attestent de la vigueur de la révolte en Iran.

Des femmes à Téhéran ont brûlé leur foulard en criant « Liberté ! Liberté! ». Dans de nombreux quartiers de la capitale, les manifestants ont condamné le guide suprême du pays, l’ayatollah Ali Khamenei, et appelé à sa mort et à sa destitution. À Chiraz, Qazvin et Saghez, la ville natale de Mahsa Amimi, la police a ouvert le feu tantôt avec des paint ball et des plombs pour blesser, tantôt à balles réelles pour tuer comme le montrent des vidéos. Dans la capitale, des manifestants ont riposté, pourchassant les forces de sécurité et mettant le feu à leurs motos.

A Shiraz, les médias d’État iraniens ont rapporté qu’au moins deux hommes armés ont ouvert le feu sur les fidèles qui fréquentent la mosquée Shah Cheragh, un lieu de pélerinage emblématique, tuant 15 personnes, dont deux enfants, et en blessant 40 autres. Le ministère de l’intérieur a parlé d’attaque terroriste perpétrée par des étrangers, et l’État islamique a revendiqué la responsabilité de l’attaque.

Un quadrillage général

L’attaque terroriste de Chiraz a ajouté à l’atmosphère de tension et d’instabilité qui s’est emparé du pays. Certains Iraniens doutent de l’affirmation du gouvernement selon laquelle le meurtre de masse de Shiraz était une attaque terroriste.Un habitant de Shiraz que le New York Times a joint par téléphone a déclaré que la ville était quadrillée par les checks points de la police qui filtraient les passants. Des coups de feu et des sirènes ont été entendus dans toute la ville après l’attaque, a déclaré l’habitant, qui a requis l’anonymat par crainte de représailles.

Il est toujours difficile d’évaluer correctement l’ampleur de la contestation tant en raison des interruptions de l’Internet que du caractère décentralisé des manifestations et de la contestation.

Mercredi, Washington a annoncé des sanctions contre 14 personnes et trois entités en Iran en raison de leur rôle dans la répression violente des manifestants, la censure et la violence dans les prisons. Les personnes sanctionnées sont des commandants du Corps des gardiens de la révolution islamique d’Iran, a indiqué un communiqué du bureau du secrétaire d’État Antony J. Blinken. D’autres occupent des postes de direction dans le système carcéral iranien, selon le communiqué.

Et si les Gardiens de la Révolution prenaient tout le pouvoir en Iran !