Le discret réseau occidental des dirigeants iraniens

FILE - In this photo released by the official website of the office of the Iranian supreme leader, Supreme Leader Ayatollah Ali Khamenei speaks during a meeting with a group of Basij paramilitary force in Tehran, Iran, on Nov. 26, 2022. Iran summoned the French ambassador on Wednesday, Jan. 4, 2023, to condemn the publication of offensive caricatures of Supreme Leader Khamenei in the French satirical magazine Charlie Hebdo. (Office of the Iranian Supreme Leader via AP, File)

Le régime iranien tente d’influencer la politique internationale dans des médias et des institutions en Europe et aux États Unis, via des agents d’influence. Une chronique d’Hamid Enayat, un opposant iranien en exil

 Récemment, dans une interview avec le journal français Le Monde, Ali Vaez, un « expert » de l’Iran, a déclaré que si nous mettons trop de pression sur le régime iranien à cause de la guerre dévastatrice au Moyen-Orient, ce régime se dirigerait davantage vers la construction d’une bombe nucléaire. Ali Vaez fait partie du Groupe de Crise basé à Bruxelles qui est l’un des rares think tanks ayant des relations étroites avec le ministère des Affaires étrangères iranien.

Un grand nombre de courriels découverts par deux médias, Semafor American et la chaine TV Iran internationale en langue persan, montrent que la coopération de Téhéran avec le think tank Groupe de Crise a été formée à travers le Centre d’études iraniennes affilié au ministère des Affaires étrangères iranien. Ces courriels montrent qu’en 2013 et 2014, les analystes du Groupe de Crise faisaient la promotion des positions du gouvernement iranien, même lorsqu’elles contredisaient celles de l’administration Obama. Ces courriels révèlent que les deux avaient signé un accord qui n’a jamais été rendu public. Ces documents démontrent bien que le Groupe de Crise a joué un rôle significatif dans les négociations nucléaires et la levée des sanctions contre l’Iran pendant près d’une décennie, faisant constamment des recommandations aux administrations Obama, Biden et Trump.

« Le plan des experts iraniens »

Sémafor et Iran International, dans leur rapport d’enquête publié en septembre 2023, ont clarifié qu’Ali Vaez et sa collègue Dina Esfandiary faisaient partie d’un réseau d’influence formé et dirigé par Téhéran. Les rapports montrent qu’en 2013, un réseau d’analystes hors d’Iran a été formé sous le titre « Plan des experts iraniens » pour augmenter l’influence de l’Iran sur la scène politique. Bien que Vaez ait défendu sa présence dans ce réseau, le qualifiant de groupe informel, les mémoires de Zarif et les documents du ministère des Affaires étrangères iranien montrent comment Téhéran a bénéficié des membres de ce réseau et du Groupe de Crise pour faire avancer sa diplomatie nucléaire.

Selon les documents obtenus, les négociations initiales entre le Groupe de Crise et le Centre d’études politiques ont commencé en 2013. À cette époque, Robert Malley était responsable du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord au Groupe de Crise. Les courriels montrent que Malley a pu se rendre en Iran pour la première fois grâce aux connexions de ce réseau. En 2014, Malley a rejoint l’administration Obama pour faire avancer les négociations nucléaires avec l’Iran. Les documents montrent que, alors qu’il était dans l’administration Obama, il continuait d’utiliser Ali Vaez pour envoyer des messages à l’Iran.

« L’envoyé spécial » de Biden

Malley est devenu président et PDG du Groupe de Crise en 2017 et a été nommé « envoyé spécial » de Biden sur l’Iran en 2020. Cependant, à la suite d’enquêtes récentes le concernant, son accréditation de sécurité a été révoquée. La raison n’a pas encore été annoncée, mais ses relations avec l’Iran ont-elles dépassé le cadre officiel et l’ont-elles transformé en pion du régime iranien ? Personne ne sait, mais l’arrêt soudain de ses fonctions alimente de telles spéculations.

Malgré ces révélations, Vaez se présente toujours comme un défenseur du politique iranien du régime iranien sur la crise au Moyen-Orient et le programme nucléaire. Il s’est rendu à la Maison Blanche au moins neuf fois l’année dernière pour discuter des problèmes du Moyen-Orient et de l’Iran avec les responsables concernés.

Le moment est venu pour l’Europe et l’Amérique de prêter attention au peuple iranien et à sa demande sans équivoque de renversement de ce régime, au lieu d’investir dans l’équation illusoire que, en concédant des concessions, le régime reviendra à la raison et cessera la répression intérieure, la guerre, le terrorisme et le programme nucléaire. La seule garantie de paix et de stabilité dans la région, libre de guerre, d’effusion de sang et de course aux armements, est un Iran démocratique, laïque et républicain – un résultat que le peuple iranien est déterminé à atteindre.