Israël / Cisjordanie: la génération Tik Tok ne baisse pas les armes

Benjamin Netanyahou est sur deux fronts simultanément. Il doit mener à bien sa réforme du système judiciaire israélien contre une opposition qui manifeste dans les rues, bloque les voitures de députés de la majorité et tente de dresser les Démocrates américains et les institutions juives américaines contre lui.

Simultanément, le Premier ministre israélien doit affronter une tension croissante avec la génération islamiste Tik Tok en Cisjordanie. Ces jeunes qui affrontent les troupes israéliennes n’appartiennent à aucun groupe islamiste répertorié, mais sont armés et financés par le Hamas ou le Jihad Islamique quand ce n’est pas par les brigades al Aqsa de l’Autorité Palestinienne. Ils se distinguent du guérillero palestinien traditionnel en ce qu’ils ont renoncé à la mythologie nationale palestinienne et font volontiers des vidéos d’eux-mêmes en trans de brandir des armes, vidéos qu’ils mettent ensuite en ligne pour épater les jeunes filles.

Les troupes israéliennes à Naplouse

 Les troupes israéliennes sont entrées mercredi à Naplouse pour arrêter ces miliciens Tik Tok qui planifiaient une attaque de type terroriste. Il en est résulté une fusillade qui a fait six morts parmi les hommes armés, mais en réalité beaucoup plus. Un Palestinien âgé serait décédé également ainsi que d’autres qui semblent ne faire partie d’aucun groupe. Le raid aurait ainsi fait en tout onze victimes. L’affrontement a eu lieu cette fois ci non pas dans un quartier isolé, mais au centre ville près d’un supermarché très fréquenté.

Le processus d’intervention de l’armée israélienne est souvent le même : des véhicules civils transportant des soldats sans uniforme ou des policiers en civil arrivent sur le lieu de l’affrontement et fixent les combattants, puis les véhicules de transport blindés débarquent et ceinturent le périmètre de combat, généralement une maison ou un immeuble. Aisément reconnaissables, ces véhicules blindés déchainent la fureur de la population qui les inonde de projectiles en tous genres tout au long de leur déplacement dans les rues de Naplouse ou Jenine.

Les deux derniers mois ont été le début d’année le plus meurtrier en Cisjordanie depuis au moins 2000. Selon un décompte du Wall Street Journal, au moins 60 Palestiniens ont été tués en Cisjordanie et à Jérusalem-Est depuis soixante jours. 

Ces jeunes qui meurent

Selon la journaliste Amira Hass du journal Haaretz, ces jeunes qui meurent en Cisjordanie, ne sont pas des combattants très aguerris et ne pèsent pas lourd face aux snipers et aux voitures de transports de troupes blindées de l’armée israélienne.

Après le raid meurtrier, la police israélienne a relevé son niveau d’alerte dans tout le pays mercredi soir, craignant des représailles. Une opération israélienne similaire à Jenine fin janvier qui a fait 10 morts a été rapidement suivie par l’attaque d’une synagogue à Jérusalem ou sept Israéliens ont trouvé la mort, soit l’attaque la plus meurtrière dans la ville depuis 2008. Le gouvernement israélien a promis une répression sévère contre l’activisme palestinien à l’approche du mois de Ramadan, à fin mars.

Les tensions en Cisjordanie ont aussi réveillé les tensions avec le Hamas. Le mouvement islamiste qui contrôle Gaza a tiré six roquettes en direction du territoire israélien. Ces roquettes ont été interceptées part Iron Dome, le système de défense anti-missile des Israéliens.  Néanmoins, en riposte contre ces tirs de roquette contre la population civile israélienne, l’aviation israélienne est intervenue. Une usine de fabrication d’armes et un site militaire du Hamas à Jabalia, dans le nord de Gaza ont été détruits.

Les responsables palestiniens à Gaza n’ont signalé aucun blessé, bien que le site soit situé dans un quartier résidentiel près d’une école et d’un dispensaire. 

Des « boucliers humains »

L’armée israélienne a dénoncé l’utilisation de « boucliers humains » par le Hamas qui « place ses moyens militaires au milieu de la population civile ». Le Hamas a juré que les frappes n’arrêteraient pas ses actions contre Israël et a déclaré que « la réponse à l’agression de l’occupation demeurera ».

L’envoyé des Nations Unies pour le processus de paix au Moyen-Orient, Tor Wennesland, s’est rendu dans la bande de Gaza jeudi matin. M. Wennesland rencontrera des responsables du Hamas dans le cadre des efforts visant à éviter que le conflit ne devienne incontrôlable, a déclaré un diplomate.