Le Hezbollah se pose en arbitre de l’élection présidentielle

Alors que cinq sessions parlementaires ont été consacrées, mais sans succès, à l’élection d’un nouveau président au Liban, le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, veut croire que rien ne doit se faire contre « la Résistance » que représenterait le Hezbollah contre Israel en particulier et les influences étrangères en général.

Le chef chiite  a rappelé durant son discours le soutien de son mouvement à l’accord conclu entre Israel et le Liban, alors qu’il s’était montré au départ fort critique sur son contenu. Le chef chiite ne s’est pas étendu sur les fortes pressions que l’Iran, désireux de voir aboutir sa négociation avec les Ètats-Unis, a exercé sur le Hezbollah pour qu’il se fasse plus conciliant.

Alors que l’aide financière des mollahs iraniens au Hezbollah est de notoriété publique, Hassan Nasrallah a insisté sur le fait que le futur président libanais ne devait être « ni vendu, ni acheté ». Ce qui est pour le moins cocasse !  N.B.

Un article de nos excellents confrères de l’Orient-le Jour 

« Vous comprenez maintenant ce que nous voulons ?, a-t-il lancé. Nous ne voulons pas d’un président qui assure une couverture politique à la Résistance, mais nous voulons un président qui ne la poignarde pas dans le dos, ne complote pas contre elle et ne la vend pas ». Le futur président « ne doit pas avoir peur, si l’ambassade des États-Unis ou l’administration américaine lui crient dessus (…) il ne doit pas commencer à trembler et faire des concessions (…) Nous voulons un président courageux », a-t-il dit.

Les deux alliés chrétiens du Hezbollah, le chef du CPL, Gebran Bassil, et le chef du Mouvement Marada, Sleiman Frangié, ont signalé à plusieurs reprises leurs ambitions présidentielles. Mais jusqu’à présent, le parti n’a soutenu aucun d’entre eux. 

Aucun commentaire sur l’accord de Taëf

« Les Libanais doivent dialoguer entre eux, et le président du Parlement Nabih Berry peut jouer un grand rôle dans ce domaine. Mais quand on nous demande d’élire un président qui veut d’abord discuter des armes du Hezbollah, l’approche est mauvaise. Nous avons besoin d’une approche saine », a encore déclaré Hassan Nasrallah. Il a ajouté que son parti souhaite « un président qui ne serait ni vendu ni acheté », reprochant aux pays étrangers d’être « toujours prêts à acheter un président pour le Liban ».

Il a en revanche choisi de ne pas commenter les récentes pressions exercées par le pouvoir séoudien à Beyrouth pour préserver l’accord de Taëf, signé en 1989 sous auspices de l’Arabie saoudite et qui avait mis fin à quinze ans de guerre civile au Liban. Le Hezbollah avait qualifié plus tôt cette semaine les propos de Riyad sur l’accord de Taëf « d’ingérence venimeuse ».

Entre-temps, la communauté internationale a appelé à plusieurs reprises le Liban à mettre fin à la vacance politique, plaidant pour l’élection sans délai d’un nouveau président.

Le soutien à l’accord sur la frontière maritime

Le dignitaire chiite a en outre assuré dans son discours que les résultats des récentes élections israéliennes, qui ont ramené Benjamin Netanyahu au pouvoir, « n’affecteront pas l’accord sur la frontière maritime ni les contrats avec les compagnies pétrolières et gazières », soulignant le rôle de « garant » des États-Unis dans ce dossier. 

Cependant, Hassan Nasrallah a assuré que « l’accord est là pour rester », même s’il a formulé des doutes sur le fait que les États-Unis tiennent leur promesse. « Que celui qui compte sur une garantie américaine demande aux Palestiniens » ce qu’il est advenu de telles garanties faites dans de précédents accords. « Que le cabinet israélien soit d’extrême droite, de gauche ou du centre… cela n’aura aucune importance, cela ne change rien pour nous », a ajouté le secrétaire général du Hezbollah.

Lors de son dernier discours, le 29 octobre, Hassan Nasrallah avait qualifié l’accord sur la frontière maritime avec Israël de « grande victoire historique » pour le Liban, même si, selon lui, Beyrouth n’avait pas obtenu toutes ses revendications. Il avait ajouté que son parti avait mis fin à ses « mesures exceptionnelles » contre Israël après la conclusion de l’accord. Or depuis plusieurs mois, le Hezbollah s’était mobilisé de manière plus importante face à l’État hébreu, suite notamment à l’arrivée d’une plateforme gazière dans le champ gazier de Karish, début juin.