Les minorités religieuses au Maroc confirment leur congrès

Contrairement aux informations qui circulent, « le Comité marocain des minorités religieuses » maintient la date du 18 novembre pour tenir son premier congrès. Un article de Jaouad Mdidech

Les minorités religieuses au Maroc, qui représentent une infime minorité (moins de 1%) composée dechrétiens, juifs, baha’is et chiites, comptent bien tenir leur congrès le 18 novembre prochain comme annoncé depuis plusieurs semaines, en dépit des pressions des autorités dont se plaignent leurs dirigeants.

Mardi 14 novembre, Noureddine Ayouch et Kamal Lahbib, du Collectif démocratie et liberté (CDL), prennent contact avec les organisateurs réunis au sein du  « Comité marocain pour les minorités religieuses » (CMLR) pour essayer de les convaincre de reporter cette rencontre à une date ultérieure. Diffusée par quelques sites, cette information est démentie des deux côtés. Par Kamal Lahbib tout d’abord, qui, contacté par notre site, confirme que cette rencontre a bien eu lieu, mais jamais pour pousser les organisateurs de ce congrès à reporter leur rendez-vous. «Notre soutien à ce mouvement est sans réserves, puisque nous défendons tous la liberté de croyance, et donc nous n’avons aucun droit de demander le report son congrès. Mais la question qui se pose est de savoir si les autorités vont autoriser une telle assemblée, pour le moment les intéressés eux-mêmes n’ont pas encore avisé ces dernières, ni avoir fixé le lieu de cette rencontre.» Et K. Lahbib d’ajouter que ce « comité marocain pour les minorités religieuses » n’est même pas encore constitué en association, «mais il a le droit d’être parrainé par n’importe quelle ONG s’il le souhaite.» Les deux dirigeants avaient-ils proposés que ce congrès se déroule sous la bannière du Collectif démocratie et liberté ?

 Liberté de croyance

Nous avons posé la question à Jawad El Hamidi, président du mouvement “Tanouir”, et l’un des organisateurs de ce congrès. Pour lui, la réunion avec les deux dirigeants du CDL a bien eu lieu et a duré quatre heures, mais à aucun moment il n’a été question d’un report de ce congrès. K. Lahbib et N. Ayouch, nuance t-il, «nous ont averti que les autorités ne voient pas d’un bon œil que le congrès ait lieu sous la bannière du CMLR, et ils nous ont proposé de le tenir sous celle de leur Collectif, chose que nous avons refusée.» Le congrès en question aura bien lieu, si tant est que les autorités le permettraient, ajoute notre interlocuteur. Le Comité aurait préféré le tenir dans un hôtel, il a opté dans un premier temps de le faire au siège de la Fondation Orient-Occident, une association marocaine dédiée aux migrants et réfugiés. A cause de pressions qui se seraient exercées sur cette dernière de la part des autorités, les organisateurs ont choisi un autre lieu dont ils préfèrent taire le nom pour l’instant. Pour rappel, le CMMR a été créé, en plus de Jawad El Hamidi, par Mustapha Soussi, un Marocain converti au christianisme, et par Driss Hani, une figure du mouvement chiite marocain. Son objectif est de plaider pour la liberté de croyance et de permettre aux minorités religieuses de s’exprimer et d’exercer leur culte en toute liberté, «conformément à la constitution de 2011», affirme M. El Hamidi.

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Nicolas Beau
Ancien du Monde, de Libération et du Canard Enchainé, Nicolas Beau a été directeur de la rédaction de Bakchich. Il est professeur associé à l'Institut Maghreb (Paris 8) et l'auteur de plusieurs livres: "Les beurgeois de la République" (Le Seuil) "La maison Pasqua"(Plon), "BHL, une imposture française" (Les Arènes), "Le vilain petit Qatar" (Fayard avec Jacques Marie Bourget), "La régente de Carthage" (La Découverte, avec Catherine Graciet) et "Notre ami Ben Ali" (La Découverte, avec Jean Pierre Tuquoi)