Jackson Babingui appelle au boycott du Fespam de Brazzaville

A un mois de l’ouverture du 11e Fespam (Festival Panafricain de Musique), Jackson Babingui dénonce les violences politiques du président Sassou. Une chronique de Moussala Russel Morley

Les autorités de Brazzaville roulent des mécaniques en distribuant des millions de francs Cfa aux artistes invités au festival Fespam de Brazzaville. Est ce vraiment l’heure de faire la fête au Cpngo? Quand Jackson Babingui évoque la situation dans la région du Pool, épicentre d’une guérilla entre les partisans du pasteur Ntumi et l’armée congolaise, il utilise un vocabulaire empreint d’émotion et de tristesse « Des Congolais y tuent des Congolais », dit-il. Dans ce contexte, il n’est plus possible, selon lui, pour un artiste congolais qui se respecte, de se produire au Fespam.

«  Indécent, immoral et immonde »

Contacté par les autorités de Brazzaville pour conduire une délégation d’artistes-musiciens congolais de la diaspora, Jackson Babingui dénonce de sa voix de stentor l’indécence de cet événement, vitrine culturelle du régime de Brazzaville. Pour lui, le Fespam 2017 est à la fois « indécent, immoral et immonde ».

Pour expliquer sa position, Jackson Babingui cite en exemple les artistes anglo-saxons, emmenés par l’ancien leader des Pink Floyd Roger Waters et le réalisateur Ken Loach, qui ont lancé un appel au groupe britannique Radiohead pour qu’il renonce à son concert prévu en Israël, le 19 juillet prochain. Pour les signataires de cet appel, « si prendre position contre la politique de la division, de la discrimination et de la haine signifie quelque chose, cela veut dire s’y s’opposer partout – et cela doit inclure ce qui arrive chaque jour aux Palestiniens».

Le déshonneur pour un billet d’avion

Jackson Babingui appelle les musiciens congolais à adopter aujourd’hui la même attitude. « La passion des billets d’avion faciles leur fait perdre la tête », explique celui qui n’en est pas à son premier coup de colère.

En 1999 déjà, alors que les populations du Pool étaient contraintes, comme aujourd’hui, de se réfugier dans les forêts, il avait refusé de participer au Fespam, tandis que d’autres musiciens de la diaspora, Loko Massengo, Théo Blaise Kounkou, Michel Rapha et Pembey Sheiro choisissaient d’empocher l’argent de Brazzaville.