« Fils de » (1/4), le congolais Denis Sassou Nguesso, l’enfant gâté.

Le président congolais Denis Sassou Nguesso, âgé de 77 ans dont 37 années au pouvoir, peut garder son fauteuil jusqu’en 2031. Sauf si son fils Denis Kristel Sassou Nguesso, qui s’y prépare, lui succède.  

Dans l’ordre de préséance, son nom n’apparaît qu’à la 22 ème place sur la liste du nouveau gouvernement formé en mai dernier par le nouveau Premier ministre Anatole Collinet Makosso. Comme souvent au Congo, cette relégation protocolaire ne suffit pas à cacher la réalité : Denis Christel Sassou Nguesso, ministre de la Coopération internationale et du partenariat public-privé, fils du président Sassou est le ministre le plus puissant du Congo.  Il peut parler directement à « papa Sassou » quand il veut.  

L’enfant gâté de la république 

De son petit nom « Kiki », Denis Christel Sassou Nguesso n’a jamais connu les affres de la vie des enfants congolais privés d’eau, l’électricité et même d’école du fait d’une gouvernance erratique. Le fils-ministre de Sassou Nguesso avait à peine 7 ans lorsque son père s’empare du pouvoir au Congo. Il devient élève au Prytanée militaire de Brazzaville avant de changer très vite de vocation et s’orienter vers des études de droit en France. Avec un diplôme de droit public en poche, son parcours le destinait plutôt vers une carrière juridique. Mais, quand on a un père président, surtout au Congo, on peut bifurquer sans aucune difficulté du droit vers la gestion du pétrole. En 2001, Kiki rejoint la Société nationale de pétrole du Congo (SNPC), un Etat dans l’Etat. Il grandit successivement les échelons jusqu’à en devenir le directeur général adjoint. Il profite surtout pour se servir du pétrole.

Kiki devient alors « Kiki le pétrolier ». Il mène grand train avec l’argent du pétrole en France, en Suisse, aux Etats-Unis et ailleurs. Selon un rapport d’enquête de la police française, le nouveau ministre de la Coopération internationale et du partenariat public-privé a dépensé entre 2005 et 2011, près de 460 000 euros dans l’achat des vêtements de luxe. De la Ferrari à la Aston Martin en passant par la Lomborghini et la Bugatti-Veyron, Denis Christel Sassou possède, selon les enquêteurs spécialisés, une dizaine de véhicules de luxe estimés à plusieurs millions d’euros. Il s’y ajoute une boulimie d’acquisitions immobilières payées avec l’argent du pétrole via des sociétés-écrans. Une enquête fédérale américaine a évalué à 29 millions les achats de biens immobiliers effectués par Kiki, notamment à Miami et Paris.  

Le boulevard du PCT 

De l’enrichissement personnel à la politique, il n’y a souvent qu’un pas en Afrique. Et dans le cas de Denis Christel, ce fut d’autant plus facile qu’il a été incité par son père qui ne rêve que d’une chose : laisser le fauteuil président à un autre Sassou. Du fait de son patronyme, Kiki, qui n’a jamais accroché une banderole, ni distribué un tract du parti, se retrouve bombardé en 2011 au bureau politique, le saint des saints du Parti congolais du travail (PCT, parti au pouvoir). L’année suivante, il devient député national au titre d’Oyo, fief électoral des Sassou dans la région de la Cuvette. Toujours avec les encouragements de son père. Son entrée dans le tout premier gouvernement formé après la réélection de son père est une nouvelle étape dans sa marche forcée vers le fauteuil présidentiel. Signe de cette ambition, Kiki avait publié en 2018 un ouvrage de 64 pages intitulé « Ce que je crois » aux éditions de la Fondation Perspectives d’Avenir. Beaucoup de Congolais y avaient vu sa volonté de briguer la succession de son père en 2021 espéraient que celui-ci aujourd’hui âgé de 77 années prenne sa retraite.  

Kiki a dû ravaler son ambition sans pour autant y renoncer. Son entrée au gouvernement va donc lui permettre de parfaire sa stature internationale. Surtout avec son maroquin de la Coopération internationale qui lui offre une grande opportunité de rencontrer les décideurs de la planète et d’étoffer son carnet d’adresses. En 2026, date de la fin de son nouveau mandat, Sassou aura 82 ans ; son fils Kiki aura passé cinq années au gouvernement. Après avoir gravi tous les échelons au Congo, il aura donc bâti la stature internationale qui en fait un dauphin légitime. Il ne restera alors à Kiki qu’à obtenir l’investiture du PCT comme candidat à la présidentielle. Ce dont s’occupera, certainement, son père.  

 

 

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