Sylvain Cypel: « la complaisance » israélienne face à Vladimir Poutine

An Emirati official stands near an air-plane of El Al, which carried a US-Israeli delegation to the UAE following a normalisation accord, upon it's arrival at the Abu Dhabi airport in the first-ever commercial flight from Israel to the UAE, on August 31, 2020. - A US-Israeli delegation including White House advisor Jared Kushner took off on a historic first direct commercial flight from Tel Aviv to Abu Dhabi to mark the normalisation of ties between the Jewish state and the UAE. (Photo by Karim SAHIB / AFP)

Dans un excellent article paru sur la revue Orient XXI, Sylvain Cypel explique les raisons pour lesquelles Israel ne veut pas s’opposer de front à la Russie sur le dossier ukrainien. Extraits

« Depuis le début de l’invasion russe de l’Ukraine, le 24 février, Israël s’est installé dans une attitude politique unique en son genre du côté de ce qu’on nomme généralement le « camp occidental ». Tout en ayant voté le 2 mars (après quelques hésitations) la résolution adoptée par 141 pays dénonçant la guerre menée par Moscou et exigeant que la Russie retire ses troupes immédiatement, Tel-Aviv a refusé de se joindre aux sanctions économiques engagées contre ce pays et certains de ses dirigeants, et de fournir aux Ukrainiens du matériel militaire, même « défensif ». Jusqu’ici, il n’a pas voulu non plus procurer à Kiev son système de défense antiaérienne « Dôme de fer » qu’il utilise pour contrarier les lancements de roquettes sur son territoire depuis la bande de Gaza ou le sud du Liban, et n’a proposé aux Ukrainiens que des livraisons de vêtements ou un hôpital de campagne. Enfin, il rejette depuis le début de la guerre l’entrée de réfugiés ukrainiens sur son territoire.

Parallèlement, Israël cherche à se présenter sur la scène internationale comme un intermédiaire entre Moscou et Kiev. Son premier ministre Naftali Bennett a été l’un des très rares interlocuteurs internationaux longuement reçus (le 5 mars) à Moscou par Vladimir Poutine. Et le 16 mars, le quotidien britannique Financial Times indiquait qu’il avait fourni aux Russes et aux Ukrainiens un « plan » en 15 points destiné à mettre fin à cette guerre1.

Des raids sur la Syrie négociés avec Moscou

Indubitablement, la place occupée par la Russie au Proche-Orient depuis 2015 impacte grandement l’attitude adoptée par Israël. Comme l’a dit Yaïr Lapid, son actuel ministre des affaires étrangères (et selon un accord de coalition, futur premier ministre) depuis cette date, qui a vu Moscou intervenir militairement de manière massive dans le conflit intérieur syrien, « Israël détient une frontière commune avec la Russie », un pays dont il ne peut désormais négliger la puissance politique. De fait, Israël a négocié avec Moscou un accord tacite de coordination lui permettant de bombarder des sites militaires iraniens en Syrie et les convois transférant des armes iraniennes au Hezbollah au Liban. Cet accord, avec quelques menus accrocs, a perduré jusqu’aujourd’hui, permettant à Israël de mener des centaines de raids aériens en Syrie depuis cinq ans et, dans la période récente, de détruire par exemple des centaines de drones iraniens en Syrie…. »

Pour lire la suite de l’article, consultez le site Orient XXI

Les ambiguités d’Israel face au Kremlin