Le scandale des « déchets italiens » enfin résolu !

Supporters of Tunisian non-governmental organisations lift a banner as they demonstrate to demand the return to Italy of household waste exported Illegaly into the country, in the Mediterranean port city of Sousse, on March 28, 2021. - In the summer of 2020, Tunisian customs officials in the Mediterranean port city of Sousse seized 282 containers that had been shipped from Italy and declared as carrying plastic scrap for industrial recycling. But the containers were found to comprise a mix of household waste which is barred from import under Tunisian law. (Photo by Bechir TAIEB / AFP)

Depuis presque un an et demi, l’affaire des “déchets italiens” illégalement importés en Tunisie depuis l’Italie ne cesse d’agiter la vie politique et l’opinion publique de part et d’autre de la Méditerranée. Après une longue bataille juridique et diplomatique, la Tunisie a finalement réussi à trouver un accord avec la partie italienne pour le renvoi de plusieurs tonnes de déchets ménagers importés illégalement. L’affaire avait fait grand bruit côté tunisien, et plusieurs responsables, notamment un ministre, ont été mis en cause.

Alors que 212 conteneurs, soit 7900 tonnes de déchets ménagers, croupissaient depuis mai 2020 au port de Sousse, Tunis et Rome ont  trouvé un accord pour renvoyer ces déchets vers leur pays d’origine. Retour sur l’affaire

Depuis la révélation de l’affaire en novembre 2020 par l’émission “Les quatre vérités” sur la chaîne El Hiwar Ettounsi, les désormais célèbres “déchets italiens” n’ont cessé de faire parler d’eux. En Tunisie, 26 cadres ont été arrêtés et poursuivis, dont l’ancien ministre de l’environnement Mustapha Laroui, incarcéré jusqu’à ce jour. Le gérant de la société tunisienne, Moncef Noureddine, à l’origine de cette importation frauduleuse est quant à lui toujours en fuite. 

Malgré le scandale environnemental et l’existence certaine d’un vaste réseau de corruption, tel que révélé par une investigation du média Inkyfada, l’affaire met du temps à intéresser les autorités tunisiennes et italiennes. Les délais légaux de rapatriement fixés par la loi tunisienne et la convention de Bâle, qui légifère sur le mouvement transfrontalier des déchets dangereux, expirent les uns après les autres. Côté italien, la société italienne SRA à l’origine de l’exportation de ces déchets et mise en cause par la justice italienne a joué la montre en déposant de nombreux recours aux décisions émises par le tribunal administratif de Campanie. 

En attendant une “solution amiable” par la voie judiciaire, telle que souhaitée par la Tunisie, les déchets croupissent au port de Sousse, et leur toxicité inquiète les autorités. “Les déchets présentent un risque majeur de contamination (présence de lixiviat et émission gazeuse indésirable)”, avait alerté le ministère de l’environnement tunisien à son homologue italien via un courrier confidentiel. 

En plus du danger sanitaire et environnemental, le stockage des conteneurs représente beaucoup d’argent au vu de la place considérable qu’ils occupent et qui pourrait servir à stocker d’autres marchandises.

Tractations diplomatiques 

“Si l’on veut que cette affaire trouve une issue et que ces déchets retournent d’où ils viennent, il faut que la diplomatie s’en saisisse”, avait prévenu Nidhal Attia, membre du réseau Tunisie verte. 

Le 28 décembre 2021, le ministre des affaires étrangères italien Luigi di Maio s’est rendu à Tunis pour s’entretenir avec le président Kais Saied, notamment pour aborder cette question épineuse. À l’issue de cette rencontre un communiqué Facebook de la présidence tunisienne est publié, appuyant sur « la nécessité d’accélérer le rapatriement des déchets dans les meilleurs délais”