L’Azerbaïdjan au secours de la sécurité énergétique en Europe.

Le rôle de l’Azerbaïdjan pour assurer la sécurité énergétique en Europe a été activement discutée  lors d’une réunion du Conseil consultatif du Corridor gazier du Sud (Southern Gas Corridor – SGC) à Bakou, en Azerbaïdjan. Les ministres de l’énergie de 16 pays européens, des États-Unis, du Royaume-Uni, ainsi que les commissaires européens en charge de l’Elargissement et en charge de l’Énergie participaient à ce sommet.

Une chronique de l’ambassadeur d’Azerbaïdjan en France, Rahman Mustafayev

Ce gazoduc se compose de trois segments: le gazoduc du sud Caucase, le Trans-Anatolien (TANAP) et le Trans-Adriatique (TAP)

Le projet du « Southern Gas Corridor » (SGC) a été initié par l’Azerbaïdjan en 2011, lorsqu’il a signé avec l’Union Européenne une déclaration sur la création d’un gazoduc reliant les champs gaziers de la mer Caspienne aux pays européens. Ce projet qui relie sept pays du Caucase et d’Europe, l’Azerbaïdjan, la Géorgie, la Turquie, la Grèce, la Bulgarie, l’Albanie et l’Italie, a débuté en septembre 2014. La longueur du gazoduc est de 3500 kilomètres; son point culminant se situant à 2 700 m au-dessus du niveau de la mer et son point le plus bas à 810 mètres dans la mer Adriatique.

Ce projet a été achevé à la fin de 2020, lorsque, le 31 décembre, le premier gaz a été livré à l’Europe. L’année dernière, 19 milliards de mètres cubes de gaz ont été fourni par ce gazoduc, dont 8,5 milliards à la Turquie, environ 8 milliards à l’Italie, et le reste à la Géorgie, la Grèce et la Bulgarie. Ainsi, l’Azerbaïdjan a apporté une contribution importante à la sécurité énergétique de ces pays et a prouvé aux consommateurs européens son rôle de fournisseur stable et fiable.

Un projet oecuménique

Le SGC est l’un des rares grands projets énergétiques à avoir obtenu une ligne de crédit de la part de presque toutes les grandes institutions financières mondiales – la Banque Mondiale, la Banque européen pour la reconstruction et le développement, la Banque asiatique de développement, la Banque européenne d’investissement, la Banque asiatique d’investissement dans les infrastructures. Cela montre la grande fiabilité du projet, ainsi que la crédibilité de l’Azerbaïdjan, qui a assumé une grande partie des couts de ce projet – 10 milliards sur les 33 milliards de dollars.

Le SGC est une nouvelle alternative, mais il ne doit pas être considéré comme un concurrent aux gazoducs existants en Europe. Tout d’abord, il connecte l’Europe à de nouvelles sources de gaz dans le secteur azerbaidjanais de la mer Caspienne, et potentiellement dans les autres pays de cette région. Deuxièmement, il a créé un système alternatif de transport de gaz, qui pourrait être étendu à long terme. La construction du gazoduc Ionian Adriatic Pipeline, c’est-à-dire la possibilité d’étendre le réseau de gazoducs du SGC a l’Albanie, au Monténégro, en Bosnie, en Slovénie et en Croatie, est notamment envisagée.

Mais le projet de SGC a un autre aspect important. La réunion des ministres de l’énergie à Bakou a démontré que le processus de décarbonisation et de la transition vers les énergies vertes en Europe ne s’est pas déroulée comme prévu. Si l’on ajoute à cela les risques géopolitiques auxquels l’Europe est confrontée, cela signifie que le rôle du gaz dans le bilan énergétique européen restera élevé. Dans cette situation, les approvisionnements en gaz azerbaidjanais garantissent une transition énergétique de la COP21 sans heurt ni choc pour les pays européens, apportent une contribution importante au processus de décarbonisation de ses économies et devient un élément important du plan de gestion des risques de l’UE pour le secteur gazier européen en cas de situations de crise.

Un PIB en forte croissance

Cependant, l’expansion de ce système, l’augmentation du volume de l’approvisionnement en gaz de notre région vers l’Europe ne sont pas définies par la situation géopolitique et les déclarations politiques. Pour résoudre les situations d’urgence énergétiques, l’Azerbaïdjan peut fournir de petits volumes supplémentaires de gaz au marché, ce qu’il a fait en 2021. Mais une solution à long terme nécessite une approche commerciale et politique plus sérieuse. Cette approche est déterminée par la demande de gaz, et la demande est à son tour déterminée par les études de faisabilité. Ensuite, les acheteurs potentiels de gaz azerbaidjanais négocient avec le fournisseur et signent des accords commerciaux. Puis, des investissements sont réalisés dans le développement des champs azerbaidjanais, à l’issue desquels le gaz est livré sur la base de contrats. C’est sur ces principes que repose le modèle de SGC et la perspective de son expansion. 

Nous rencontrons des difficultés objectives, causées tout d’abord par la demande croissante de gaz de l’économie azerbaïdjanaise elle-même. La croissance du PIB en 2021 a atteint 5,6 %, y compris 7,2 % dans le secteur non-pétrolier. Le rythme de croissance dans l’industrie non-pétrolière a atteint 18,9 % l’année dernière.

Dans les années à venir, l’Azerbaïdjan sera confronté à une tache gigantesque et fondamentalement nouveau : la restauration des territoires du Karabakh libérés de l’occupation, d’une superficie de plus de 10 000 km², et le retour des 750 mille réfugiés et déplacés azerbaidjanais dont les droits ont été violés pendant 30 ans. Il faut bâtir villes et villages, relancer la vie dans les zones libérées en partant pratiquement de zéro. Ainsi, la croissance économique, l’augmentation de la population et les défis de reconstruction nécessiteront du gaz supplémentaire pour répondre aux besoins domestiques de l’économie.

Une « stratégie verte » à l »oeuvre

Compte tenu des réserves prouvées de gaz naturel de l’Azerbaïdjan, qui s’élèvent à 2,6 trillions de mètres cubes (y compris le gisement de Shah Deniz d’environ 1 trillion de mètres cubes), le projet de SGC sera un facteur garantissant la sécurité énergétique européenne pour les années à venir. Mais le rôle de l’Azerbaïdjan ne se limite pas à la fourniture de gaz naturel. C’est l’un des rares pays de la région à avoir la capacité d’exporter tous les types de sources d’énergie – gaz, pétrole, hydroélectricité, énergie éolienne et solaire. Aujourd’hui, des lignes de transmission relient l’Azerbaïdjan à tous ses voisins – Turquie, Iran, Géorgie – qui sont les principaux marchés pour ses exportations d’électricité. La possibilité de relier les lignes de transmission azerbaïdjanaises à l’Europe Centrale via la mer Noire est étudiée.

Dans le cadre de sa « stratégie verte », l’Azerbaïdjan travaille activement sur des projets d’énergie alternative, des parcs solaires et éoliens. Une étude de faisabilité internationale a été réalisée sur le potentiel « solaire » et « éolien » des régions économiques du Karabakh et du Zanghezour Oriental, qui s’élève à environ respectivement 2 000 et 7 200 MW.

Grâce à la stratégie énergétique compétente, la politique extérieure balancée et au partenariat énergétique stratégique avec l’UE, l’Azerbaïdjan est devenu un facteur important de la sécurité énergétique de l’Europe. Le gazoduc SGC, construit en six ans, a radicalement changé la carte énergétique de l’Europe. C’est une nouvelle source de gaz naturel pour le continent, un nouveau système de transport de gaz avec un potentiel d’expansion et un facteur important de transition énergétique des économies européennes. 

Autant d’enjeux fondamentaux pour la stabilité énergétique et politique, notre objectif à tous, et ecore plus  dans ces jours tendus. que nous vivons