Egypte : Al-Sissi, président dictateur et piètre économiste

Faillite budgétaire, corruption à tous les étages, chômage de masse, toutes les circonstances sont réunies pour une nouvelle explosion sociale en Egypte.

Régulièrement dénoncé pour ses atteintes aux droits de l’homme, le régime du maréchal Al-Sissi arrivé à la tête de l’Etat égyptien en juin 2014 est confronté à une situation économique désastreuse. En effet, le pays est en faillite et son gouvernement navigue à courte vue, sans réelle politique de redressement budgétaire.

Bombe à retardement

Jusqu’à présent, c’est l’Arabie Saoudite qui paye les factures, y compris les dernières acquisitions d’armement militaire que s’est offert le président. Pas étonnant donc que  Hichem Guénina, l’ex-président de la cour des comptes, ait été jeté en prison après avoir dénoncé la corruption endémique qui gangrène les finances publiques. D’après son rapport, 700 Milliards de dollars ont été vampirisés depuis 2013 ! Et la réalisation d’un second Canal de Suez, fleuron des grands travaux lancés par Al-Sissi, s’est avéré être un gouffre financier. L’industrie du tourisme, quant à elle,  a littéralement plongé, entraînant même la fermeture en cascade de 70 hôtels à Charm Al-Cheikh et Ourgada, les stations balnéaires les plus prisées de la Mer rouge.

Parallèlement, le parlement est sommé de voter des lois sur le travail. Objectifs : réduire drastiquement les effectifs de la fonction publique où les recrutements ont été gelés, interdire les syndicats indépendants déjà dans la ligne de mire du ministère de l’Intérieur et réviser le Code du travail. Et, pour couronner le tout, les prix de l’énergie et des produits de première nécessité (y compris le pain) ont flambé.

Toutes les conditions sont réunies pour une nouvelle explosion sociale. L’Egypte est peuplée de plus de 82 millions d’habitants dont 70% vivent avec moins de 2 dollars par jour. Les jeunes de moins de 25 ans, majoritairement au chômage, représentent plus de 60% de la population. Une vraie bombe à retardement. Mais avec la réactivation de l’état d’urgence et la loi anti-terroriste qui permettent tous les excès, le pays est devenu une immense caserne militaro-policière. La société y est maintenue sous haute surveillance, dans un climat anxiogène entretenu par une police devenue le bras armé du régime d’Al-Sissi. Jusqu’à quand ? Rappelons qu’en janvier 2011, une simple manifestation contre la toute puissance de la police s’était transformée en une révolte populaire qui avait tout de même eu raison du dictateur Moubarak.