Gaza, la frontière avec l’Égypte bombardée

A view into Gaza City, Palestine, showing destruction of structures and buildings following a summer-long battle between militants and Israeli forces
Le mardi 10 octobre, Israël a bombardé le seul point de passage entre la bande de Gaza et l’Égypte, bloquant la circulation alors que des milliers de palestiniens désespérés tentent de fuir en Égypte. Le gouvernement égyptien rechigne pourtant à les accueillir les bras ouverts.
L’armée Israélienne a lancé des roquettes pas moins de trois fois sur le point de passage de Rafah, seul endroit où la circulation entre la bande de Gaza et l’Égypte est autorisée. L’unique route reliant les deux terres a été endommagée, rendant difficile la circulation. Pourtant, l’Égypte avait envoyé, lundi, des convois humanitaires vers l’enclave palestinienne. Un porte-parole de l’armée hébraïque avait assuré, mardi matin, que le passage de Rafah resterait ouvert, mais un autre porte parole des Forces de Défense Israéliennes (FDI) avait clarifié cette déclaration quelque peu vague: « Il n’y a aucune intention officielle israélienne de diriger les habitants de la bande de Gaza vers le territoire Égyptien […]. Les habitants sont redirigés vers des aires et abris à l’intérieur même des frontières de Gaza ». Après tout, Israël a déclaré l’état de siège complet de la bande lundi. Personne ne rentre ni ne sort.

L’Égypte craint les réfugiés

Le gouvernement égyptien semble moins enclin a soutenir la cause palestinienne que son peuple. Certes, il a offert, conjointement avec la Jordanie, d’ouvrir des corridors humanitaires et d’envoyer de la nourriture à l’enclave maintenant qu’Israël a coupé les vivres. Mais en réalité, l’idée n’est pas sans arrière-pensées: la république arabe veut à tout prix éviter des mouvements de masse de réfugiés palestiniens vers le Sinaï, péninsule à l’est du pays, à la frontière avec Gaza et l’état hébreu. La première préoccupation est sécuritaire: pas question pour le gouvernement de laisser des potentiels terroristes religieux sur son territoire. De fait, il participe lui aussi au blocus de Gaza depuis 2007, avec uniquement le checkpoint de Rafah pour strictement réguler les allers-retours des palestiniens. Mais le président, Abdel Fattah el-Sisi, a aussi peur d’une véritable invasion: « L‘Égypte ne vas pas permettre la liquidation de la cause palestinienne au détriment d’autres parties », a-t-il déclaré. « Si gaza est complètement détruite, où iront les réfugiés? La contrattaque Israélienne a ravivé les craintes d’un transfert du Sinaï aux palestiniens moyennant des fonds pour l’Égypte. […] Un tel plan est inacceptable aux yeux de la population. » Un plan proposé secrètement par le gouvernement Israélien, d’après les médias égyptiens, mais que celui-ci nie avoir proposé.

L’Égypte marche sur un fil. Ce fut le premier pays Arabe a faire la paix avec Israël, en 1979, et a depuis tenté de faire le médiateur entre les juifs et les palestiniens. Mais sa population, arabe et musulmane, a généralement prix le côté des palestiniens – on se souvient notamment des manifestations en soutien au peuple palestinien qui ont secoué le pays en 2009, lors d’une énième confrontation entre le Hamas et l’armée Israélienne.

Mateo Gomez.