Ces africains qui vont juger Blatter et Platini

Tous deux sous le coup d’une enquête de la FIFA, Sepp Blatter et Michel Platini risquent une suspension. Avant d’être fixés sur leur sort, les deux dirigeants vont être auditionnés et jugés par les sages la Commission d’éthique, parmi lesquels trois Africains.Portraits.

L’information donnée par Le Monde n’a pas été démentie depuis par la FIFA. Le président de la FIFA, Sepp Blatter, et son homologue de l’UEFA, Michel Platini, sont tous les deux sous le coup d’une enquête de la Commission d’éthique de l’instance internationale. Une démarche qui fait suite à l’ouverture, jeudi dernier, d’une procédure pénale contre Blatter, pour « soupçon de gestion déloyale et, subsidiairement, abus de confiance. » Cela signifie qu’en parallèle de l’investigation menée par la justice suisse, les deux dirigeants vont être entendus par la chambre d’instruction de ladite Commission d’éthique, composée de sept personnalités issues des pays membres.

Une fois ces auditions effectuées, il reviendra aux huit sages de la chambre de jugement de la Commission d’éventuellement prononcer la suspension de Blatter ainsi que de Platini, considéré jusqu’alors comme le favori à la succession du Suisse à la tête de la FIFA.

De l’humanitaire au foot
Parmi les quinze membres de la Commission d’éthique appelés à trancher, figurent trois représentants du continent africain. Le plus récent d’entre eux est le Tchadien Djimrabaye Bourngar. Se présentant sur les réseaux sociaux comme « un militant pour la réalité du règne de l’Etat de droit et l’éthique du service public en Afrique, notamment au Tchad », ce juriste de 46 ans a été nommé en juillet dernier au poste de vice-président de la Commission, et ce jusqu’au prochain Congrès de la FIFA, prévu en 2016.

Engagé dans l’humanitaire, il a été chargé des affaires judiciaires de la MINURCAT (Mission des Nations Unies pour la République centrafricaine et le Tchad), avant de travailler pour le ministère tchadien de la Justice, comme procureur général près la cour d’appel de Moundou, puis inspecteur des services judiciaires et pénitentiaires, fonction qu’il occupe encore aujourd’hui.

Diop et Ould Yahya, des pro Blatter

Autre profil d’homme qui monte, celui du Mauritanien Ahmed Ould Yahya, membre de la chambre d’instruction chargée d’auditionner Sepp Blatter et Michel Platini. Cet armateur (entre autres lucratives activités) de 39 ans occupe la présidence de la Fédération mauritanienne de football depuis 2011. Créateur du FC Nouadhibou, devenu l’un des clubs phares du pays, fondateur et directeur de l’Agence maritime mauritanienne (A2M), l’ambitieux businessman a également, comme beaucoup d’Africains, la réputation d’être un pro-Blatter.

C’est également le cas du Sénégalais Abdoulaye Makhtar Diop, membre de la chambre de jugement. Agé de 69 ans, de sensibilité socialiste, cet ancien ministre des Sports est aujourd’hui le Grand Serigne (guide coranique, ndlr) de Dakar. Une autorité morale certaine émane de cet ancien grand commis de l’Etat sénégalais, considéré jusqu’à une date récente comme un chaud partisan de Sepp Blatter. Mais le vent n’a-t-il pas tourné ? « Je n’ai pas été surpris, déclarait-il après l’éclatement du « FIFAGate » au média Enquête Plus. Je crois qu’aujourd’hui, c’est une occasion pour le monde du sport de véritablement faire sa toilette et d’avoir des hommes qui pourront, au nom de l’éthique, sauver la FIFA. »

Platini, 1,8 million de pige

Pour rappel, l’affaire est partie de l’enquête ouverte par le ministère public de la Confédération helvétique (MPC) sur un contrat défavorable à la FIFA signé en 2005 entre Sepp Blatter et Jack Warner, alors président de l’Union caribéenne de football et qui aurait réalisé un profit de 15 millions d’euros dans le cadre des droits télévisés des Coupes du Monde 2010 et 2014. Le MPC se penche aussi sur le versement d’une somme de 1,8 million d’euros fait à Michel Platini en 2011, pour des travaux réalisés entre janvier 1999 et juin 2002.