Tunisie, les émissaires de Ghannouchi auprès de Kaïs Saïed

Le dirigeant du parti Ennahdh , Mohamed Goumani, très proche du chef du mouvement Rached Ghannouchi, a annoncé dans un post publié sur sa page fin août 2021, qu’il n’est plus question de retour à la situation de l’avant 25 juillet, date à laquelle le président Kaïs Saïed a décrété l’état d’exception.

« Non au retour au pré-25 juillet, aux scènes de tensions entre les parlementaires ou entre les deux chefs de l’exécutif. Oui, pour reprendre et rectifier la voie démocratique bloquée depuis le 25 juillet, et pour mettre fin à la situation exceptionnelle » lit-on dans le post de Mohamed Goumani, l’homme sur lequel mise Rached Ghannouchi, le patron des islamistes tunisiens,  pour renouer avec la Présidence..Ce post a été publié juste après l’annonce de la dissolution du bureau exécutif du parti par le président d’Ennahdha, où plusieurs voix s’élevaient pour aller vers une confrontation avec la Présidence.

Ghannouchi, formidable tacticien

Dans la foulée, Rached Ghannouchi qui a toujours faut preuve d’une formidable souplesse tactique sous les dictatures de Bourguiba et de Ben Ali, vient de  créer cellule de « gestion de la crise politique », dont le responsable est justement de Mohamed Goumani. Cette « duplicité »que lui reprochent ses adversaires  lui a permis, durant les quarante dernières années,  de traverser des moments autrement plus délicats pour sa formation politique où il ne bénéficiait pas comme aujourd’hui de soutiens internationaux et de relais dans l’appareil d’état.

Mohamed Goumani, le nouveau bras droit du « Cheikh », comme aime à se faire appeler Ghannnouchi, dispose de quelques utiles relais auprès des nouvelles autorités tunisiennes, notamment le frère du chef de l’Etat, Naoufel Saïed, comme l’a souligné la lettre confidentielle « Africa Intelligence ». Ce dernier a présidé durant la campagne présidentielle une Ligue qui regroupait notamment, au nom de l’attachement à « la Révolution » de 2011, une partie de la mouvance fondamentaliste.

Kaïs Saïed, élu avec un score « soviétique » de plus de 70% des voix, s’appuyait alors sur plusieurs composantes de la jeunesse tunisienne, y compris un courant salafiste très fortet  déçu par les concessions du mouvement Ennahdha, devenu le premier parti tunisien et participant à ce titre depuis 2011 à la plupart des coalitions gouvernementales. C’est l’époque où beaucoup, notamment chez de nombreux responsables politiques français, reprochaient à l’actuel Président tunisien ses positions en faveur de la peine de mort, du partage inégal de l’héritage entre hommes et femmes et de l’emprisonnement des homosexuels.

Autant de positions que Kaïs Saïed partage avec le mouvement Ennahdha qu’il prétend combattre aujourd’hui.