Les stupéfiants reçus par l’Arabie saoudite, via Beyrouth, venaient de Syrie

 

L’Arabie saoudite interdit l’importation de fruits et légumes libanais après avoir saisi 5 millions de pilules de Captagon enfouies dans une cargaison de grenades expédiée à partir du port de Beyrouth mais originaires de Syrie.

Michel Touma

Un policier saoudien montrant une saisie de pilules de Captagon dissimulées dans une cargaisons de grenades en provenance du Liban

L’Arabie Saoudite a décidé, vendredi 23 avril, d’interdire les importations de fruits et légumes libanais. Un coup sévère pour les agriculteurs libanais. Les autorités saoudiennes ont découvert en effet dans la nuit de jeudi à vendredi près de 5 millions de pilules de Captagon (amphétamines) enfouies dans une importante cargaison de grenades en provenance – du moins apparemment – du Liban.  

Ce n’est pas la première fois qu’une contrebande de Captagon à destination de l’Arabie Saoudite est découverte.  L’ambassadeur saoudien à Beyrouth, Walid Boukhari, a indiqué que 600 millions de pilules de stupéfiants ont été envoyées en contrebande du Liban en direction de l’Arabie Saoudite au cours des dernières années. « De quoi noyer le marché arabe », a-t-il affirmé. Riyad a indiqué qu’il ne reviendra sur cette mesure de rétorsion que si les autorités libanaises mettent fin à cette contrebande de drogue.  

Le Liban étant déjà confronté à la plus grave crise économique de son histoire, la mesure saoudienne a suscité un vif émoi dans les milieux des agriculteurs libanais. Les envois de fruits et légumes vers l’Arabie Saoudite représentent près de 30 millions de dollars en 2020, soit 16 pour cent des exportations libanaises vers le royaume saoudien.

Le Koweit, Bahreïn, les Emirats arabes unis et le sultanat d’Oman ont appuyé la mesure saoudienne, mais n’ont pas encore pris, à ce stade, des mesures contre les exportations libanaises.

Les Syriens à la manoeuvre   

Face à la gravité de la situation sur ce plan, le président du Rassemblement des ouvriers agricoles dans la plaine libanaise de la Békaa, Ibrahim Tarchichi, a tenu à préciser que la cargaison de grenades ne provenait pas du Liban mais de Syrie, ajoutant que « ce n’est pas la saison des grenades au Liban et nous n’exportons pas ce fruit ».

Lundi en fin de journée, des sources officielles libanaises ont affirmé que la cargaison de grenades venait effectivement de Syrie.  Cette question a d’ailleurs été évoquée par le président libanais Michel Aoun au cours d’une réunion élargie qu’il a tenue au Palais présidentiel avec les ministres et responsables sécuritaires concernés par cette affaire. Le communiqué publié à l’issue de cette réunion souligne que l’enquête déterminerA quelles sont les parties qui ont exporté la cargaison vers l’Arabie Saoudite à partir du port de Beyrouth.

Il semble bien que les grenades ont été fourrées de Captagon en Syrie et non pas sur le territoire libanais. La cargaison a toutefois été réceptionnée au Liban par une société fictive enregistrée au ministère libanais de l’Agriculture. Des étiquettes indiquant que la cargaison venait du Liban ont été apposées sur les grenades afin de faciliter l’exportation vers l’Arabie Saoudite.Les camions transportant les caisses de grenades auraient franchi la frontière avec la Syrie avec la complicité du Hezbollah qui contrôle totalement les frontières entre les deux pays ainsi que les régions voisines. 

 

 

    

 

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