Suisse, les gardes du président Paul Biya condamnés  

 Depuis des années, le président du Cameroun passe davantage de temps à l’hôtel Intercontinental de Genève que dans son propre pays. Et les gardes du corps de Paul Biya ne se gênent pas de molester ses opposants en Suisse. 

Ian Hamel, à Genève   

Pour gâcher les séjours de Paul Biya et de son épouse sur les bords du lac Léman, ses opposants vivant Europe ont pris l’habitude de manifester en masse devant son palace préféré, l’Intercontinental de Genève, où, depuis des années, le président camerounais occupe un étage entier. Mais cette fois, les gardes du corps ne s’en sont pas pris seulement à des Camerounais, mais aussi un journaliste de la Radio-Télévision Suisse (RTS), venu filmer la manifestation, le 26 juin 2019. Non seulement, six agents ont attaqué physiquement le rédacteur, mais « celui-ci s’est retrouvé dépouillé ». En fait, on s’en est pris à lui « car il filmait et que ces images constituaient des preuves de leur manière de réprimer les manifestants », analyse l’accusation.      

Des jours-amendes avec sursis

Les gardes du corps se prévalaient d’une immunité diplomatique, que le tribunal a écarté. Aux yeux d’Olivier Jornot, le procureur général de Genève, « des représentants d’un État étranger se sont permis de faire la chasse à un journaliste qui ne représentait aucun danger, mais également à des opposants ». Ils se sont comportés comme « un État dans l’État ». Le pire, c’est que ce jour-là, Paul Biya, loin d’être en danger, n’était même pas sur place au moment des faits.   

Malgré tout, la Suisse, magnanime, ne condamne pas les gardes du Corps à de la prison, mais à de simples jours-amendes avec sursis. Ils serait tout de même dommage pour l’hôtellerie suisse qu’elle soit contrainte de se priver d’un si bon client qui laisse chaque année plusieurs milliers d’euros dans un palace, sans compter les bijoux et autres frivolités dépensés dans les rues basses de Genève.

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