L’acharnement de Touadéra contre son ancien patron Bozizé

Le 27 février 2024, la Cour Pénale Spéciale (CPS) Centrafricaine a émis un mandat d’arrêt international contre l’ancien président de la République centrafricaine François Bozizé. L’objectif était d’obtenir l’extradition de l’ancien président Bozizé vers la Centrafrique. Une extradition refusée par le Président de la Guinée Bissau Umaru Sissoko Embalo (1) 

Le mandat de la CPS s’inscrit dans le cadre d’une « instruction » sur de possibles « crimes contre l’humanité » de la garde présidentielle de Bozizé, entre février 2009 et mars 2013, dans « une prison civile » et dans un « centre d’instruction militaire » dans la localité de Bossembélé. Faustin-Archange Touadéra était pourtant à cette époque Premier Ministre en RCA et il n’a jamais dénoncé les exactions qui avaient pu avoir lieu à cette époque dans la prison de Bossembélé…

L’ancien président centrafricain, désormais âgé de 77 ans, qui vit désormais en exil depuis mars 2023 en Guinée-Bissau ne constitue plus aujourd’hui un véritable danger pour la stabilité du régime en place en Centrafrique.

Cette séquence laisse transparaître un certain acharnement de Touadéra contre l’ancien président Bozizé, lequel qui ne représente pourtant plus une menace aujourd’hui pour la République Centrafricaine. L’on se souvient d’un exécutif centrafricain beaucoup plus déterminé quand en novembre 2021 le ministre rebelle Hassan Bouba avait été arrêté par la CPS. Le gouvernement centrafricain était alors directement intervenu pour faire libérer le détenu Bouba qui n’aura finalement jamais affaire à la justice. Force est de constater que l’exécutif centrafricain ne s’est jamais publiquement opposé au mandat d’arrêt émis par la CPS en février 2024 contre Bozizé.

Ce sentiment d’un « deux poids, deux mesures » s’ajoute au sentiment d’un ciblage de la communauté Gbaya en Centrafrique, à laquelle appartient l’ancien Président Bozizé. Ce ciblage des Gbayas, qui est la communauté ethnique la plus importante en Centrafrique, provoque un grand ressentiment à l’encontre de Faustin-Archange Touadéra.  

Rappelons que Faustin-Archange Touadéra qui était alors simple recteur de l’Université de Bangui fut nommé à la Primature par le Président Bozizé le 22 janvier 2008. Il restera Premier Ministre cinq longues années jusqu’au 12 janvier 2013. 

(1- Le 21 septembre 2023, la Cour d’appel de Bangui avait déjà condamné par contumace, l’ancien président François Bozizé à une peine de travaux forcés à perpétuité pour « complot » et « rébellion » pour son rôle dans la Coalition des patriotes pour le changement (CPC).