COP 27, l’Égypte confrontée à une insécurité alimentaire maximale

L’Egypte, pays-hôte de la conférence des Nations Unies sur le changement climatique, connue sous le nom de COP27, est un des pays les plus touchés par les menaces sur les ressources en eau et en céréales.

Le delta du Nil qui fournit à l’Egypte les trois cinquièmes de sa production agricole (12 % du PIB), emploie un cinquième de la main-d’œuvre du pays et nourrit une grande partie de la population. Mais ces terres souffrent des de l’élévation du niveau de la mer, de la hausse des températures et d’une pénurie croissante d’eau. Si l’on en croit le GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat), une ville comme Alexandrie pourrait être progressivement engloutie d’ici 2050.

Pour protéger le port d’Alexandrie, central à l’économie égyptienne, mais aussi ses ruines antiques et surtout le lieu de vie de six millions d’habitants, 5000 blocs de béton ont été installés autour de la citadelle de Qaitbay, emblématique de la ville, afin de briser les vagues et soutenir l’édifice. Dans le même but, d’autres blocs ont été ajoutés tout le long de la corniche.

L’Égypte, en tète de liste des victimes

C’est peu dire que l’Egypte est tête de liste des pays victimes du réchauffement climatique. Le secteur agricole égyptien est à l’orée de plusieurs défis. Primo, il a peu de moyens de s’adapter au changement climatique. Les entreprises agricoles sont des entreprises familiales qui œuvrent sur des petites parcelles et dont les rendements ne permettent pas d’investir dans des technologies plus à même de réduire l’l’impact du changement climatique. 

Par ailleurs, la faiblesse des rendements ne permet déjà plus d’assurer l’autosuffisance alimentaire. L’Egypte est aujourd’hui un gros importateur de céréales. Avec des projections démographiques à 224 millions d’habitants en 2100 (106 millions d’habitants aujourd’hui), la pression alimentaire risque d’être insoutenable.

La « pauvreté » en eau.

L’Égypte compte sur le Nil qui est son unique source d’approvisionnement en eau potable et en eau d’irrigation pour les cultures. Mais le fleuve prend sa source hors de ses frontières et les projets de barrage en Ethiopie et au Soudain pourraient réduire le flux.  Certains évoquent déjà le spectre de guerres liées aux ressources en eau.

La montée des eaux salées est également une menace. Les nappes phréatiques se salinisent et rendent l’irrigation des cultures plus difficile. « La pénétration des eaux salées dans les sols les rendent beaucoup moins productifs », alerte le climatologue et ancien vice-président du Giec, Jean Jouzel.

Début 2022, le gouvernement égyptien a annoncé un état de  » pauvreté en eau », l’UNICEF prédisant en 2021 que le pays pourrait manquer d’eau d’ici 2o25.

La sécurité alimentaire en danger. 

Le Fonds international de développement agricole (Fida), institution financière des Nations unies en charge de la lutte contre la pauvreté et la faim dans les zones rurales des pays en développement, va donner 2 milliards de dollars à l’Egypte au cours des huit prochaines années pour l’aider à assurer sa sécurité alimentaire.

Les responsables égyptiens conscients que le secteur agricole est le plus vulnérable au changement climatique, font pression sur les pays riches pour qu’ils augmentent leur soutien à l’Égypte.

Au début de cette année, les autorités égyptiennes ont lancé une stratégie nationale de lutte contre le changement climatique pour 2050, dans laquelle le gouvernement dépenserait 113 milliards de dollars pour des programmes d’adaptation. Mais le premier centime de cette somme n’a pas commencé d’être mobilisé sur le sujet.

Le ministère de l’Agriculture et de l’Aménagement du territoire égyptien tente de soutenir les agriculteurs avec de nouvelles variétés de semences mieux à même de survivre aux températures élevées et à la salinité de l’eau. Mais ces efforts n’empêchent pas de nombreux agriculteurs égyptiens de réagir chacun à leur manière, le plus souvent en augmentant les pesticides et les engrais pour essayer de maintenir les rendements des cultures. De telles pratiques ne sont pas seulement dangereuses pour la santé humaine, mais rendront probablement les conditions agricoles futures plus difficiles à mesure que les produits chimiques s’accumulent dans l’eau et le sol.