Covid, la Tunisie dans la tourmente

Si les Tunisiens sont livrés en vaccins à la date prévue fin mars, ce sera déjà miraculeux.

 Ne pouvant pas attendre jusqu’à fin mars les premières livraisons des vaccins commandés, la Tunisie a mobilisé sa diplomatie pour tenter de les obtenir plus tôt. En vain. Mais en apprenant que les livraisons européennes du vaccin de Pfizer-BioNTech vont connaître du retard, en raison de modifications dans le processus de production, les Tunisiens se sont rendus à l’évidence: il faut attendre

Le virus a provoqué officiellement la mort de plus de 5000 personnes depuis mars 2020,

D’ici là, il s’agit d’affronter la flambée des cas- — 2586 nouveaux cas se sont déclarés le 12 janvier. Le virus a provoqué la mort de plus de 5000 personnes depuis mars 2020. Ce qui est considérable compte tenu de la population de 12 millions d’habitants, soit cinq fois moins qu’en France, et du repérage approximatif des cas de covid, dès qu’on s’éloigne de la « Tunisie utile » entre Tunis et Sousse.

Tout aussi exponentielle est la vague des mécontentements sociaux sur fond d’une transition politique fragile et elle aussi chargée de menaces. Dans ce climat tendu les autorités médicales ont du mal à se faire entendre. Cette semaine, elles ont alerté sur la difficulté grandissante à trouver des lits en réanimation, en dépit de la mise en place d’hôpitaux de fortune pour désengorger les structures existantes et malgré la propagation d’une culture de prise en charge à domicile des patients.

Les autorités tunisiennes ont décrété un confinement total du 14 au 18 janvier 2021 et durcit le couvre-feu instauré depuis octobre 2020.

Du coup, quatre jours de confinement ont été décrétés qui devraient freiner la propagation du Covid-19 dans le pays, selon le gouvernement tunisien qui peine à gérer cette situation exceptionnelle.  Mais les critiques fusent de toute part, et pas seulement sur les réseaux sociaux. « Ce n’est nullement la situation sanitaire qui a motivé cette décision, tous les scientifiques vous confirmeront que quatre jours de confinement ne servent à rien ! Ils ont peur des rassemblements ? Ils craignent l’explosion de colère qui se préparait ? Depuis des semaines, ils sont terrorisés par cette date des dix ans de la révolution » affirme à Jeune Afrique l’activiste et chef d’entreprise, Mouna Allani Ben Halima.

Enfin, les tunisiens ont appris par leur ministres des affaires étrangères que l’Algérie s’apprêtait à partager ses vaccins chinois. « Le ministre algérien des Affaires étrangères m’a dit que son pays n’a pas encore reçu ledit vaccin. Toutefois, il m’a assuré que dès la réception des premiers lots, ces derniers seront partagés avec la Tunisie » a déclaré dans une conférence de presse, Othmane Jerandi, ministre tunisien des Affaires étrangères. La presse a aussitôt repris cette nouvelle, avec des articles vantant l’amitié Algéro-tunisienne dans un emballement sans précédent.  C’est arrivé jusqu’en France où la chaîne de télévision France 24 n’hésita pas à titrer : l’Algérie partagera ses premiers vaccins avec la Tunisie en signe de solidarité
https://www.francetvinfo.fr/monde/afrique/societe-africaine/covid-19-l-algerie-partagera-ses-premiers-vaccins-avec-la-tunisie-en-signe-de-solidarite_4257179.html

L’Algérie donnera-t-elle un peu de son stock de vaccins chinois à sa petite soeur dans la tourmente ? Si les autorités officielles d’Alger se gardent bien de confirmer cette « promesse », la presse aux ordres en fait des tonnes sur « la générosité algérienne ».

Les promesses n’engagent que ceux qui y croient.