Deux nouvelles attaques djihadistes fragilisent la junte malienne

Le deuil national de trois jours après l’attaque du camp militaire de Mondoro à la frontière du Burkina, le 4 mars, n’était pas terminé, qu’un nouvel assaut djihadiste avait lieu à une cinquantaine de kilomètres de Gao. 

La sous préfecture de Mondoro attaquée par les djihadistes du JNIM

Le regain de tension est un revers cruel pour les autorités maliennes qui se targuaient d’avoir repris la main en ramenant la sécurité sur le territoire. L’assaut sur le poste de sécurité de la ville Mondoro, située dans le cercle de Douentza a eu lieu le 4 mars: 27 morts, 33 blessés, dont certains très gravement et 7 disparus. C’est un bilan très lourd qui rappelle les heures sombres de 2019, où une attaque semblable s’était produite au même endroit entrainant la mort de 50 membres des forces armées maliennes (FAMA).

Le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM ou JNIM), dirigé par Iyad Ghali, l’homme clé des groupes armés djihadistes au Mali, a très rapidement revendiqué les faits en publiant une vidéo montrant les prises de guerre, véhicules, armes. Dans des audios en langue peule et bambara, Oumar Ongoïba, le bras droit du chef peul de la Katiba Macina et allié d’Ag Ghali, Hamadou Kouffa, a déclaré que cette attaque constituait une vengeance après la mort de 35 civils tués par l’armée malienne à Dogofry quelques jours plus tôt. Le leader djihadiste est également revenu sur le bilan officiel annonçant 30 morts du côté des forces de défense maliennes (FAMA) et 4 décès dans ses rangs et non 70 comme l’avait déclaré le chef d’Etat-major.

Comme dans toute guerre, la propagande joue à plein. Bamako minimise ses pertes et augmente celles de l’ennemi.

Iyad Ag Ghali à l’attaque

Iyad Ghali, à la tète du principal groupe djihadiste malien, le JNIM, tente d’imposer un rapport de forces en sa faveur

Les Maliens étaient encore sous le choc, qu’une autre attaque d’un camp des Forces armées maliennes (FAMA) se trouvant à N’Tahaka situé à une cinquantaine de kilomètres de Gao s’est produite. Certes, le bilan est moindre qu’à Mondoro, entre deux et cinq morts côté malien, mais c’est bien une nouvelle alerte pour la junte.  

Depuis le début de la transition au Mali en août 2020, le JNIM avait cessé les grandes manœuvres contre les camps militaires maliens. Certains ont voulu y voir l’affaiblissement de ce groupe djihadiste sous les coups de Barkhane. Une analyse très largement fuasse  puisqu’le groupe armé a montré qu’il était encore capable d’attaque complexe, comme celle contre le camp de la force française à Gao en janvier 2022 où un soldat français a trouvé la mort. 

Pour quelles raisons, Iyad Ghali frappe-t-il à nouveau l’armée malienne alors que les négociations ont débuté entre son organisation et le pouvoir malien ? Pour dialoguer en position de force et amener la junte militaire à accepter ses conditions ? Une certitude, les djihadistes ne feront pas de cadeau à l’armée malienne dans la négociation dont ils ont accepté le principe

« Mondoro, : la riposte foudroyante de l’armée »

La junte militaire en panne d’arguments

En attendant, les autorités maliennes qui avaient assis leur légitimité sur la lutte contre la France et la reprise en main de la sécurité sur le territoire se retrouvent dans une posture délicate. En cessant ses attaques contre l’absence de légitimité de la junte militaire malienne et en son désengagement, le pouvoir français cesse d’être un bouc émissaire commode .

Sur le plan sécuritaire, Bamako essaye de transformer les dernières défaites en victoire grâce aux médias proches du pouvoir : « Mondoro, : la riposte foudroyante de l’armée » « Mondoro, la situation sous contrôle de l’armée, des leaders terroristes nigériens et burkinabé neutralisés. »

La méthode Coué ne rassurera pas les Maliens de plus en plus inquiets. Un internaute très suivi sur les réseaux sociaux résume la situation politique précaire que connait le Mali:

1-    On ne connait toujours pas la durée de la transition

2-    On est incapable de sortir un chronogramme

3-    La vie est chère

4-    Les attaques reprennent

5-    Les voix discordantes sont insultées.

Tensions avec la Mauritanie

À ces reculs de l’armée malienne, s’ajoutent des tensions de plus en plus vives avec le voisin mauritanien après plusieurs incidents sérieux à la frontière entre les deux Etats.

Le 21 janvier, 7 commerçants mauritaniens ont été tués à la frontière. Les soupçons se sont portés sur l’armée malienne. Les autorités de Nouakchott ont ouvert une enquête et fermement réagit en espérant que cela ne se reproduise plus. Mais le 5 mars dernier, six ressortissants mauritaniens ont été victimes de tirs sur le sol malien, deux ont été blessés. D’après le journal Sahara médias, les auteurs seraient l’armée malienne accompagnée d’éléments de Wagner.  Enfin, le gouvernement de Mohamed Ould Ghazouani se dit très préoccupé par le sort d’au moins 15 de ses compatriotes qui sont portés disparus. Ce sont encore les FAMA qui sont soupçonnés.

Ces tensions surviennent au plus mauvais moment. La Mauritanie dont l’armée est ine des plus performantes du Sahel, est un pays frontalier du Mali, sans jamais avoir été membre de la CEDEAO, cette organisation régionale qui a condamné le coup d’état à Bamako.La Mauritanie n’applique donc pas les sanctions mises en œuvre par la CEDEAO en janvier dernier. Le port de Nouakchott, dans ces conditions, constitue désormais ue voie d’accès essentielle pour le Mali. 

Une brouille avec a Mauritanie serait pour la junte militaire une vraie façon dese tirer une balle dans le pied

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