La torture en Tunisie, une arme de dissuasion massive

La police a délibérément utilisé la torture contre un avocat arrêté après une manifestation pour défendre une collègue emprisonnée pour avoir ironisé à la télévision sur la situation du pays.

Entendu par le juge d’instruction après avoir été arrêrté, cet avocat a fait un malaise au tribunal. Du coup, la police a du le reconduire en prison en ambulance dans un piteux état. Au point que la présidente d’une association contre la torture s’est même évanouie en examinant le corps du torturé. Ainsi va la Tunisie de Kaïs Saied, dans l’indifférence générale de l’Union Européenne et de la France qui, au nom du moindre mal face au danger islamiste supposé, préfèrent détourner les yeux.

La torture au gout du jour

Ce recours à la torture par la police qui n’a rien appris ni rien oublié depuis la dictature de feu Zine Ben Ali, est encouragée par le pouvoir. Celle ci avait quasiment disparu, y compris dans l’Algérie voisine, du moins à quelques exceptions près. Il s’agit désormais pour le pouvoir tunisien d’effrayer la population avant les élections présidentielles qui devraient avoir lieu cet automne. 

Des élections transparentes, forcément. Pour la première fois, l’Instance supérieure indépendante pour les élections (ISIE), chargée de l’organisation des scrutins en Tunisie, a signé le 15 mars un mémorandum de coopération avec la Commission électorale centrale de la fédération de Russie. Et c’est dans ce cadre que Farouk Bouasker, président de l’ISIE, s’est rendu à Moscou pour participer à la mission internationale d’observation du scrutin présidentiel russe.

Tout est possible en Tunisie maintenant, y compris l’application de la peine de mort pour les détenus politiques.

Tunisie, rendez nous l’ex président Zine Ben Ali !

https://www.crisisgroup.org/fr/middle-east-north-africa/north-africa/tunisia/234-tunisias-challenge-avoiding-default-and-preserving

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Nicolas Beau
Ancien du Monde, de Libération et du Canard Enchainé, Nicolas Beau a été directeur de la rédaction de Bakchich. Il est professeur associé à l'Institut Maghreb (Paris 8) et l'auteur de plusieurs livres: "Les beurgeois de la République" (Le Seuil) "La maison Pasqua"(Plon), "BHL, une imposture française" (Les Arènes), "Le vilain petit Qatar" (Fayard avec Jacques Marie Bourget), "La régente de Carthage" (La Découverte, avec Catherine Graciet) et "Notre ami Ben Ali" (La Découverte, avec Jean Pierre Tuquoi)