Algérie, Gaïd Salah lâche le président Bouteflika

Le chef d’état-major de l’armée, Gaid Salah (à gauche), avec le président Abdelaziz Bouteflika, le 11 mars 2019.

Le général Ahmed Gaïd Salah, chef d’état major et vice ministre de la Défense, a proposé, ce mardi, que soit engagée la procédure de l’article 102 de la Constitution, quand le président « pour cause de maladie grave et durable, se trouve dans l’impossibilité totale d’exercer ses fonctions »

Le ralliement de l’armée à une démission du Président de la république marque sans doute le début d’une solution politique dans la transition qui se joue en Algérie. Cette étape permet en effet d’éviter la prolongation du mandat présidentiel ou l’instauration d’un état d’urgence, autant de scénarios souhaités par les frères du Président Bouteflika, Saïd et Nacer, qui auraient conduit immanquablement à un surcroit de tension entre le pouvoir et l’immense majorité de la population.

Le général Ahmed Gaïd Salah, chef d’état major, a proposé ce mardi 26 mars que soit engagée la procédure de l’article 102 de la Constitution. Le texte prévoit que président de la République soit remplacé par le président du Conseil de la Nation « quand il se trouve dans l’impossibilité totale d’exercer ses fonctions ». Ce dernier aussi âgé que Bouteflika et presque aussi souffrant n’a évidemment pas la carrure pour conduire les changements démocratiques dans l’Algérie d’aujourd’hui. Mais du moins, il ne s’y opposera pas, comme le fait aujourd’hui le clan présidentiel

L’axe Bouteflika/Gaïd salah

Le chef d’état major s’est prononcé lors d’un discours retransmis à la télévision nationale dont le président, un fidèle du clan Bouteflika, vient d’être poussé vers la sortie.

Au risque de se voir incompris par bon nombre de ses propres collaborateurs, Gaïd Salah avait jusqu’à présent soutenu sans hésitation aucune le président Bouteflika, y compris dans le désir de ce dernier d’effectuer un 5eme mandat. Il est vrai que « Boutef », comme on le surnomme parfois, avait nommé ce gradé en 2004 à la tète de l’armée alors qu’il était en âge de prendre sa retraite. Depuis la loyauté du militaire pour le Président était sans failles.

Triste fin de rêgne

Affaibli depuis 2013 par les séquelles d’un AVC, le président Abdelaziz Bouteflika, qui espérait plus que tout disparaitre alors qu’il était encore en fonction, est confronté depuis plus d’un mois à des foules immenses qui exigent son départ et à des soutiens historiques qui, ces derniers jours, quittent le navire amiral. On voit les corps constitués de ce pays placés depuis vingt ans sous tutelle par le clan Bouteflika se rallier au « peuple » rendant le statu quo intenable

Le virage de l’institution militaire était déja perceptible ces derniers jours. Des sites proches de l’institution militaire comme « Algérie1 » donnaient en effet la parole aux opposants historiques du clan Bouteflika comme l’ancien Premier ministre, Ali Benflis.

Les réserves de Mustapha Bouchachi

L’avocat et militant pour les Droits de l’Homme, Mustapha Bouchachi, a réagi à la demande du Chef d’État-Major, Gaïd Salah d’appliquer l’article 102 de la Constitution. L’ex-député a estimé dans une déclaration au HuffPost Algérie que l’application de l’article 102 est dépassée par les événements”, affirmant que “les Algériens n’accepteront pas cette solution”.

Mustapha Bouchachi a estimé que l’application de l’article 102, telle qu’appelée par l’ex-Vice-Ministre de la Défense, Gaïd Salah, “signifie que l’un des symboles de ce pouvoir, qui a géré le pays pendant les 20 dernières années, en l’occurrence le président du Conseil de la nation, Abdelkader Bensalah, va gérer cette période de transition”, a-t-il souligné.

“Cela signifie également que le chef du gouvernement, qui a chapeauté les précédentes élections, va également assurer la période de transition”, rajoute M. Bouchachi. “S’ils étaient sérieux, ils auraient appliqué l’article 102 cela fait plusieurs années”.

Or, poursuit-il, “les Algériens sont sortis, non seulement pour exiger le départ de Abdelaziz Bouteflika. Le peuple algérien est sorti pour leur dire “Partez, nous désirons une période de transition, menée par des hommes et des femmes, qui n’ont pas participé à la gestion du pays durant les 20 dernières années”, de l’avis de l’avocat.

5 Commentaires

  1. Épuration …. ?
    Dans quoi ?
    La justice pourrie y compris chez les avocats et JUGES artisans de la HoGRA !
    L’administration ?
    La police , la gendarmerie et l’ ARMÉE ?

    Par où commencer quand le peuple a vécu de corruption et deviens disqualifié comme la bande d’escrocs Du FCE ?

    Les champions de la Rachoua .? … les peuples maghrébins !

  2. Un pan de ce système pourri qui a sévit depuis 62 vient de rompre à travers l’art.102
    Ce qui reste à venir est beaucoup plus important: La mise à mort du système Etat-DRS et de l’ensemble de ses réseaux dormants qui ont tant gangrené l’ensemble de la société tel un cancer; il faut y aller vers une thérapie de choc!!!
    Il faut donc empêcher de le voir se recycler, c’est là le véritable danger…..

  3. Prétendre que Gaid salah ne voulait pas agir par fidélité envers Abdelaziz Bouteflika est archi faux

    Les frères Bouteflika n’ont jamais voulu de cinquième mandat
    Depuis Septembre 2018 ils militaient pour le prolongement
    Le cinquième mandat c’est Gaid Salah et Toufik mediene qui le voulaient pour maintenir le système avec une élection bidon et ensuite destitution à la Benali
    Il est vrai que ces deux là ne s’aiment pas beaucoup, mais pour sauver le système on doit se serrer les coudes et on oublie Les signes de rapprochement sont à travers Ouyahia
    Prétendre que Gaid salah est un fidèle de Abdelaziz Bouteflka est peut être vrai mais ce dernier n’et plus rien depuis au moins quatre ans et tout le monde sait que c’est Said Bouteflika qui gouvernait et que les relations entre ce dernier et Gaid salah étaient pour le moins inamicales
    L’invention du cinquième mandat était donc pour se débarrasser de Said et consors
    Gaid Salah Toufik (qui est toujours là par Ouyahia) et tout les chefs militaires ne voulaient en aucun cas que Said continue à gouverner il devenaient trop dangereux pour le système
    Les chefs militaires étaient en attente ils cherchaient la solution ce qui a précipité les choses c’est la sortie de Amar Saidani, le porte voix de Said et Naccer Bouteflika. Le clan Bouteflika a lancé la contre attaque (peut être ont ils senti qu’ils n’avaient plu rien à perdre) ils ont commencé par Ouyahia et les autres ont pris peur ils ont agi
    Mais ce n’est probablement pas fini le clan Boutef ne va pas baisser les bras
    A moins que…

  4. Le peuple exige le changement du système y compris Gaid Salah et les généraux corrompus
    tout le reste n’est que ruses , le peuple reste vigilant et exige le départ de tout le système !!

  5. Encore une ruse du système pour « se renouveler » indéfiniment . A nous de choisir: la continuité dans le changement, ou le changement mais dans la continuité. C’est la plus mauvaise solution, cet article 102.Quelle transition démocratique pouvons-nous espérer d’un désastre nommé Ben Salah. Le dernier nommé est une vieillerie du système ayant était formaté au logiciel carte de séjour pour une retraite chez tonton!!!. Le peuple à dit non!! au système Abdelaziz MACRON, voila une transition qui sera chaperonnée par Emmanuel Benjamin-Ben Salah-Ben Stora.

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