La transition démocratique au Gabon n’est pas pour demain

Depuis plusieurs jours une  rumeur persistante – relayée par les médias gabonais – parle d’une rencontre à Paris entre Ali Bongo et Jean Ping prévue prochainement.  Mondafrique décrypte.
 
 
 
Les journaux gabonais l’ont évoqué, certaines personnalités politiques aussi sous couvert. Il aura très certainement (ou probablement c’est selon) une rencontre à Paris  entre Jean Ping, ancien Président de la Commission de l’Union Africaine qui réclame toujours avoir remporté l’élection présidentielle d’août 2016 au Gabon, et Ali Bongo, bien installé sur le fauteuil de président de la République gabonaise.
 
 
Les accords de Paris
 
Cette rencontre annoncée mais non confirmée ni par Jean Ping ni par le camp présidentiel du Gabon sonne comme un air de déjà vu. 
En effet, Paris a été plusieurs fois le lieu de règlement de conflits politiques au Gabon. Ce  fut le cas en 1994 lorsque la classe politique gabonaise accepta de dialoguer avec Omar Bongo qui venait de passer en force lors des élections présidentielles de 1993. De cette grande concertation naquit les « accords de paris » qui permit des « reformettes », une distribution de strapontins mais qui n’empêcheront pas Omar Bongo de rester président jusqu’à la fin de sa vie en 2009.
 
La rencontre Ali Bongo- Pierre Mamboundou à Paris 
 
C’est à Paris aussi en septembre 2010 qu’Ali Bongo qui venait d’arriver au pouvoir sur fond de répression sanglante en août 2009 scella son entente  avec Pierre Mamboundou opposant historique qu’il appelait affectueusement « tonton ».
L’accord politique qui avait prévu un partage effectif du pouvoir entre Ali Bongo et son « oncle »  n’aboutit pas.  Et Pierre Mamboundou n’a jamais obtenu le partage de pouvoir qui lui avait été promis bien qu’il avait apporté son soutien politique à un Ali Bongo qui selon les chiffres officiels n’avait pas obtenu la majorité des voix des électeurs gabonais…
 
Cession du pouvoir à Jean Ping ? 
 
Selon plusieurs personnes pour le moins proches de Jean Ping, la rencontre prévue entre Ali Bongo et Jean Ping ne débouchera pas par un partage du pouvoir, mais par une transition politique au Gabon ! Autrement dit la rencontre Ping-Bongo devra déboucher sur la prise de pouvoir par Jean Ping pour une période transitoire d’au moins 24 mois! 
 
Quid de l’armée 
 
Si les jours proches nous diront si la rencontre entre Ali Bongo et Jean Ping a effectivement eu lieu à Paris, la transmission du pouvoir à Jean Ping est pour le moins très improbable. 
Si au niveau du Parti Démocratique Gabonais (PDG –   au pouvoir depuis 1968 dont Jean Ping a été un des cadres) on pourrait s’accomoder d’un tel projet, pas sûr qu’au niveau de l’armée notamment de la très « dévouée » Garde Républicaine forte de plus de 2500 hommes, on valide une telle chose.
Bien qu’ignorée dans les analyses sur le Gabon, la Garde Républicaine est le pilier de ce pouvoir. Elle est  acquise à Ali Bongo « le patron » et au système dynastique en place au Gabon. Elle tient le pouvoir, le détient et  pas sûr qu’elle veuille le céder alors qu’Ali Bongo est en vie et que tout désigne son héritier.
 
« La garde meurt mais ne se rend pas » 
 
Un des chants de cette armée dit « Je défendrai mon président au péril de ma vie ».  Pas sûr que lorsqu’ils le chantent, les soldats  de la Garde Républicaine « qui meurt mais ne se rend pas » pensent à obéir un jour  à …Jean Ping dont ils ont attaqué le siège et massacré les partisans le 31 août 2016.
 
Il y a de quoi, en effet, avoir quelques doutes…