Sahel : Joe Biden sur les traces pour l’instant de Donald Trump 

Plus de trois mois après son installation à la Maison Blanche, Joe Biden n’a pas encore répondu aux attentes suscitées par son élection au Sahel où l’on guette une nouvelle stratégie américaine de lutte contre le terrorisme.  

La défaite de l’ancien président américain Donald Trump a été accueillie avec énorme soulagement au Sahel. Quelques mois avant son revers électoral, Trump avait annoncé le retrait des militaires américains de la zone sahélienne. Non que la situation sur place se soit améliorée et contre l’avis des pays de la région et de la France. Environ 800 soldats américains sont présents dans le seul Niger, un des cinq pays membres du G5 Sahel avec le Burkina Faso, le Mali, la Mauritanie et le Tchad. 

Ni maintien, ni retrait 

L’ancien président américain avait annoncé le retrait des soldats américains du Sahel mais n’avait pas eu le temps de le mettre en œuvre. Au grand soulagement des pays sahéliens convaincus que peu après son installation au pouvoir, le nouveau locataire de la Maison Blanche prendrait le contrepied de son prédécesseur. Le cap symbolique de 100 jours au pouvoir a été franchi pour Biden mais toujours rien sur le Sahel, en particulier sur deux questions essentielles. Il y a d’abord le maintien des forces américaines dont les bérets verts qui assurent des missions de formation et d’équipement des unités antiterroristes des forces de défense et de sécurité sahéliennes. Le nouveau président américain était ensuite très largement attendu sur le placement de la force conjointe du G5 Sahel sous le chapitre 7. Cette perspective, qui assurerait un financement pérenne à la force, a été systématiquement refusée par l’administration Trump, en dépit du soutien apporté aux pays du Sahel par le Secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres et la France. Ni Biden, ni son Secrétaire d’Etat Antony Blinken ne se sont encore prononcés sur ces deux points.  

La France retient son souffle 

Autant que les pays du Sahel, la France guette avec appréhension la décision de la nouvelle administration américaine sur le Sahel. En dépit des moyens humains et matériels dont la force Barkhane dispose dans la région, la France est largement dépendante au Sahel du renseignement américain. C’est d’ailleurs sur la base d’un renseignement fourni par les Américains que les forces françaises ont pu procéder en juin dernier à l’élimination de l’Algérien Abdelmalek Droukdel sur la frontière algéro-malienne. Les forces françaises sont également largement tributaires de l’armée américaine en matière de ravitaillement en vol de leurs aéronefs. Quelques jours après l’annonce par Trump du projet de retrait des soldats américains du Sahel, la ministre française de la défense Florence Parly s’est rendu à Washington en janvier 2020 pour convaincre les Américains de reconsidérer leur position. L’administration ne s’était engagée pour rien.  

Nouveau coup de force à Bamako 

La clarification de l’engagement américain au Sahel est attendue dans un contexte désormais marqué par un regain d’activités terroristes dans la zone dite des trois frontières commune au Burkina Faso, au Mali et au Niger.  

Outre l’arrivée en force dans cette zone du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans du Malien Iyad Ag Gahli (GSIM), qui était jusqu’ici surtout présent au nord Mali, on assiste ces dernières semaines à des attaques terroristes meurtrières contre les populations civiles, particulièrement dans la région de Tillabéry, au Niger. Il s’y ajoute la nouvelle donne politique au Mali où la transition militaire de 18 mois a été interrompue lundi par un coup de force perpétrée par l’ex-junte militaire qui a renversé en août 2020 le président Ibrahim Boubacar Keita. En effet, derrière l’arrestation du président de transition Bah N’Daw et du Premier ministre Moctar Ouane,  apparait très clairement la main de l’ex Conseil national de salut du peuple (CNSP) officiellement dissous, mais qui continue de garder les vrais leviers du pouvoir à travers son chef le colonel-major Assimi Goïta, vice-président de la transition en charge des questions de défense et sécurité.  

 

 

 

 

 

 

 

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