Nasser Bourita: « le Maroc n’est pas la concierge de l’Europe »

Facz à la diplomatie espagnole qui mobilise tous ses réseaux européens pour pointer la responsabilité du Royaume marocain dans la crise migratoire actuelle, le Maroc donne de la voix.

La presse ibérique vient récemment de révéler la teneur d’une note adressée par le ministère des Affaires étrangères aux ambassadeurs espagnols dans les pays de l’Union européenne.Le principal argument mis avant est que « la crise migratoire à la frontière de Sebta est directement liée à la situation au Sahara ». Cette note précise que « la migration ne doit jamais être utilisée comme un outil pour exercer une pression politique », en référence à la prise d’assaut, le 17 mai dernier, de la frontière maritime de Sebta par quelque 8000 migrants devant l’indifférence des autorités marocaines.

Le Maroc persiste et signe

Le chef de la diplomatie marocaine assume en des termes à peine voilés cette vague migratoire de sommation pour attirer l’attention sur le rôle crucial du Maroc aux portes des frontières européennes. « Le Maroc n’a pas l’obligation d’agir, le Maroc n’est pas le concierge de l’Europe. Il le fait en partenaire, avec un partenariat Maroc-UE fondé sur la compréhension des intérêts des uns et des autres. Or, on ne peut pas manigancer le soir contre un partenaire et lui demander le lendemain d’être loyal », affirme Nasser Bourita. Pour lui, Madrid a créé une crise et veut la faire assumer à l’Europe puisqu’elle « n’a pas consulté l’Union européenne avant d’accueillir sous un faux nom Brahim Ghali… L’Espagne n’a pas consulté non plus le Maroc », insiste-t-il.

La diplomatie marocaine va jusqu’à menacer qu’une sortie du territoire espagnole du chef des séparatistes du Polisario, l’homme par qui le scandale est survenu car demandé par la justice du pays, risque de donner à la crise une ampleur encore plus importante. « Si l’Espagne pense que la crise pourrait être résolue en exfiltrant [Brahim Ghali] par les mêmes procédés, c’est qu’ils cherchent le pourrissement, l’aggravation de la crise, voire (…) la rupture », prévient le diplomate marocain.

Impunité pour le Polisario

Salem Lebsir, bras droit du chef du Polisario, a assuré aux médias espagnols que Brahim Ghali ne sera pas inquiété par la justice ibérique qui l’a convoqué pour le 1er juin. « Il quittera l’Espagne, il n’ira pas devant le juge ». Les conditions d’arrivée du chef du Polisario sur le territoire espagnol, dans ce contexte de fermeture de frontières, posent quelques questions. Le Maroc reste persuadé que des garanties ont été accordées par les Espagnols aux Algériens sur l’impunité de leur ami et allié. 

Accusé de torture, Brahim Ghali n’avait-il pas été accueilli sur une base militaire dans l’espoir de rester inaperçu?