Antonio Guterres cherche désespérément envoyé personnel au Sahara occidental

Le Secrétaire général des Nations–Unies, Antonio Guterres, a le plus grand mal à trouver un profil consensuel pour le poste d’envoyé personnel au Sahara Occidental. Sa dernière proposition, la cinquième en deux ans, vient encore d’essuyer un refus de la part du Polisario, alors qu’Antonio Guterres espérait recruter avant la session du Conseil de sécurité, du 21 avril, dédiée à ce conflit.

« Accélérer la nomination d’un envoyé personnel du Secrétaire général des Nations – Unies pour le Sahara occidental. » La requête devient presque une « formule imposée » dans tous les communiqués des chancelleries ou les de diplomates quand il s’agit de conflit du Sahara. Et pour cause, le poste est vacant depuis mai 2019 quand l’allemand Horst Köhler a jeté l’éponge, officiellement pour « des raisons de santé ». Une démission qui a mis en veilleuse le processus de négociation politique, amorcé à travers les tables rondes de Genève, réunissant Maroc et Polisario, en plus de l’Algérie et la Mauritanie.

Antonio Guteres cherche depuis près de deux ans à trouver le bon candidat pour prendre le relais. Une tâche ardue car non seulement, il faut trouver preneur pour ce poste, mais celui-ci doit avoir, en plus, l’assentiment des deux parties. « Dans l’absolu, le Secrétaire général de l’ONU a toute la latitude de nommer son envoyé personnel, mais ce dernier n’a aucune chance de réussir sa mission si d’emblée il est rejeté par l’une des parties qui sont consultées avant la nomination », nous explique un connaisseur des arcanes diplomatiques, comme pour expliquer la mission impossible que doit réussir Guterres.

Nouveau candidat recalé

Jusque-là, tous les candidats proposés par le Secrétaire général essuient un refus de l’une ou l’autre des parties. Le dernier en date n’est autre que de son compatriote et son ancien membre de gouvernement, Luis Felipe Marques Amado. Issue du Parti socialiste portugais (que Guterres a dirigé, le siècle dernier), cet ancien ministre des Affaires étrangères, entre 2006 et 2011, ne correspond pas au profil selon la direction du Polisario. Via la presse algérienne, celle-ci accuse le candidat de partialité, rappelant ses positions jugées pro-marocaine.

« Nous encourageons toutes les initiatives visant à surpasser une situation de blocage concernant un problème qui est là depuis longtemps », avait déclaré Luis Armado, en avril 2017, à l’agence officielle marocaine MAP, à l’occasion d’une visite effectuée à Rabat, en précisant que : « l’initiative marocaine, que nous trouvons positive, s’inscrit dans cette perspective ».

Trois refus contre deux, balle au centre !

Luis Armado est ainsi le cinquième candidat recalé pour ce poste. Quelques mois auparavant, le Polisario avait également refusé Petre Roman, l’ancien premier ministre roumain qui avait participé à plusieurs reprises au Forum Crans Montana qui se tient annuellement à Dakhla. De son côté, Rabat avait usé de son veto à trois reprises : des anciens ministres des Affaires étrangères des Pays-Bas, de l’Australie et de la Suisse ont à tour de rôle été écartés, vu la position de leurs pays par rapport à ce conflit, jugée défavorable pour le Maroc.

Le Secrétaire général de l’ONU se retrouve ainsi dans l’incapacité de trouver un facilitateur pour ce conflit qui a pris une tournure d’envergure depuis l’adoption de la dernière résolution (2548) du Conseil de sécurité, fin octobre dernier. Alors que le Polisario a annoncé la rupture du cessez-le-feu et prétend pilonner quotidiennement des positions militaires marocaines, Rabat fait valoir la réalité sur le terrain à travers des ouvertures à la chaine de représentations diplomatiques dans les provinces sahraouies, une reconnaissance américaine de la souveraineté marocaine sur ce territoire, ainsi que la sécurisation de son mur de défense au-delà du passage frontalier d’El Guerguarat. Autant de développements qui seront forcément abordés dans le rapport qui sera soumis lors de la session du Conseil de sécurité le 21 avril prochain. Un briefing qui sera encore une fois menée par Antonio Guterres en personne, faute d’un envoyé personnel…