Rien ne va plus entre Rabat et la Banque Mondiale

Plusieurs voix se sont fait entendre au Maroc, dont celle du très influent ministre de l'Industrie Moulay Hafid Elalamy, pour demander à la Banque Mondiale de mettre en sourdine ses pressions en faveur d'une cure d'austérité au Maroc

Le torchon brûle vivement entre la Banque mondiale et le gouvernement marocains. En l’espace de 10 jours, deux ministres et non des moindres du nouveau gouvernement viennent d’asséner une violée de bois vert aux experts de cette institution de l’ONU.

Union sacrée

Le premier à avoir dégainé a été le ministre de l’Industrie et du commerce Moulay Hafid Elalamy qui a demandé à la Banque mondiale de prendre du recul par rapport à la réalité marocaine. Elément de langage repris également par son homologue chargé des Affaires générales, l’islamiste Lahcen Daoudi. Ce dernier a conseillé à la même institution de « prendre de la distance » avec la réalité politique marocaine, critiquant frénétiquement le récent rapport de la Banque mondiale sur le Maroc.

Vers une thérapie de choc

En effet, l’institution financière a révélé que « le Maroc ne peut pas se contenter de poursuivre ou d’approfondir les politiques sectorielles volontaristes actuelles », politiques qui n’ont pu ni éradiquer le chômage  ni mettre fin à la faible productivité de l’économie. Après ce constat, la Banque mondiale a été cinglante le royaume chérifien doit changer de direction et passer impérativement par une thérapie de choc.

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Nicolas Beau
Ancien du Monde, de Libération et du Canard Enchainé, Nicolas Beau a été directeur de la rédaction de Bakchich. Il est professeur associé à l'Institut Maghreb (Paris 8) et l'auteur de plusieurs livres: "Les beurgeois de la République" (Le Seuil) "La maison Pasqua"(Plon), "BHL, une imposture française" (Les Arènes), "Le vilain petit Qatar" (Fayard avec Jacques Marie Bourget), "La régente de Carthage" (La Découverte, avec Catherine Graciet) et "Notre ami Ben Ali" (La Découverte, avec Jean Pierre Tuquoi)