USA, des Africains accusés de corruption

Donald Trump a ouvert la chasse à la corruption entre la Chine et l’Afrique. Ainsi Cheikh Tidiane Gadio, l’ancien ministre sénégalais des Affaires étrangère, vient d’être arrêté à New York
On comprend que certains chefs d’Etat et ministres de haut rang répugnent désormais à se rendre aux États Unis, même pour assister à une Assemblée générale des Nations Unies.
Les lobbyistes africains pro-chinois sont dans la ligne de mire de l’administration Trump. Les personnalités africaines de haut rang ne sont pas épargnées.
En août 2017, l’ancien ministre guinéen des mines , Mahmoud Thiam a déjà écopé de sept ans de prison, pour corruption, pots-de-vin et blanchiment au bénéfice de sociétés minières chinoises. Vendredi 17 novembre 2017, Cheikh Tidiane Gadio, l’ancien ministre sénégalais des Affaires étrangères (2000-2009), a été arrêté à New York et mis en détention.
Fréquentant assidument les cercles onusiens et familier de la Banque mondiale, ce sulfureux lobbyiste, à qui l’organisation du Forum de la Paix et de la Sécurité de Dakar avait été retirée en 2014, est toujours le président de l’institut panafricain de stratégies de Dakar, ce qui lui donnait un laisser-passer dans les présidences africaines et à l’Union africaine. Ayant la double nationalité, sénégalaise et américaine, Cheikh Tidiane Gadio risque jusqu’à 20 ans de prison. La collaboration avec les Chinois aura désormais son prix.
L’Administration américaine mobilisée
Le FBI, la CIA et la justice fédérale ont décidé de s’attaquer au système de corruption des sociétés chinoises et du conglomérat étatique la China National Petroleum Corporation, très implanté au Tchad, en Centrafrique, au Congo et au Cameroun. Même le Département d’Etat s’est mobilisé, sous la haute autorité du Secrétaire d’Etat, Rex Tillerson, l’ancien patron d’Exxon qui n’a guère oublié les déboires de sa société pétrolière avec le Tchad d’Idriss Deby Itno.
On se rappelle que certains avaient été surpris de voir le Tchad inscrit sur la liste noire d’interdiction de voyager aux États Unis d’Amérique. C’etait vite oublier que les intérêts privés américains guident la politique étrangère des Etats Unis d’Amérique. C’est encore plus vrai avec Donald Trump. Les chantres du slogan » l’Afrique aux Africains », souvent très corrompus et prédateurs, ne pèsent pas devant l’  « América first »de Trump.
Les présidents du Tchad et du l’Ouganda, visés aussi par la justice fédérale,  et Cheikh Tidiane Gadio, vont voir étalées dans les médias leurs relations privilégiées avec la China National Petroleum Corporation et la société de lobbying Énergy Company.
Cheikh Tidiane Gadio devra justifier, à la fois, les 2 millions de dollars apportés au Tchad pour éviter une douloureuse amende à ses protecteurs chinois et les 400 000 dollars pour sa rémunération. D’autres pots-de-vin et faits de corruption seraient aussi dans les mains de la justice fédérale et pas seulement pour les gisements tchadiens.
Armes, matières premières, agro-alimentaire
La China National Petroleum Company est présente dans plusieurs États de l’Afrique centrale, surtout par ses satellites. Elle est de plus en plus présente dans l’agro-alimentaire, le commerce des armes et les matières premières stratégiques.
La Centrafrique est l’une des proies des intérèts chinois. Les champs pétrolifères de Boromata, en bordure du Tchad, ont été confiés aux intérêts de la China National Petroleum Corporation. Le lobbying fut intense en faveur des Chinois, après les déboires de l’ancien propriétaire des permis, l’américain Jack Grynberg, victime collatérale du coup d’Etat de François Bozizé contre Ange-Félix Patasse. Déjà , l’ancien ministre des mines, Sylvain Ndoutingaï, est sur les tablettes de la justice fédérale. D’autres personnalités centrafricaines, revenues au pouvoir avec le président Touadera, auraient peut-être intérêt à éviter le sol américain.
Il est possible aussi que Cheikh Tidiane Gadio, doivent rendre compte de son rôle d’envoyé spécial, a partir de 2014, de l’Organisation de la Coopération Islamique en Centrafrique et de ses relations avec les autorités tchadiennes.
La chasse ne fait que commencer.