Algérie, l’unité de façade de l’armée algérienne !

Certains généraux sortent de prison, d’autres non, au gré des fragiles compromis passés entre les clans d’une institution militaire divisée.

Certains hauts gradés sont amnistiés comme les généraux Mohamed Mediene, alias Toufik, l’ex patron du DRS, et Khaled Nezzar, l’ex tout puissant ministre de la Défense, condamnés respectivement à 15 et 20 ans de prison. D’autres généraux en revanche qui leur sont proches croupissent en prison, comme le général Said Bey, possible dauphin pourtant du général Gaïd Salah comme chef d’état major alors que Bouteflika était au pouvoir (voir la photo du général Bey ci dessous).

Arrêté puis emprisonné par le clan de l’ex chef d’Etat major Gaid Salah aujourd’hui décédé mais au pouvoir en 2018 et 2019, le général Bey appartient au clan des éradicateurs qui lors des années noires (1992-1998), tenaient le haut du pavé. La justice militaire quand elle fut tenue par le factotum de Gaid Salah, le Général Bessis, était prompte à condamner cette ancienne caste militaire.

Le vent a tourné. Une partie des fidèles du général Toufik sont revenus aux commandes grâce à la volonté de l’actuel chef d’état major, le général Chengriha, de rassembler les hauts gradés. Du coup, une relève a été effectuée au sein du tribunal militaire de Blida.

Pour autant, certains des fidèles du général Toufik n’ont pas été amnistiés. Et d’autres, qui étaient ses adversaires et qui sont désormais en fuite à l’étranger, comme les généraux Ghali Belksir et Abderezzak Cherif, n’ont jamais été inquiétés par des mandats d’arrêt internationaux. 

Logique de survie

L’armée algérienne est traversée, non pas par des fractures idéologiques comme ce fut le cas durant la décennie 1992-1998 entre éradicateurs et réconciliateurs, mais par des réseaux dont le maintien du pouvoir est le seul objectif. Un subtil dosage s’exerce au sein du sérail militaire qui aboutit à une sorte de paralysie.

Ancien homme fort de la première région militaire la plus important du pays durant les années 90, le général Bey incarnait par excellence la politique anti islamiste. Au point d’être accusé d’avoir distribué des armes aux milices en cours de constitution eaprés1994 en Kabylie. À l’époque, le président Zeroual ainsi que son conseiller le général Betchine, partisans d’une réconciliation nationale, avaient demandé sa relève pour violation des règlements militaires dans la gestion des stocks d’armes. Le général Bey  fut défendu âprement par le général Mohamed Lamari, patron alors de l’armée, ainsi que lpar ’ensemble du clan dit des éradicateurs qui dominait alors l’armée algérienne.

Un compromis est finalement trouvé. Il sera envoyé loin des enjeux opérationnels en Belgique comme représentant de l’ANP au sein de l’OTAN. Une fois Bouteflika élu, son clan le rappelle pour le placer  chef de la 5ém région militaire, puis de la toute puissante seconde région. Et cela jusqu’en 2018, date de sa disgrâce, puis de sa condamnation à de la prison ferme, une véritable nouveauté pour des hauts gradés quasi assurés jusqu’alors d’une totale impunité. Ce fut le début d’une totale guerre de clans au sein de l’armée algérienne dont l’histoire reste à écrire.

Pourquoi l’ancien DRS du général Toufik, revenu en partie aux commandes de l’État après avoir été marginalisé ou emprisonné sous Gaïd Salah, ne parvient-il pas à sauver le général Bey? Cette question renvoie au jeu d’équilibre fragile imposé par la menace d’un soulèvement populaire. En maintenant une terrible pression, le Hirak a réussi à déstructurer l’ossature militaire plus apte aujourd’hui à survivre dans une unité de façade qu’à se restructurer.

Toute restructuration trop marquée de l’État Major marquerait la victoire d’un clan sur un autre, avec le risque d’une fracture définitive au sein de l’institution militaire.

Algérie, des législatives entre mirage démocratique et brutalité policière