Le Premier ministre français à Tunis: des conseils mais pas de sous

Dans le cadre du troisième Haut Conseil de coopération (HCC) franco-tunisien, Jean Castex, le premier ministre français, est en visite officielle de deux jours à Tunis pour donner des conseils de bonne gouvernance à l’ami et allié tunisien, sans pour autant ouvrir les cordons de la bourse. Un article de Meher Hajbi 

Ce rendez-vous bisannuel coïncide avec un contexte général chaotique en Tunisie, où le pays est fragilisé par une crise institutionnelle, socio-économique, financière et sanitaire sans précédent. À cet effet, le Premier ministre français, Jean Castex est allé droit au but : Paris accompagnera les réformes dans “un pays ami”… “pour accroître son attractivité et améliorer le climat des affaires”.

Certes, la France – premier partenaire commercial de Tunis – promet de soutenir la Tunisie, mise à genoux par des crises multiples, toutefois, les réformes demeurent une condition sine qua non. Pour le chef du gouvernement français, ces réformes sont importantes pour la Tunisie, pour le peuple tunisien, pour le partenariat franco-tunisien et les liens privilégiés entre les deux pays.

350 millions accordés mais pas réglés

Alors que le pensionnaire de la Kasbah espérait la reconversion d’une partie de la dette envers la France – 831 millions d’euros en 2018 selon le ministère des Finances tunisien – Paris hésite encore à verser la suite du prêt de 350 millions d’euros accordés à Tunis en 2020.

Ainsi, Hichem Mechichi s’est fait diplomatiquement remonter les bretelles par Jean Castex pour sa première sortie à l’étranger en raison des réformes promises, mais jamais exécutées à ce jour. Si des accords d’intentions sur l’enseignement, l’industrie, l’énergie et la sécurité devraient être signés, le message est désormais clair: des réformes et maintenant pour voir le bout du tunnel.

Pour l’heure, l’exécutif tunisien peut seulement se réjouir de l’aide matérielle apportée par Paris pour faire face au rebond épidémique imminent: “des masques FFP2, des tests antigéniques, des unités autonomes de production d’oxygène et des respirateurs de réanimation”, révèle Matignon.