Gabon, la cour constitutionnelle cherche à redorer son image.

La cour constitutionnelle du Gabon présidée par une ancienne maîtresse d’Omar Bongo, Marie Madeleine Mborantsuo cherche à redorer son image depuis plusieurs semaines à grand renfort de communication. Sans succès.

Par Jocksy Ondo Louemba
Depuis la célébration en grande pompe de son 30eme anniversaire, la cour Constitutionnelle du Gabon par le truchement de sa « présidente à vie », ancienne reine de beauté et magistrate, deux professions qui vont très bien ensemble à Libreville, s’est lancé dans une opération de communication aux résultats plus qu’incertains.

La mère de toutes les fraudes

C’est que la cour constitutionnelle du Gabon (créée en 1991) ne jouit pas de la considération de la majorité des gabonais qui ont fini par la surnommer « la tour de Pise » tant les décisions qu’elle a rendue lors des contentieux post électoraux des élections présidentielles au Gabon sont toujours en faveur du président en place : Omar Bongo en 1993, 1998 et 2005 puis son fils Ali Bongo en 2009 et 2016.

L’origine de cette réputation – qui est loin d’être usurpée – remonte à 1993. Cette année-là, le Gabon vit la première élection présidentielle pluraliste depuis la fin du régime du parti unique en 1990.   Le vote a lieu le 05 décembre 1993 et au fil des dépouillements, l’adversaire d’Omar Bongo, Paul Mba Abessole arrive en tête. Alors que le dépouillement de la province de l’Estuaire où se trouve Libreville la capitale du Gabon et où vivent plus de la moitié de la population ainsi que des électeurs, Bongo est déclaré par son ministre de l’Intérieur vainqueur avec 51, 01% de voix, sans que soit pris en compte la moitié des suffrages des électeurs du Gabon ! La Cour ne refera pas le vote dans la province de l’Estuaire, elle se contentera de confirmer l’élection d’Omar Bongo avec 51, 20%.

En 2005, c’est Marie Madeleine Mborantsuo en personne qui est en porte à faux avec la constitution. Après l’élection présidentielle qui a lieu en novembre de la même année. Omar Bongo est bien sûr déclaré vainqueur avec plus de 70% des voix. Pierre Mamboundou le principal adversaire d’Omar Bongo démontre alors que Marie Madeleine Mborantsuo est à son 3eme mandat en violation des dispositions de la constitution d’alors (article 89). D’entrée de jeu, l’opposant l’interpelle sans ambiguïtés : « Je vous appellerai madame la présidente par défaut » …

Le score à la soviet

En 2016, à l’issue d’un scrutin largement frauduleux. La Cour constitutionnelle du Gabon, toujours dirigée par Marie Madeleine Mborantsuo, valide « l’élection » d’Ali Bongo sur la base et poursuit sa tâche : donner au régime une façade démocratique et lorsque celle-ci se craquelle, maintenir l’argument de la « légalité » et de la « voie juridictionnelle ».

L’opération de charme lancée par la cour constitutionnelle par le biais de sa présidente ne suffira pas à lui donner une image autre que négative tant ses états de services sont mortifères. Piètre communicante, la présidente de la cour constitutionnelle a annoncé qu’elle ira avec « sa » cour auprès des populations expliquer que son rôle est forcément positif.

Pas sûr que l’opération de charme suffise.