Gabon, Emmanuel Macron interpellé par l’ex bras droit d’Ali Bongo

Les avocats du franco-gabonais Brice Laccruche Alihanga, bras droit déchu du président gabonais Ali Bongo Ondimba, ont assuré mardi avoir écrit au président Emmanuel Macron pour l’alerter sur la santé « dégradée » de leur client, condamné à cinq ans d’emprisonnement à Libreville.

L’entourage d’Ali Bongo, très diminué depuis un grave AVC, a connu un turn over permanent, au gré des révolutions de Palais qui témoignent de la fravgilit du régiùe

Le français Brice Laccruche, selon ses avocats, a perdu trente kilos, maintenu à l’isolement dans une cellule surchauffée. Une équipe du CHU de Marseille qui a pu éxaminer son dossier médical, dont des scanners, parle d’une dégradation de son état de santé très « préoccupante ». Les autorités gabonaises refusent pourtant de répondre aux demandes de la justice française qui enquête sur la détention arbitraire du détenu.

Le groupe de travail sur la détention arbitraire de l’ONU avait déjà estimé, en novembre 2020, que l’ancien directeur de cabinet d’Ali Bongo et d’autres prisonniers étaient en détention arbitraire. « Une telle situation est inadmissible, elle est choquante, elle révèle l’inhumanité méprisante des autorités locales qui estiment qu’on peut détenir arbitrairement, qu’on peut maltraiter un prisonnier, qu’on peut se moquer d’une justice étrangère et laisser un détenu dans une cellule surchauffée avec un début de cancer », ont déclaré ses avocats Anges Kevin Nzigou (Libreville) et Dominique Inchauspé (Paris).

L’Élysée interpellé

Le silence des autorités françaises est d’autant plus choquant que Brice Laccruche est de nationalité française. Qui plus est, il entretenait les meilleures relations possibles avec la cellule diplomatique de l’Élysée lorsqu’il était encore en fonctions. Du coup, ses avocats viennent donc de saisir directement le Président français, Emmanuel Macron, ainsi que son épouse du sort dramatique de cet ancien numéro deux du régime gabonais. En voici quelques extraits:

Paris, le 7 juin 2022

Monsieur le Président de la République,

Mon confrère Anges Kevin Nzigou, avocat au barreau de Libreville, Gabon, monsieur Michel Atangana, ancien détenu politique au Cameroun et président de l’Association Atangana Contre l’Oppression et l’Arbitraire ainsi que moi-même souhaitons vous saisir du cas de monsieur Brice Laccruche, binational franco-gabonais actuellement détenu à la prison centrale de Libreville, avec d’autres dont son frère Grégory. Monsieur Brice Laccruche a été le directeur du cabinet de Monsieur le Président Ali Bongo.

Durant le déplacement à l’étranger de ce dernier pour des problèmes de santé, monsieur Brice Laccruche a tenu bon la barre des institutions gabonaises et, au retour du Président Bongo, a été victime d’une vendetta de jalousie de la part d’une partie de l’entourage présidentiel. Une opération dite ‘Scorpion’ a alors été montée de toutes pièces et monsieur Brice Laccruche inculpé de détournement de fonds publics et incarcéré.

Dès le début de cette incarcération, ses conditions ont été épouvantables : isolement, menaces d’agents venus de nuit, impossibilité de correspondre avec ses proches, mauvais accès à une alimentation correcte.

Un geste de l’Élysée démontrerait que la France sait rester fidèle à ses réseaux en Afrique au moment délicat où le Gabon, un des principaux points d’appui de l’influence française en Afrique,  s’apprête à faire une entrée remarquée, le 24 juin, au sein du Commonwealth. 

L’ombre de Nourredine Bongo dans l’arrestation de Brice Laccruche