Gabon : Ali Bongo « président à vie »

À l’occasion du 54e anniversaire de l’ancien parti unique mais toujours parti Etat, le 12 mars 2022, Ali Bongo, au pouvoir au Gabon depuis 2009 a annoncé qu’il compte bien se maintenir au pouvoir ad vitam aeternam.

C’est un Ali Bongo tout de blanc vêtu, entourée de sa cour, de la nomenklatura gabonaise et de nombreux clients payés 5000 francs CFA (un peu plus de 7 euros) qui a pris part à la célébration du 54eme anniversaire du Parti Démocratique Gabonais (PDG) fondé par son père Omar Bongo le 12 mars 1967.

Le grand retour du Parti État

L’ancien parti unique célèbre ainsi son grand retour après qu’Ali Bongo lui-même ait vainement tenté de s’en défaire en créant via BriceLaccruche Alihanga, aujourd’hui en prison, une structure ainsi que de nombreux partis satellites plus à sa main. Toujours parti Etat dans les faits, le Parti Démocratique Gabonais (PDG) s’impose comme l’un des piliers du pouvoir monarchique de la famille Bongo. Il s’impose surtout comme son instrument de gouvernement (et de prédation !) pas assez fort pour le renverser mais pas assez faible pour se faire marginaliser.

Le « candidat naturel », forcément

Comme son père avant lui, Ali Bongo – 63 ans et pas vraiment en forme olympique – est désigné par le tout nouveau secrétaire général du Parti Démocratique Gabonais (qui est le fils d’un ancien hiérarque et député dudit parti !) comme le « candidat naturel » du PDG aux prochaines élections présidentielles au Gabon prévues en Août 2023. « Candidat naturel » dans un parti démocratique, cela ne s’invente pas !  

« Victoire » aux présidentielles de 2023

En parlant des élections présidentielles à venir au Gabon, Ali Bongo a rassuré ses partisans : « je serai là avec vous, pour vous ». Et bien qu’il n’ait jamais remporté une élection dans les urnes au Gabon, il promet sans trémolos dans la voix que lors des élections présidentielles de 2023 : « la seule issue sera la victoire » de son parti donc la sienne.

S’il est évident qu’Ali Bongo se maintiendra au pouvoir grâce à son autre pilier qu’est son armée qui colle ses affiches de campagne, assiste à ses meetings et réprime dans le sang toute contestation, on ne pourra pas parler comme en 2009 ou en 2016 de victoire « franche, nette, indiscutable » comme l’a également annoncé Ali Bongo dans son discours…

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Nicolas Beau
Ancien du Monde, de Libération et du Canard Enchainé, Nicolas Beau a été directeur de la rédaction de Bakchich. Il est professeur associé à l'Institut Maghreb (Paris 8) et l'auteur de plusieurs livres: "Les beurgeois de la République" (Le Seuil) "La maison Pasqua"(Plon), "BHL, une imposture française" (Les Arènes), "Le vilain petit Qatar" (Fayard avec Jacques Marie Bourget), "La régente de Carthage" (La Découverte, avec Catherine Graciet) et "Notre ami Ben Ali" (La Découverte, avec Jean Pierre Tuquoi)