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]]>En 1482, dix ans avant que Christophe Colomb ne découvre l’Amérique, le navigateur portugais Diego Cao au service du roi Jean II est aussi à la recherche d’une route maritime pour rallier les Indes, mais en descendant les côtes de l’Afrique.Passées celles du Gabon, il est pris dans les forts courants d’une « soupe jaunâtre, ocre et rouille »*, charriant une masse de déchets végétaux et de troncs d’arbres. A l’évidence un estuaire, avec cette particularité, qu’immense, il s’étale sur 17 kilomètres de large. L’explorateur fait jeter l’ancre sur la rive sud de ce qui s’avérera être l’un des plus grands fleuves du continent africain : brièvement baptisé « Rio Podoroso « fleuve puissant », il est finalement appelé Zaïre, déformation du nom que lui donnent les autochtones « Nzadi », soit « grande rivière ».
C’est le fleuve Congo d’aujourd’hui.
Diego Cao fait poser un « Padreo », bloc de pierre de 500 kilos surmonté d’une croix et amené de Lisbonne afin d’attester que le lieu est désormais sous l’autorité de Jean II du Portugal.
Jamais un Européen n’était descendu aussi bas en Afrique vers le sud et Diego Cao et ses marins sont incontestablement les premiers à entrer en contact avec les représentants du Royaume du Congo. Un hale de mystère enveloppe ce royaume dont la capitale « Mbanza Kongo », se trouve loin de l’océan et difficilement accessible. Très vite pourtant, le contact est noué entre les Kongos et ces hommes blancs « sortis de l’eau », parlant une langue qu’on ne comprenait pas ». Des ambassadeurs (qui sont aussi des otages…) sont échangés.
Il faut s’imaginer l’aventure humaine : des membres de l’aristocratie Kongo embarquent alors à bord d’un galion pour rallier Lisbonne, tandis que les « volontaires » portugais désignés par Diego Cao s’enfoncent pour de longs mois, sinon au cœur des ténèbres, dans les profondeurs d’une Afrique centrale alors totalement inconnue, et avec pour destination la capitale du Kongo. On restera longtemps sans nouvelles d’eux…
Les sources écrites manquent pour dater précisément la naissance d’un Royaume parfois qualifié d’Empire au regard de son étendue.Une certitude, en cette fin du XVe, il est à son apogée et c’est alors la structure politique sociale la plus puissante d’Afrique centrale. Elle couvre un immense territoire qui, du Nord au Sud, s’étend du sud du Gabon au nord de l’Angola et d’Ouest en Est, de l’Atlantique à Kinshasa. Cet Etat, car s’en est un, dispose d’une administration, il collecte l’impôt, de sa monnaie, le nzimbu(sous forme de coquillage), de son aristocratie, d’une capitale.
L’Etat Kongo est formé d’une demi-douzaine de provinces, et on estime que la monarchie règne sur 500 000 à 1 million de sujets. Un Etat suffisamment solide en tout cas pour ne pas être emporté ou balayé par l’arrivée des Portugais et du premier coup d’arquebuse. Longtemps, les Portugais vont se contenter de disposer d’un comptoir à Luanda (actuelle capitale de l’Angola) sur l’Atlantique, mais sans pénétrer à l’intérieur du pays où ils n’exercent aucune autorité, et dont l’accès reste soumis au bon vouloir des Kongos. De fait, les relations sont plus que cordiales et mutuellement intéressées entre Portugais et Kongos. On commerce de l’ivoire, des métaux, des vivres. Et bientôt des esclaves.
Très vite, l’aristocratie Kongo se convertit au catholicisme. Conversion sincère ? Opportunisme ? Il est clair que la classe dominante Kongo trouve bien des avantages à commercer, à s’instruire, s’armer auprès des Portugais : « On se fait baptiser en masse , non pas parce qu’on a renoncé à la sorcellerie, mais au contraire parce qu’on y croit dur comme fer. Le crucifix, considéré comme le plus puissant fétiche pour chasser les mauvais esprits, devient très apprécié », remarque David Van Reybrouck.*Côté portugais, on se félicite de commercer avec cet allié solide dont la souveraineté permet d’écarter d’éventuels concurrents européens.
Dès 1491, le Mani (roi) Nzinga Nkuwuse se convertit, prend le nom de « Don Juan » 1eret signe un traité d’alliance avec Lisbonne. Il est imité par la famille royale, les proches du pouvoir. Le christianisme devient religion d’Etat, la capitale Mbanza Kongo est rebaptisée São Salvador. Se met aussi en place une sorte d’Erasmus universitaire entre le Kongo et le Portugal tout à fait extraordinaire.
Le fils du Roi, dont « Henrique » (11 ans), ainsi qu’une partie de l’élite Kongo part ainsi étudier à Lisbonne. On y apprend le latin (!) les sciences, la théologie, etc. A tel enseigne qu’Henrique rentre au pays en qualité d’évêque, le premier homme noir à occuper cette charge. Des relations diplomatiques d’Etat à Etat s’établissent entre le Vatican et le Royaume, et une correspondance écrite s’installe entre le pape et le Mani Kongo. Celle-ci permet parfois d’arbitrer certains conflits inévitables avec « l’allié » portugais.
En 1606, au terme d’un périple mouvementé de quatre années vers Rome, Nsaku, « marquis de Vunda » , devenu prêtre sous le nom de Dom Antonio Manuel, présente ses lettres de créance au pape Paul V. Il est le premier ambassadeur africain de l’histoire accrédité auprès du Saint-Siège.Une chose ne passe pas. La monogamie imposée par l’Eglise.
Celle-ci remet en cause le système d’alliance sur lequel repose l’autorité du Mani Kongo vis-à-vis de ses vassaux, lesquels sont désormais « prince » « duc » ou « baron ». Malgré cela, entre 1491 et 1620, le Kongo et le Portugal entretiennent des relations relativement cordiales. A l’occasion, les Kongos profitent de cette alliance pour étriller sévèrement leurs voisins. En 1568, le Kongo est envahi par les Yaka, une peuplade guerrière venue du sud. La capitale est prise, mise à sac, finalement reprise en 1571 mais avec le renfort d’un fort contingent de conquistadors…
Cette « entraide » est alors réciproque. Les guerriers Kongos permettent aux Portugais d’étendre leur comptoir de Luanda, port qui devient la capitale d’une colonie qui, au fil des ans, monte en puissance.
Avec la découverte du Brésil, sa colonisation, Lisbonne a besoin de main d’œuvre. La traite négrière qui se met en place, source de profit et de luttes continuelles déstabilise profondément la région. 4 millions d’esclaves (!) auraient été ainsi « exportés » de la région de 1500 à 1850. Les « razzias » se multiplient. Au détriment des ennemis des Kongos, dans un premier temps…
Mais l’emprise portugaise s’affirme au fil des ans, des décades.
Les Kongos trouvent une respiration avec l’arrivée en 1602 des Hollandais (protestants et donc des hérétiques) venus commercer sur les rives du Congo. Puissance maritime et commerciale, la Hollande constitue un précieux contrepoids aux ambitions et à l’appétit grandissants des Portugais. Les monarques Kongo jouent de cette rivalité pour maintenir leur souveraineté. En 1641, les Hollandais occupent Luanda après en avoir chassé les Portugais.
Un sursis de courte durée. La fin de la guerre de Trente ans (1649) signe le retour en force des Portugais à Luanda. Ils imposent alors toute une série d’exigences nouvelles : aucun européen ne doit désormais entrer au Kongo sans passer par Luanda. La « liberté » totale du commerce est imposée, soit l’interdiction pour le Kongo de prélever des taxes sur le commerce portugais. Les conquistadors s’emparent de l’île de Luanda d’où l’Etat Kongo tire sa monnaie, le Zimbu.
Lisbonne soutient enfin toutes les velléités d’indépendance des vassaux ou des rivaux du royaume Kongo. C’est désormais une véritable guerre froide qui régit les relations entre les deux Etats. C’est sous le règne de Mvita ya Nkanga alias « Antonio 1er »(1661-1665) que se joue l’acte ultime de ce long travail de sape.
En 1665, les Portugais réactivent une vieille exigence, celle de l’accès aux mines de cuivre de MBembe, et alors perçues comme un possible eldorado. Réponse sèche d’Antonio 1er : « ces mines n’existent pas et que même si elles existaient, il ne les devrait à personne».
Tandis que les Portugais mobilisent leur armée, Antonio 1er lance, le 13 juin 1665, un vibrant appel aux armes à : « Toute personne, qu’elle soit noble ou artisan, riche ou pauvre, toute personne capable de porter une arme, venant de tous les villages et bourgs…[sera] obligée de se présenter dans les dix jours qui suivent auprès de[ses] commandants, gouverneurs, princes, comtes, marquis,etc. […] et de partir défendre nos terres, biens, enfants et femmes, vie et liberté que les Portugais veulent s’accaparer et assujettir ».
Antonio 1er jouit d’une incontestable supériorité numérique, mais son armée est bien moins dotée en armes à feu. Ses guerriers sont majoritairement armés d’arcs, de javelots et d’épées. En face, les conquistadores ont des mousquets et surtout deux canons. Ils bénéficient d’une organisation militaire éprouvée. De fait, les charges furieuses des guerriers Kongo viennent se briser contre le carré formé par les Portugais.
La lutte est acharnée. Le combat va durer entre six et huit heures au cours desquelles, par vagues successives, les Kongos se jettent inlassablement à l’assaut du carré portugais. Lequel ne cède pas.
Au soir de cette bataille, c’est une catastrophe absolue pour les Kongos qui laissent 5000 cadavres sur le terrain. Le roi Antonio 1eren fait partie, il est décapité. Avec lui, deux de ses fils et plus de 500 nobles de la Cour passent de vie à trépas. C’est tout l’Etat congolais qui est décapité de sa caste dirigeante. Il ne s’en remettra pas. Après être parvenu à maintenir sa souveraineté deux siècles durant face aux colonisateurs, le royaume du Kongo s’enfonce alors dans l’anarchie et la guerre civile. On s’y dispute un pouvoir qui n’existe plus.
Demeure le nom « Kongo », qui aura été, depuis, adopté depuis par deux Etats.
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]]>Février 1960 à Moscou. Nikita Khrouchtchev annonce l’ouverture prochaine de l’Université de l’Amitié des Peuples. L’établissement est destiné à procurer à des étudiants venus de ce que l’on appelle alors le Tiers-Monde, un enseignement supérieur de haut niveau.L’initiative passe alors plutôt inaperçue, même au sein des services de renseignements occidentaux, en regard d’autres affaires majeures de la guerre froide cette année-là comme le sommet avorté de Paris entre Khrouchtchev et Eisenhower (mai), la crise congolaise (juillet à décembre) ou le départ des conseillers soviétiques de Chine (août).
L’Université de l’Amitié lance pourtant un nouveau mode de lutte d’influence idéologique, une autre guerre froide, non-dite celle-là. Une bataille sans armes nucléaires, ni affrontements militaires mais visant pourtant le même objectif : assurer la suprématie de bloc de l’Est dans ces pays que l’on appelle alors « sous-développés » et particulièrement en Afrique
L’URSS étudie avec appétit, depuis plusieurs années, le processus de décolonisation en vue d’étendre son influence.La patrie de Lénine a certes déjà envoyé une poignée de conseillers militaires au Ghana, en Guinée et au Congo notamment. Mais elle prend soin de ne pas déclencher un conflit armé. Elle vient ainsi de décliner les appels du pied du Premier ministre congolais Patrice Lumumba pour s’engager militairement dans la guerre civile en cours dans l’ex-colonie belge.
Dans le Tiers-Monde, Moscou préfère le pragmatisme et l’opportunisme à la rigueur idéologique. « Nous ne serons pas affligés, si vous ne devenez pas communistes, assure même Nikita Khrouchtchev dans une adresse aux étudiants, lors de l’inauguration de l’Université de l’Amitié des Peuples. Mais vous resterez toujours des gens honnêtes, si, en acquérant le savoir, vous consacrez votre vie au service fidèle de votre peuple, et non au sac d’argent, à la pièce d’or ».
L’offensive de charme soviétique est instantanément couronnée de succès : avant même son ouverture, l’établissement reçoit près de 2 000 candidatures pour 500 places disponibles. Il faut dire que l’aide concrète apportée à chaque étudiant sélectionné est appréciable: une allocation mensuelle, un logement en foyer universitaire, et surtout un encadrement pédagogique impressionnant – environ 800 enseignants pour 4 000 étudiants. Les étudiants africains sont traités comme des princes : ils reçoivent de 80 à 150 roubles par mois (contre 50 à 70 pour les boursiers soviétiques, et 100 pour le salaire moyen en Russie).
Dès mars 1961, l’Université prendra le nom de Patrice Lumumba, ex-Premier ministre du Congo assassiné dans la guerre civile qui ravage encore l’ancienne colonie belge. Une récupération qui vise à montrer la solidarité de l’URSS avec les peuples libérés du système colonial, à séduire.
Le 14 octobre 1960, à 2 heures du matin, juste après son premier débat télévisé avec Nixon dans le cadre de l’élection présidentielle, à l’Université de Ann Arbor, John F. Kennedy met au défi les 10 000 étudiants restés pour l’accueillir : « Combien d’entre vous êtes prêts à passer dix ans de vos vies en Afrique, en Amérique latine ou en Asie pour les États-Unis et pour la liberté ? ».
Quelque jours plus tard, le futur président des Etats-Unis théorise la notion de Peace Corps lors d’un discours où il s’en prend à l’administration Eisenhower, incapable, selon lui, de mener la guerre froide avec suffisamment de vigueur. Il faut faire mieux en envoyant des Américains à l’étranger, motivés pour défendre la liberté et « triompher des efforts des missionnaires de M. Khrouchtchev ».
Enfanté par la guerre froide, le Peace Corps voit le jour le 1er mars 1961. Dès la fin de l’année quelque 400 jeunes coopérants sont déjà en poste notamment au Ghana et au Nigeria où ils donnent des cours d’anglais, de mécanique ou de médecine, triment dans les champs ou aident dans les ministères.
Le nombre de ses volontaires atteindra 15 000 en 1966 dont 40 % en Afrique noire. Les corpsmen se vivent comme les vigies avancées de la société américaine dans les pays du Sud. Ils sont censés aider les jeunes nations bien sûr mais également combattre l’image de « l’Ugly American », la réputation de yankee prétentieux qui colle à la peau des Américains à ce moment-là dans le monde. « Ils sont exactement le calibre d’hommes et de femmes qui devraient être encouragés à poursuivre leur carrière au sein de l’administration fédérale », écrit, avec enthousiasme le président Lyndon Johnson en mai 1964[1].
Si l’objectif solennel confié par le Congrès américain au Peace Corps est bien de «promouvoir la paix et l’amitié dans le monde », la mention par une brochure de l’Académie des sciences de l’URSS de cette « organisation anticommuniste au service du capital monopolistique » montre que les Soviétiques y voient un concurrent sérieux.
Au début de son offensive de charme, l’URSS semble bien placé pour emporter la bataille des cœurs et des esprits. En 1962, selon une étude du sociologue sénégalais Jean-Pierre N’Diaye, réalisée auprès de la jeunesse estudiantine africaine en France, 25 % d’entre eux admirent l’URSS contre seulement 8 % la France et 3 % les Etats-Unis. Mais la susceptibilité des jeunes Etats africains, jaloux de leur souveraineté dans leur propre pays, ralenti la pénétration du bloc communiste sur le territoire africain.
Exemple à l’Institut Polytechnique de Conakry où dès la première année scolaire, deux professeurs soviétiques sont destitués après le premier semestre sur ordrede l’inspecteur général de l’enseignement Louis Béhanzin, à causede leur mauvaise connaissance du français. « Quand les professeurs américains arrivent, explique-t-il aux autorités soviétiques, ils n’ont pas de difficultés avec la langue française. La différence dans la connaissance du français entre les enseignants soviétiques et américains a une importance politique non seulement pour la Guinée mais aussi pour tous les pays africains »[2]…
Les boursiers africains accueillis à l’université Patrice-Lumumba ne sont pas non plus tous très contents de leur vie à Moscou. En décembre 1963, entre 500 et 700 d’entre eux manifestent même sur la Place Rouge contre le racisme qu’ils subissent en URSS, après qu’un de leur camarades ait été retrouvé mort au bord d’une bretelle d’autoroute. Et certains se plaignent, dès leur retour chez eux, de la qualité des diplômes soviétiques toujours sous-évalués par les autorités locales par rapport à ceux de camarades ayant fait leurs études à Paris ou à Londres.
Côté Etats-Unis, l’influence des Peace Corps américains reste également limitée par la légende urbaine qu’ils seraient des agents de la CIA sous couverture. Même leurs alliés se méfient de « ces volontaires auxquels les Américains donnent une formation très idéologique », comme l’écrit dans ses carnets Jacques Foccart, le « Monsieur Afrique » du Général De Gaulle. « Ils ne font pas autre chose que du renseignement ou de la propagande »[3]. Une chimère en réalité : des notes récemment déclassifiés aux Etats-Unis montrent qu’une règle en vigueur dès le départ disqualifiait automatiquement les candidats qui voulaient s’enrôler dans les Peace Corps, s’ils avaient eu auparavant une carrière dans un service de renseignement. Et même la CIA se plaignait d’une telle interdiction ! « Je pense que cette interdiction porte un terrible désaveu envers les hommes et les femmes honorables qui servent leur nation en travaillant à la CIA »[4], fulminera William Casey, le maitre-espion américain au début des années 80.
De toute façon, au tournant des années 60-70, les Américains embourbés au Vietnam, se désintéressent de plus en plus de la coopération avec l’Afrique, se contentant de livrer des armes et de soutenir politiquement les régimes qui leur sont déjà acquis (Zaïre et Afrique du Sud notamment). Ils ne réagissent même pas quand l’Ethiopie de Hailé Selassié bascule dans la dictature militaire communiste en 1974 et que le Peace Corps doit plier bagage.
A partir du début des années 70, l’URSS va également concentrer ses efforts sur le continent noir dans le seul domaine militaire et déléguer la coopération éducative aux autres pays de l’Est. L’Allemagne de l’Est par exemple devient à partir de 1973, le principal « coopérant » civil du bloc de l’Est en Afrique. Les « chemises bleues », les jeunesses communistes est-allemandes sont envoyés dans les champs et dans les usines notamment au Congo, Angola, Mozambique. Surtout, les Allemands de l’Est excellent dans la formation à la propagande, notamment avec ADN, l’agence de presse nationale chargée de former les journalistes africains issus des pays frères en Afrique.
Au final, le bloc de l’Est a-t-il réellement été capable de produire des élites «rouges», guidées par l’idéologie communiste et soucieuses de mettre en place une administration et une bureaucratie de type socialiste en Afrique ?
Certains anciens élèves du bloc soviétiques ont effectivement accédé au plus haut niveau dans leurs pays alors d’orientation marxiste : José Eduardo dos Santos, président de l’Angola à partir de 1979, a étudié en URSS de 1963 à 1969 ; il était le principal dirigeant des étudiants angolais en URSS et a obtenu à Bakou un diplôme d’ingénieur du pétrole et des télécommunications. Fikre-Selassié Wogderess, Premier ministre éthiopien de 1985 à 1987, a étudié à l’Institut de sciences sociales à Moscou en 1975. Alemu Abebe, ministre de l’Agriculture en Éthiopie a fait des études de médecine vétérinaire à Moscou. Au Mali, plusieurs présidents ont été formés derrière le rideau de fer, parmi lesquels Alpha Oumar Konaré (1971-1975 : Institut d’Histoire, Université de Varsovie, Amadou Toumani Touré (1974-1975 : École supérieure des troupes aéroportées à Riazan en URSS), Dioncounda Traoré (1962-1965 : Faculté de langue russe à Moscou et Faculté de mécanique et mathématiques de l’Université d’État de Moscou).
Dans le domaine culturel, la formation aux différents métiers du ciném(opérateurs, scénaristes, réalisateurs, critiques de cinéma, éclairagistes, etc.), retient également l’attention puisque le cinéma joue un rôle essentiel dans la conquête des coeurs et des esprits. Parmi les cinéastes, le Sénégalais Sembene Ousmane, le Malien Souleymane Cissé, ou encore le Mauritanien Abderrahmane Sissako (Timbuktu), pour n’en citer que quelques-uns, ont fait leurs classes en Union soviétique, pour la plupart à l’Institut du cinéma de Moscou (VGIK). La célèbre «école soviétique du cinéma » a joué et joue encore un rôle majeur dans leur manière de représenter leur société.
Mais l’essentiel de l’héritage soviétique en Afrique ce sont surtout des milliers d’ingénieurs, agronomes, médecins, pharmaciens, cadres de l’administration et du secteur privé, techniciens, enseignants d’université ou du secondaire. Ils ont contribués et contribuent encore à la construction des Etats africains.
Dans quelques rares pays, ils ont même été dominants dans l’élite administrative. A la fin des années 80 par exemple, les Ethiopiens formés en URSS représentait 30 % des postes de cadres du ministère des Affaires Etrangères et près de la moitié des cadres des ministères économiques et des entreprises publiques.
Indirectement, l’engagement soviétique dans l’éducation a incité les Etats-Unis et leurs alliés à suivre le mouvement et renforcer leur coopération avec les pays africains. La moitié des coopérants français, les volontaires du service national, ces « soldats sans uniformes » déployés à partir de 1962 en Afrique étaient par exemple des instituteurs.Pour l’historien français Constantin Kaztsakioris, « l’aide soviétique dans l’éducation a été d’une grande importance aussi bien pour le développement des pays africains que pour plusieurs générations de jeunes africains. Ses effets ont été majeurs ».
Aujourd’hui, les Africains retournés dans leur pays travaillent de plus en plus dans des compagnies russes ou comme intermédiaires entre les hommes d’affaires russophones de l’ancienne URSS et les milieux commerciaux et sociaux et l’appareil d’État de leur pays, par exemple dans les grandes compagnies d’extraction de ressources en énergie telles que RusAl en Guinée.
Ils sont un atout dans le grand retour de la Russie en Afrique qui s’est fait jour ces dernières années.
[1] Memorandum à tous les chefs de départements exécutifs et des agences fédérales du 16 mai 1964
[2] Compte rendu d’une conversation avec l’expert principal de l’Unesco en Guinée, le 10 décembre 1962, Archives d’Etat de la Fédération de Russie.
[3] Extrait des mémoires de Jacques Foccart, Journal de l’Elysée, tome IV, Fayard, 2000.
[4] Lettre du directeur de la CIA au directeur du Peace Corps, le 2 novembre 1983
Guerre froide en Afrique (4/5), la CIA en Angola en 1975
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]]>L’année dernière, un colloque était organisé à Tours sur « la musique en Afrique et sa diffusion dans le monde à l’époque moderne (1300-1650) » avec le concours de Camilla Cavicchi qui enseigne à l’Université de Padouede, Janie Cole, Associate Lecturer à l’Université de Cape Town en Afrique du Sud, et Philippe Vendrix, qui dirige le programme de recherche Ricercar au CNRS.
Un entretien d’Alexandre Vanautgaerden, historien et historien d’art, avec Camilia Cavicchi
Camilla Cavicchi insiste sur les les rites et coutumes cérémonielles que l’on trouve dans les récits, par exemple, ceux du diplomate et juriste arabe, Hasan ben Mohammed al-Zaiyati. Fait prisonnier par des pirates chrétiens et remis au pape Léon X à Rome en 1517, il se convertit au christianisme et prend le nom de Léon l’Africain. Il opère ensuite comme ambassadeur et médiateur entre les mondes chrétien et arabe.
Dans sa Description de l’Afrique (écrite entre 1523 et 1526), il nous relate une cérémonie funéraire dans l’ancienne ville impériale de Fès au Maroc, où il a vécu: « Lorsque les femmes portent le deuil de leur mari, père, mère ou frère, elles se rassemblent et, après s’être dépouillées de leurs vêtements, elles enfilent de grands sacs. Enlèvent leurs vêtements, se frottent le visage avec, puis font venir à eux ces méchants hommes en habits de femme, qui portent certains tambours carrés : lorsqu’ils en jouent, ils chantent soudain des vers tristes et larmoyants à la louange du mort, et à la fin de chaque vers, les femmes pleurent à haute voix, et se frappent la poitrine et les joues, de sorte qu’une grande quantité de sang s’écoule. Et elles se déchirent les cheveux, tout en pleurant et en criant fort. Cette coutume dure sept jours ; puis ils s’interrompent pendant quarante jours, pendant lesquels lesdits pleurs sont répétés pendant trois autres jours continus. Et tel est l’usage courant du peuple. Les plus honnêtes hommes pleurent sans coup férir ; leurs amis Leurs amis viennent les réconforter, et tous leurs proches parents leur envoient des cadeaux de nourriture, car dans la maison des morts, tant qu’il y a un corps, il n’est pas coutume de cuisiner, et les femmes n’ont pas l’habitude d’accompagner les morts, même s’il s’agit de pères ou de frères. »
Si ce récit à Fès n’est pas sans évoquer l’extraordinaire passage homérique de la complainte pour la mort d’Hector dans l’Iliade (XXIV, 710-723), les ethno-musicologues ou historiens y repèrent d’abord la présence de ces musiciens en tenue féminine et l’utilisation du tambourin carré.
Pour tenter de raconter cette histoire globale qui intègre la musique du continent africain, une autre source importante pour Camilla Cavicchi est l’observation des œuvres d’art. Ce tambourin carré se retrouve, notamment, représenté sur les peintures du plafond en bois réalisées par des artisans arabes vers 1150 après J.-C. dans la chapelle palatine de Palerme (ill. 2). Le batteur y joue avec d’autres musiciens la musique d’al-janna, le paradis décrit par le Coran.
Les Africains n’ont d’ailleurs pas manqué de représenter leurs musiciens et leurs instruments, tel ce très beau joueur de cor de la garde royale de l’Oba du Bénin (ill. 3), datant de la fin du XVIe siècle, conservé non au Bénin mais à Londres au British Museum. Nous reviendrons prochainement sur cette problématique du « déplacement » des œuvres d’art, dans une série d’articles traitant du thème de la restitution. Symboliquement, cette œuvre béninoise a été choisie pour illustrer l’affiche du colloque (ill. 4).
Camilla Cavicchi attire ensuite notre attention sur une autre source très étudiée actuellement : la lecture des chroniques et journaux de voyage. Un groupe de recherche à l’Université de Padoue se concentre d’ailleurs sur l’étude de ces récits riches en notation pour cette nouvelle histoire de la musique, depuis Christophe Colomb jusqu’à Darwin.
Ce colloque de Tours va alterner des sessions consacrées à des zones géographiques en Afrique et à la thématique des influences de l’Afrique en Europe, avec des tables rondes dont l’une sur la décolonisation, ainsi qu’un atelier d’interprétation musicale historique.
On terminera par un regret. S’il est remarquable que les organisateur et organisatrices se soient démenés pour trouver les financements permettant à tous les intervenants de se rencontrer en France, il est regrettable que les problèmes récurrents de visas, ou de vaccin et pour finir l’augmentation des prix des vols en raison de la guerre en Ukraine empêchent la majorité des chercheurs africains d’être présents en France, les obligeant d’intervenir via Zoom, les privant ainsi du fruit des discussions informelles qui, on le sait, font le plus avancer la recherche.
RENSEIGNEMENTS PRATIQUES
Ce colloque international réunit 45 intervenants d’Europe, d’Afrique et d’Amérique. L’inscription est gratuite, mais obligatoire.
Le colloque se tiendra en format hybride en présentiel au Centre d’études supérieures de la Renaissance et en distanciel via Zoom. La séance inaugurale sera retransmise en direct sur Youtube.
Tous les renseignements, le programme et le lien de connexion peuvent être consultés à l’adresse suivante : https://cesr-cieh2022.sciencesconf.org/
LE LIEU
Le Centre d’études supérieures de la Renaissance
59, rue Néricault-Destouches BP 12050 37020 TOURS Cedex 1
LES ORGANISATEURS
Camilla Cavicchi, Università degli Studi di Padova
Janie Cole, University of Cape Town, South African College of Music
Philippe Vendrix, CNRS-CESR, Tours
CONTACT
Marie Laure Masquilier : masquilier[at]univ-tours.fr
POUR ALLER PLUS LOIN
Roberto Leydi, L’altra musica, Giunti-Ricordi, 1991.
Nathalie Zemon Davies, Léon l’Africain : un voyageur entre deux mondes, 2014.
Camilla Cavicci, « Lamentazioni d’effimenti nella Fez del Cinquecento », 2007 (https://www.academia.edu/2325679/Lamentazioni_deffeminati_nella_Fez_del_Cinquecento).
David RM Irving, “Rethinking Early Modern ‘Western Art Music’: A Global History Manifesto”, IMS Musicological Brainfood, 2009, 3 (1): 6-10. (https://www.icrea.cat/en/Web/ScientificStaff/davidrmirving/selected-publications#researcher-nav).
Janie Cole, project “Re-Centring AfroAsia: Musical and Human Migrations in the Pre-Colonial Period 700-1500 AD” (www.afroasia.uct.ac.za).
Philippe Vendrix, projet Ricercar (https://ricercar.cesr.univ-tours.fr/).
Projet de recherche Traveling Diaries from Cristoforo Colombo to Charles Darwin: Identità musicali di popoli senza note nei racconti di viaggio (https://www.research.unipd.it/handle/11577/3350466?mode=full.973).
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]]>Cet ancien grand patron, nommé par des gouvernements de gauche comme de droite à la tête des plus grandes entreprises, a passé plusieurs années en prison, notamment après sa condamnation en 2003 pour abus de biens sociaux dans le volet principal du dossier Elf.
Chemise bleue et barbe blanchie, Loïk Le Floch le pétrolier, devenu Le Floch l’Africain, qui est passé lors de ses démêlés judiciaires pour un pilier de la Françafrique, ressemblait au soir de sa vie à un vieux baroudeur. Voici le portrait qu’n dressait voici huit ans Mondafrique
Volubile, cet ancien explorateur des bas-fonds africains devenu écrivain voyageur plaide pour une solide révision de la politique du continent. Entre deux gorgées de Perrier sans glace, il lâche : « J’aime l’Afrique noire, moi-même je me sens africain.» Né à Brest, ce natif de Guingamp au verbe acéré aime les paradoxes: « L’Afrique est une histoire pas crédible, mais à laquelle on croit».
Le projet du livre est né dans une geôle togolaise, alors que l’ex PDG d’Elf était impliqué dans une obscure histoire de commissions. «J’ai été kidnappé à Abidjan, en Côte d’Ivoire, raconte-t-il, alors que je réglais un dossier sur le partage du pétrole avec le Ghana.»
«Le Plouc Fringant »
Cinq mois et onze jours dans « une pièce sombre éclairée par des néons » de la gendarmerie de Lomé et alors qu’une tumeur à la jambe le lance, et voici ce hâbleur qui découvre l’introspection. « La douleur me donne le vertige, mais les hôpitaux togolais sont des mouroirs. J’ai essayé de lire deux livres par jour, c’est d’ailleurs ce qui m’a donné envie d’écrire. »
Un besoin de se raconter, certes, mais aussi un désir de reconnaissance qui n’a cessé de tarauder celui qui fut surnommé « Le Plouch Fringant »: le diplômé d’un modeste institut polytechnique de Grenoble paye cher son intrusion dans le monde fermé des grands patrons. Avant ses déboires judiciaires, ce Rastignac a dirigé certains fleurons industriels français: Rhone Poulenc (1982-1986), Gaz de France ( 1993-1996) ou encore la SNCF (1995-1996).
C’est sa présidence chez Elf qui le révèle au grand public. « La pire des manières de découvrir un pays c’est d’y arriver en tant que président d’une grande compagnie pétrolière », ironise-il dans son livre. Le Floch s’arrête par la case prison entre 2003 et 2010. Condamné trois fois, il passera cinq ans à l’ombre à la maison d’arrêt de Fresnes pour détournement de fonds lors de la célèbre affaire Elf. « On m’a fait porter un chapeau trop large », se défend-il.
Ce mordu d’Afrique noire assène quelques coups de bâton. Le président congolais, Denis Sassou Nguesso et son homologue togolais, Faure Gnassingbé en tête. Quand le premier s’accroche au pouvoir depuis 33 ans, le second, élu en 2005, suit les traces de son père, Gnassingbé Eyadema, chef du Togo pendant 37 ans. Pourtant, ces « despotes africains » ne sont rien d’autre, selon lui, que le résultat d’une diplomatie française qui a trop bien fonctionné. A l’époque d’Elf, Loïk avoue avoir anesthésié par quelques gâteries et autres caisses noires des oppositions aux pouvoirs en place sur ordre du pouvoir français. « L’objectif était d’éviter les putschs ». Et d’ajouter, lucide: « Sans doute avons nous trop bien réussi quand on voit des chefs d’Etat se survivre à eux mêmes des dizaines d’années. » Et en effet la majorité des chefs d’Etat avec lesquels le pétrolier de la République négociait, sont encore au pouvoir.
Des Etats faillis
Là où ce vieux routier de Le Floch surprend son monde, c’est dans une capacité à déconstruire la vision occidentalisée de l’Afrique qui est celle de la plupart des dirigeants français. La démocratie parlementaire, l’Etat ne seraient pas selon lui les bonnes grilles de lecture pour comprendre le continent africain.« Il n’ y a pas de chefs d’Etat en Afrique, l’Etat n’existe pas en tant que tel, les dirigeants ne gèrent qu’un bout du pays. Regardez les mines de diamants en Centrafrique, elles n’ont jamais été sous le contrôle de l’Etat. Au Congo, Denis Sassou Nguesso contrôle les compagnies nationales, mais c’est presque tout. » Ultime recours pour ces régimes fragiles, leurs armées. A condition de les nourrir grassement. « Si l’armée est payée, elle agit, sinon elle entre dans le camp des opposants », tranche le pétrolier. Plus le pays est vaste, selon Le Floch, plus le régime en place peine à contrôler les militaires comme en témoignent le Congo ou la Côte d’Ivoire, quatre mutinerie ces trois dernières années.
La classe politique française ne trouve pas plus grâce à ses yeux que les régimes africains. Cet inconditionnel de Mitterrand n’a pas la même admiration pour les gouvernements qui l’ont succédé. « Pink Floch », surnommé ainsi à l’époque pour ses sympathies PS, cogne fort. « Le bilan de Laurent Fabius et celui de Jean-Yves Le Drian sont lamentables, ils ont tout simplement confié les clés à l’armée. La situation en Centrafrique et au Mali, deux pays où la France est intervenue militairement, est catastrophique. »
Le Mali, l’un des théâtres de l’opération Barkhane, peine à résister à l’arrivée d’un islam rigoriste venu de la péninsule arabique. « C’est la première fois que cela se produit ; jamais le continent n’a connu le remplacement d’une religion par une autre. Il a l’habitude de cumuler, c’est le mille-feuille africain. » Mais comment résister face au « paquet de fric » qui abreuve le continent en provenance du royaume ? « Ce n’est pas en interdisant les gisements de gaz de schiste en France que l’on va arrêter l’Arabie Saoudite », peste le pétrolier.
« Un bordel hollandais », voilà comment le mouton noir – surnom donné par François Mitterrand – résume la politique africaine du Parti socialiste. « Ni Sarkozy ni Hollande n’avaient un discours africain. » Il s’énerve, s’offusque et pointe du doigt l’incompétence des politiques et des experts. « Regardez au Kenya : les observateurs étrangers se sont félicités de l’élection alors que la Cour suprême déclare son invalidité quelques jours plus tard. »
Et Loïk Le Floch-Prigent de conclure: « Il n’y a plus de connaisseurs étrangers de l’Afrique ». Sauf lui, forcément….
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]]>Le 27 juin 1975, la Maison-Blanche réunit un conseil national de sécurité. Autour du président Gérald Ford et du Secrétaire d’Etat Henry Kissinger, siègent notamment le Secrétaire à la Défense James Schlesinger et le patron de la CIA, Bill Colby. Un seul sujet à l’ordre du jour : la situation en Angola. Elle est désastreuse du point de vue américain.
Depuis plus d’un an, après l’annonce de son retrait par le Portugal, la puissance coloniale, le pays est à feu et à sang. Trois mouvements rivaux se disputent le futur pouvoir, les armes à la main : d’un côté, les communistes du MPLA d’Agostinho Neto ; de l’autre, deux mouvements pro-occidentaux, le FNLA de Roberto Holden et l’UNITA de Jonas Savimbi.
Massivement soutenu par l’Union soviétique et le bloc de l’Est, ainsi que par des forces cubaines, encore peu nombreuses[1], le MPLA est aux portes de Luanda la capitale. Un situation qui inquiète Henry Kissinger au plus haut point : « L’histoire de l’Afrique a montré que le point essentiel est le contrôle de la capitale, professe-t-il ce jour-là. Par exemple dans la guerre civile au Congo, la raison pour laquelle nous avons pu sortir par le haut a été que nous n’avons jamais perdu le contrôle de la capitale Léopoldville. En Angola, si Neto (le leader de la rébellion pro-communiste, ndlr) gagne Luanda, il aura une base de pouvoir et petit à petit gagnera les faveurs des Africains »[2].
Et le Secrétaire d’Etat, faucon anticommuniste par excellence, de peindre devant le Président Ford, le tableau angolais en noir : « Les cargaisons d’armes soviétiques ont renversé la situation. (…) Le Portugal vacille face à Neto et les Soviétiques ont confiés des équipements importants, comme des transports de troupe, entre les mains de Neto », s’alarme-t-il.
La première est la neutralité, « laisser la nature suivre son cours », comme il dit. Et de lister les avantages d’une telle position attentiste : « Echapper à une implication militaire coûteuse, nous protéger contre les critiques de la communauté internationale et nous éviter d’être dans une confrontation plus dure avec le MPLA ». Mais Kissinger tient aussi à mettre le président Ford devant les inconvénients d’un tel détachement américain. « Le résultat probable sera que Neto sera en position de force, l’Angola prendra une direction progressiste. Et le cerveau de la politique étrangère américaine de pointer également le risque de s’aliéner son allié, voisin de l’Angola, Le Zaïre. Mobutu aura la tentation de s’allier avec Savimbi (le leader de l’UNITA, groupe de rebelles pro-occidentaux, ndlr) et le Zaïre pourrait également conclure que nous nous désintéressons du sort de cette partie du monde et devenir devienne anti-américain ». Une hypothèse, en réalité peu réaliste, vu le soutien financier sans faille de la CIA dont Mobutu a bénéficié depuis le début de son règne il y a quinze ans…
Lors de cette réunion cruciale du Conseil de Sécurité, Kissinger écarte également d’un revers de main, la voie diplomatique. « Mon ministère y est favorable mais je ne le suis personnellement pas. Si nous appelons les Soviétiques à la modération, cela sera vu comme un signe de faiblesse et on arrivera à rien », explique-t-il.
En réalité, deux mois seulement après la chute de Saigon et le retrait des troupes américaines du Vietnam, Henry Kissinger est chaud partisan de repartir sur le sentier de la guerre, du côté de Luanda. Il penche clairement pour la livraison d’armes
« Le comité ad-hoc pour l’Angola a d’abord envisagé d’envoyer des fonds puis a étudié l’envoi d’armement. Je recommande qu’un groupe de travail étudie cette dernière option en détail », annonce-t-il au président. « En tous les cas, ne rien faire est inacceptable », répond ce dernier.
Les archives de la CIA récemment déclassifiées montrent en effet que le conflit angolais ne se résume pas à l’engagement historique de près de 20 000 soldats cubains sur le terrain et de l’implication massive des conseillers militaires soviétiques. L’action secrète des Américains, une gigantesque offensive basée sur les opérations clandestines, permet d’expliquer, la durée record du conflit angolais qui va durer vingt-sept longues années.
Au départ, les Etats-Unis avaient étudié la faisabilité d’un opérations aéronavale sur Luanda pour anéantir les forces pro-communistes. Mais ils y avaient finalement renoncé pour éviter un conflit armé direct et incertain avec le bloc de l’Est. « Le rapport de force est favorable au mouvement pro-soviétique du MPLA grâce à un afflux massif d’armes soviétiques »[3] avaient rapidement constaté les experts
La croisade angolaise est donc confiée à la CIA. Il s’agit de fournir les deux autres mouvements de libération non-communistes en armes et en moyens financiers, mais sans que cela ne s’ébruite.
Dès le 29 juillet 1975 un avion de transport C141 arrive de Kinshasa avec un premier chargement d’armes pour la rébellion anti-communiste. D’autres suivront. Mais selon les règles de l’action clandestine, ces armes ne doivent pas pouvoir être attribuées aux Etats-Unis. Ce sont donc essentiellement des armes de la Seconde guerre mondiale qui sont acheminés, ainsi que des missiles anti-aériens SA7 fourni par Israël. La CIA a convaincu l’Etat hébreu d’effectuer cette livraison en échange d’équipements américains modernes livrés à Tel Aviv.
Le 13 septembre 1975, les Américains accentuent encore leur aide « pour distribuer plus d’armes américaines modernes en Angola, entraîner des miliciens angolais hors du territoire angolais et recruter des conseillers militaires non-américains »[4]. Mais tout est fait pour garder cet engagement militaire américains le plus secret possible. Même son principal allié dans la région, le Zaïre, ne doit pas intervenir directement pour éviter d’alerter les Soviétiques. « Il faut éviter d’encourager Mobutu a envoyer ses propres troupes au Cabinda mais coopérer avec lui pour armer et entraîner des forces cabindaises », préconisent les experts de la CIA. Même si Bill Colby, le patron de l’Agence reconnaît que « si le renseignement montre que la situation en Angola se détériore, on ne pourra pas calmer Mobutu »[5]
La CIA préfère jouer la carte de l’Afrique du Sud, un partenaire réputé plus fiable et moins soupçonnable d’agir sur ordre américain. Les troupes sud-africaines entrent ainsi en Angola le 14 octobre 1975 mais sans parvenir à empêcher la chute de la capitale Luanda aux mains des procommunistes. A partir de cette date, ce qui était une guerre civile africaine devient un conflit mondialisé, même en l’absence visible de l’US Army sur le terrain.
Pendant les 27 années que va durer le conflit angolais, l’armée américaine n’interviendra qu’une seule fois sous son pavillon, entre aout et octobre 1992, et de manière plutôt pacifique puisqu’il s’agissait de ramener par avion Hercules C-130 des rebelles pro-occidentaux chez eux, à la fin de la guerre. Mais pendant toutes la durée du conflit, des avions F27 affrétés par la CIA se chargeront de plusieurs opérations de transport. L’un d’eux sera même abattu par des MIG de l’armée de l’air cubaine en 1976.
La CIA n’est pas en reste non plus pour financer le recrutement de mercenaires à 300 dollars la semaine pour épauler les forces du FNLA de Roberto Holden. Budget total : 1,5 million de dollars. Plusieurs d’entre eux, tous arrivés via le Zaïre voisins, seront ainsi capturés par les hommes du MPLA et jugés publiquement. Certains seront condamnés à mort et exécutés.
En 1980, avec l’arrivée de Ronald Reagan à la Maison Blanche, les offensives clandestines de la CIA repartent de plus belle.
La CIA est chargé d’approvisionner la guérilla de Jonas Savimbi en armes et d’impliquer l’armée zaïroise, jusque là plutôt tenue à l’écart, dans le conflit. L’engagement américain devient de plus en plus massif. En 1987, Reagan donne même le feu vert pour livrer des missiles anti-aérien Stinger, le nec plus ultra de l’époque, à la guérilla anticommuniste. Il y en a pour 15 millions de dollars. Mais l’effort reste néanmoins dérisoire face aux milliards de dollars d’équipement fournis à ses alliés par l’Union Soviétique. L’équilibre des forces qui reste à l’avantage du bloc de l’Est, même si Washington ne cesse de mettre à contribution ses alliés dans le soutien à Savimbi. L’Arabie Saoudite par exemple paie la formation des rebelles de l’UNITA au Maroc pour cinquante millions de dollars. Même le Brésil est sommé d’envoyer des conseillers militaires sur le terrain.
La CIA attendra 1991 et le début du processus de paix pour mettre un point final à son opération secrète en Angola. Le bilan est maigre. Le MPLA, même si son vernis marxiste a disparu, est toujours au pouvoir à Luanda.
Le bilan humain du conflit est, lui, évalué à 500 000 morts.
[1] Selon un mémorandum titré « L’implication des Cubains en Angola », rédigé par la CIA le 22 juin 1977, ils ne sont que quelques centaines sur le terrain avant un engagement militaire beaucoup plus massif à partir de septembre 1975
[2] Minutes du Conseil de Sécurité Nationale du 27 juin 1975
[3] Extrait du récapitulatif des plans d’actions secrètes en Angola de janvier à octobre 1975, rédigé par la CIA, le 22 octobre 1975
[4] Ibid
[5] Ibid
Guerre froide (2/4), le Mali au mieux avec Moscou et Washington
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]]>Septembre 1960. Le Congo belge, indépendant depuis seulement trois mois, est plongé dans le chaos. Codirigé par un président Kasavubu faible et un Premier ministre Lumumba, tenté par l’alliance avec le bloc de l’Est, miné par des ambitions sécessionnistes des provinces du Katanga et du Sud-Kasaï, le pays est en proie à une confusion totale.
Mais Larry Devlin, le chef de station de la CIA à Léopoldville (aujourd’hui Kinshasa) va faire une rencontre qui va tout changer : celle d’un ancien journaliste devenu haut gradé dans l’armée nationale congolais, un certain Joseph Mobutu.
Le premier contact entre les deux hommes a lieu, un peu par hasard, au palais présidentiel. Devlin tombe immédiatement sous le charme de ce chef d’Etat-major adjoint de l’armée qui exprime tant de désaccords avec la tentation pro-communiste de Lumumba. « Le colonel Mobutu s’est plaint amèrement du fait que Lumumba essayait d’impliquer l’armée dans la politique »[1], rapporte l’espion à ses supérieurs. Une version édulcorée de la conversation qui a eu lieu entre les deux hommes.
Dans une interview à la radio américaine, quelque 37 ans plus tard, Devlin révèlera que Mobutu avait évoqué – déjà – la possibilité de réaliser un coup d’Etat contre Lumumba et s’inquiétait de l’éventuel soutien des Etats-Unis dans cette entreprise. Devlin lui avait répondu : « Je pense que nous le soutiendront ».
Et c’est ce qui se passe quelque jours plus tard, quand le Colonel Mobutu, tout juste nommé à la tête de l’armée décide de placer Patrice Lumumba en résidence surveillée et ordonne le départ sous 48 heures de tous les diplomates soviétiques et tchèques de la capitale congolaise. Les Américains se frottent les mains.
Mais le putschiste ne va pas tarder à leur présenter l’addition.« Mobutu a besoin d’aide financière pour payer ses troupes et leurs officiers ainsi que l’essence pour les mouvements de troupes », câble le responsable de la CIA à ses supérieurs[2]. C’est le début de l’engrenage entre un futur dictateur foncièrement vénal et une agence de renseignement prête à toutes les dépenses pour s’offrir littéralement le gouvernement d’un pays et le soustraire aux convoitises soviétiques.
Côté américain, le projet corruptif est assumé : « Il est dans notre intérêt de soutenir le Colonel Mobutu comme contre-pouvoir à Lumumba et l’encourager à travailler à la constitution éventuelle d’un gouvernement civil modéré au Congo, écrit Larry Devlin. Il est ainsi proposé d’offrir des fonds à Mobutu pour son usage personnel pour s’assurer de sa coopération.
La CIA n’a aucun complexe à prendre en sous-mains les destinées du Congo : « Une liste de ministre pourrait être présenté à Mobutu en lui demandant ses suggestions. Notre représentant à Léopoldville est en train de préparer cette liste »[3]
L’agence de renseignement dispose évidemment d’un budget de plusieurs millions de dollars pour cela. Mais il ne mesure pas encore bien, le degré de cupidité de leur supplétif et son sens du chantage : « Joseph Mobutu nous presse constamment d’avoir plus d’argent pour son armée, observe Larry Devlin. Sinon, il dit que le régime pourrait s’effondrer »[4]
Le futur dictateur semble passer l’essentiel de son temps à inventer de nouveaux stratagèmes pour soutirer de l’argent à Washington. Un jour par exemple, il prétend que « Moïse Tchombé (le leader de la province du Katanga allié aux Belges et aux Américains, ndlr) lui avait donné une somme indéterminée pour l’armée nationale congolaise, argent qu’il avait remis au gouvernement provisoire, lequel l’avait dépensé pour diverses dépenses sans l’accord du ministre des finances. Mais maintenant, racontent les hommes de la CIA au Congo, Mobutu craint qu’on lui demande de rembourser cette somme qu’il n’a plus, qu’il soit soupçonné de l’avoir détourné et que ce soupçon nourrisse l’opposition »[5]. Une fable sans doute mais que la CIA décidera de croire. L’agence de renseignement paie Mobutu tant la loyauté du haut gradé congolais semble aux Américains, totale.
Les Américains sont au petit soin avec Mobutu. En mai 63, il l’invite même aux Etats-Unis et lui permette de visiter le siège de la CIA. Preuve qu’ils sont au petit soin avec le leader congolais, Mobutu obtient même une entrevue avec le Président Kennedy.
Washington n’est pourtant pas dupe sur la pâle envergure du personnage. « Même si le Général Mobutu a beaucoup de qualités et a effectivement réussi des choses dans le passé, sa vanité et son irresponsabilité pourrait apparaître comme ayant significativement contribué à l’inefficience et au désordre au sein de l’armée »[6], note Dean Rusk, le responsable du Département d’Etat. D’ailleurs, les Américains se gardent bien de s’impliquer militairement dans la poudrière congolaise. En 1964, seuls deux pilotes de chasseurs bombardiers, contractuels de la CIA sont envoyés auprès de Mobutu qui en demandait beaucoup plus. Et les deux barbouzes ne disposent d’aucune accréditation officielle, seulement d’un contrat avec Mobutu.
Mais tant que l’homme fort de l’armée congolaise tient le péril rouge à bonne distance, il peut continuer à bénéficier d’à peu près tous les dollars qu’il souhaite. Même si parfois l’ambassadeur tique sur la générosité de la CIA. « Devlin (chef de poste de la CIA au Congo, ndlr) vient juste de m’informer du feu vert donné par Washington pour confier dix millions de francs belges à Mobutu sans traces comptables, ni indication sur l’emploi de cette somme »[7], s’inquiète-t-il par exemple cette année-là.
Pour Mobutu, tout est bon pour rafler des fortunes. C’est bien simple : il touche sur tout. Exemple le 12 octobre 1965. Le président de la république congolais Kasavubu congédie brutalement son Premier ministre Moïse Tschombé, faisant exploser l’attelage à la tête de l’Etat qui avait pourtant l’aval des Américains.
A Langley, au siège de la CIA, certains s’étonnent qu’un : « le paiement a été effectué au général Mobutu le 26 octobre en reconnaissance de ses efforts pour soutenir les objectifs des Etats-Unis qui étaient de maintenir le duo Kasavubu-Tschombé alors même que ces efforts n’ont pas été couronnés de succès, notent les responsables. Avant de constater que le versement avait été approuvé par les représentants au Congo. La station de CIA sur place et l’ambassadeur des Etats-Unis ont en effet considéré ce versement souhaitable car Mobutu avait puisé dans ses fonds personnels pour essayer d’apaiser les tension entre Kasavubu et Tchombé »[8].
Toucher une commission sur un deal qui a échoué : du grand art à la Mobutu !
Les Etats-Unis reconnaîtront officiellement le régime de Mobutu dix jours plus tard. « Le gouvernement Mobutu est la dernière chance du camp occidental au Congo (et possiblement en Afrique Noire), écrit Larry Devlin de la CIA. S’il tombait, il y a peu de chance qu’il soit remplacé par un régime acceptable pour l’Ouest. Nous pensons probable que le Congo se diviserait alors en une multitude de petits Etats et certains d’entre eux tomberaient sous l’influence du bloc communiste »[11].
En conséquence, le futur maréchal Mobutu Sese Seko va pouvoir continuer à soutirer tous les fonds qu’il souhaite aux Etats-Unis pour n’importe quel motif, même les plus amoraux.
Sous couvert de lutte anti-communiste, la CIA va financer sans sourciller un régime basé sur la corruption à tous les niveaux. Et en toute connaissance de cause, comme le montre par exemple ce rapport officiel de 1966, aujourd’hui déclassifié, faisant état de l’emploi d’une énième montagne de dollars versée sur les fonds secrets : « Cet argent a été dépensé pour s’assurer du soutien des principaux officiers de l’Armée nationale congolaise, pour financer d’importants leaders politiques et pour fournir une aide aux chefs de province et aux chefs tribaux qui sont venus visiter Léopoldville »[12].
Combien la CIA a-t-elle dépensée pour asseoir un dictateur militaire sur le trône de l’ancien Congo belge ? Les montants figurant dans les archives du service restent, aujourd’hui encore, couvert par le secret-défense.
Selon Jack Stockwell, un ancien des services secrets américains en Afrique, devenu un lanceur d’alerte à la fin des années 70, la CIA a versé personnellement plus de 20 millions de dollars à Mobutu les premières années de son règne.
Le dictateur zaïrois restera jusqu’à sa chute en 1997, un fidèle supplétif de toutes les aventures américaines en Afrique.
[1] Télégramme de la station de CIA au Congo, le 13 septembre 1960
[2] Télégramme de la CIA, le 18 septembre 1960
[3] Rapport pour le groupe spécial pour l’action secrète de la CIA au Congo, Washington, non daté
[4] Télégramme de la station de la CIA du 20 janvier 1961
[5] Télégramme de la station de la CIA au Congo du 29 novembre 1961
[6] Télégramme à l’ambassadeur des Etats-Unis à Léopoldville, daté du 26 mai 1964
[7] Télégramme du 19 août 1964 au Département d’Etat
[8] Mémorandum de la CIA du 23 novembre 1965
[9] Télégramme du 25 novembre 1965
[10] Télégramme de la CIA au Congo du 26 novembre 1965
[11] Message de la station de Léopoldville à la CIA le 13 décembre.
[12] Rapport du comité spécial de la CIA pour le Congo, le 5 février 1966.
Série « guerre froide » (2/6), quand la CIA voulait éliminer Lumumba au Congo
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]]>Première édition du Festival Paris Ivoire Cinéma à l’EICAR les 30 et 31 mai 2025. Deux soirées de projection pour découvrir un cinéma ivoirien en pleine renaissance, entre thrillers, drames sociaux et comédies audacieuses. Un pont culturel à ne pas manquer.
Le 7e art ivoirien pose ses valises à Ivry-sur-Seine. Pour la première fois, le festival Paris Ivoire Cinéma investit les locaux de l’EICAR, prestigieuse école de cinéma, pour deux soirées de projection les 30 et 31 mai 2025, placées sous le signe du dialogue culturel, de l’audace narrative et de la diversité des regards. Organisé par le Bureau des étudiants de l’établissement, cet événement promet une immersion dans le cinéma ivoirien contemporain, avec une sélection éclectique de films et des échanges privilégiés avec les artistes.
Au programme : thrillers, drames sociaux, comédies grinçantes, récits mystiques… De quoi battre en brèche l’idée d’un cinéma africain réduit à un seul style ou à une seule esthétique.
Le projet est né d’un désir clair : rendre visibles les œuvres d’un cinéma trop souvent ignoré dans les circuits européens, malgré sa richesse et sa vitalité. À travers ce festival, les étudiants de l’EICAR veulent non seulement mettre en lumière des films issus de la Côte d’Ivoire, mais aussi tendre un pont entre deux cultures cinématographiques : celle, industrielle et formatée de l’Occident, et celle, vivante, souvent artisanale, des cinéastes africains.
Avec six films projetés sur deux jours, le festival offre un panorama dense et varié, qui donne à voir la pluralité des imaginaires ivoiriens, entre tension sociale, humour populaire et plongée mystique.
Parmi les œuvres présentées, certaines sont déjà saluées dans les circuits de festivals :
Nina Torres de Khady Touré : un thriller psychologique sur les revers de la célébrité, porté par une mise en scène nerveuse et un jeu d’acteur habité.
Gazoua doit mourir de Fidèle Koffi : une comédie dramatique mêlant humour grinçant et critique sociale, dans un village où l’héritage devient une bombe à retardement.
Love, Sexe & Money de Owell Brown : drame urbain sur les désillusions sentimentales d’une jeunesse abidjanaise prise entre modernité et tradition.
Indlu Yesono de Djoblé E. Ahouné : une œuvre inclassable entre fantastique et horreur, qui convoque les esprits dans une atmosphère angoissante, aux frontières du mythe.
Chaque projection sera suivie d’un échange avec les réalisateurs ou les acteurs, pour offrir au public une expérience complète : voir, écouter, questionner.
Ce qui fait la force de Paris Ivoire Cinéma, c’est sa volonté de créer des rencontres entre les cultures. L’idée n’est pas simplement de “montrer des films africains”, mais de les inscrire dans une démarche pédagogique, sensible et politique, où le spectateur est partie prenante du processus.
Des pass à la carte permettent au public de composer son propre parcours :
Pass Comédie (15 €)
Pass Drame (25 €)
Pass Thriller (35 €)
Pass Science-Fiction (50 €)
Et pour les plus curieux : Pass STAR (100 €), offrant un accès complet avec soirées privées, cocktail et séances spéciales.
L’objectif affiché est clair : rendre ces œuvres accessibles, dans un cadre accueillant et engagé, sans élitisme mais avec exigence.
L’EICAR, l’École internationale de création audiovisuelle et de réalisation, forme chaque année des dizaines de futurs professionnels du cinéma et de l’audiovisuel. En accueillant ce festival, elle ouvre ses portes à un autre pan de la création mondiale, tout en offrant à ses étudiants une expérience concrète d’organisation, de médiation culturelle et de programmation cinématographique.
Le festival se positionne ainsi comme un laboratoire d’échange, où étudiants, artistes et public extérieur peuvent repenser ensemble ce que signifie “faire du cinéma”, au-delà des frontières industrielles.
Infos pratiques :
Dates : vendredi 30 et samedi 31 mai 2025
Lieu : EICAR, 1 Allée Allain Leprest, 94200 Ivry-sur-Seine
Horaires : de 18h30 à 23h
Billetterie : via HelloAsso
Pass disponibles : de 15 à 100 €, selon le parcours choisi
Plus d’infos sur Instagram : @parisivoirecinema
Figure majeure de la scène musicale africaine, Omar Pene sera en concert exceptionnel le samedi 31 mai à 20h30 au Pan Piper (Paris 11ᵉ). Une voix, une conscience, une énergie : le Sénégal dans toute sa puissance vivante.
Il n’a pas besoin d’être présenté au public africain : Omar Pene, c’est quarante ans de musique engagée, de refrains populaires et de scènes enflammées. Ancien leader du mythique Super Diamono de Dakar, il a marqué des générations de mélomanes avec son style inimitable, entre mbalax, soul, jazz et poésie politique. Le 31 mai, il posera sa voix profonde et chaleureuse sur la scène du Pan Piper, pour un concert très attendu par la diaspora comme par tous les amoureux des musiques d’Afrique.
Omar Pene, c’est d’abord une voix identifiable entre mille : grave, souple, puissante, capable de passer de la mélancolie à la colère avec une même intensité. Mais c’est surtout une voix qui dit quelque chose, une voix qui parle du quotidien, des luttes, des espoirs et des douleurs du peuple sénégalais. Très tôt, avec le groupe Super Diamono, il se positionne comme un artiste engagé, proche des jeunes, des travailleurs, des laissés-pour-compte.
À la différence d’autres stars de la musique africaine plus festives, Omar Pene a toujours cultivé une posture de chanteur-citoyen, à la fois poète et témoin. Ses titres comme « Cayor », « Yoonu Yokkuté » ou « Ndanane » résonnent toujours, bien au-delà du Sénégal, comme des cris de dignité.
Ce qui fait la force d’Omar Pene, c’est aussi sa capacité à faire évoluer le mbalax, cette musique née de la fusion entre les rythmes traditionnels wolofs (sabar) et les influences occidentales (funk, rock, reggae). Avec le Super Diamono, puis en solo, il a su enrichir le genre, l’ouvrir au jazz, à la pop, à l’électro, sans jamais trahir son essence.
Sur scène, cela donne un mélange explosif : percussions nerveuses, guitares incisives, claviers jazzy, et bien sûr cette voix habitée qui guide tout le groupe comme un chef d’orchestre instinctif. À 68 ans, l’artiste n’a rien perdu de sa fougue. Au contraire, il semble encore plus libre, plus ancré, plus urgent.
Situé dans le 11ᵉ arrondissement, le Pan Piper est une salle connue pour sa programmation exigeante, entre musiques du monde, jazz, soul et concerts acoustiques. Un écrin parfait pour un artiste comme Omar Pene, dont le concert s’annonce à la fois festif et méditatif.
Le public y sera proche de la scène, dans une ambiance chaleureuse, propice à la communion. Car les concerts de l’artiste ne sont jamais froids ni formatés, ils sont traversés par une énergie populaire, une force collective qui fait danser autant qu’elle fait réfléchir.
Le 31 mai, le chanteur reviendra sans doute sur ses grands classiques, mais aussi sur les titres de son dernier album, « Climat », sorti en 2022, où il évoque les bouleversements environnementaux, les migrations, et la mémoire des anciens. On y retrouve son style sobre et élégant, ses arrangements soignés, et toujours cette envie de raconter le monde autrement, en wolof comme en français.
Omar Pene incarne une musique de la conscience, qui refuse la résignation et célèbre l’humain. Son concert sera un moment fort, chargé d’émotion et de lucidité, enraciné dans l’histoire du Sénégal.
Infos pratiques :
Date : samedi 31 mai 2025
Heure : 20h30
Lieu : Pan Piper, 2-4 impasse Lamier, Paris 11ᵉ
Tarif : à partir de 25 € (selon la billetterie)
Réservations en ligne fortement recommandées (concert quasi complet).
Jusqu’au 7 juin 2025, la galerie La La Lande (Paris 4ᵉ) accueille l’exposition collective “Ces vibrations intérieures”. Cinq artistes venus du Cameroun proposent une traversée intime et politique de l’identité postcoloniale, entre mémoire, résistance et énergie picturale.
Dans le calme de la rue Quincampoix, au cœur du Marais, la galerie La La Lande vibre d’une intensité singulière. L’exposition “Ces vibrations intérieures”, visible jusqu’au 7 juin 2025, réunit cinq artistes camerounais aux univers puissants : Jean David Nkot, Bekolo Bekolo, Geordan Bouhom, Ernest Dizoumbe Oumarou et Dieudonné Djiela Kamgang. Chacun, avec sa propre grammaire plastique, interroge ce que signifie “vivre dans le sillage du colonial”, dans un monde où les histoires dominantes continuent de faire écran.
Loin d’une exposition homogène ou illustrative, « Ces vibrations intérieures » est une polyphonie visuelle où chaque œuvre agit comme une onde. Les médiums varient, peinture, dessin, installation, techniques mixtes, mais une chose lie ces cinq artistes : l’art comme lieu de secousse, où la couleur, la matière, le corps deviennent outils de questionnement et d’ancrage.
Jean David Nkot : cartographier les corps invisibles
Figure montante de la scène artistique camerounaise, Jean David Nkot travaille sur des portraits de travailleurs, de migrants, de figures marginalisées, qu’il superpose à des cartes géographiques ou à des données socio-économiques. Dans ses toiles exposées ici, le visage est à la fois fragmenté et monumental, pris dans les filets d’une cartographie coloniale et contemporaine.
Ses œuvres sont d’une violence douce, silencieuse mais implacable : elles nous confrontent à la manière dont les corps africains sont localisés, assignés, exploités, tout en les réhumanisant par la précision du trait et la chaleur des textures. Chez Nkot, la peinture devient un espace de justice et de mémoire.
Bekolo Bekolo : entre satire et tragédie
Avec une approche plus figurative et symbolique, Bekolo Bekolo construit un théâtre visuel où les personnages sont à la fois grotesques et tragiques. Inspiré par les contes, les rites et les violences politiques, il développe un univers proche de l’absurde, où les masques tombent et les silhouettes prennent feu.
Ses tableaux, chargés de motifs et de signes, évoquent une Afrique qui regarde l’histoire droit dans les yeux, sans jamais perdre sa capacité de subversion et d’ironie. Un humour noir, incisif, qui sert à démasquer l’ordre établi.
Geordan Bouhom : les flux, les peaux, les frontières
Chez Geordan Bouhom, les corps semblent se dissoudre, s’étirer, se heurter à des lignes abstraites. À travers une série d’œuvres sur papier et de toiles de grand format, l’artiste explore les zones de friction entre le dedans et le dehors, entre l’individu et les forces globales — économiques, migratoires, écologiques.
Ses couleurs sourdes, ses gestes fluides et ses formes semi-abstraites évoquent le déplacement, l’exil, mais aussi l’adaptation et la transformation. Il y a du déracinement et du renouveau dans chaque geste.
Ernest Dizoumbe Oumarou : le feu, le charbon, la vie
Artiste de la matière, Ernest Dizoumbe Oumarou peint, gratte, brûle, sculpte ses toiles comme un artisan politique. Inspiré par les récits ouvriers, par la terre, le feu, le charbon, il propose une œuvre brute, presque tellurique, où l’énergie vitale affleure à chaque couche.
Ses œuvres parlent d’économie, d’extraction, de labeur — mais aussi de spiritualité et de résilience. Un art physique, vibrant, charnel, qui donne une présence presque tangible à des vies trop souvent invisibles.
Dieudonné Djiela Kamgang : visions intérieures
Enfin, Dieudonné Djiela Kamgang plonge dans l’imaginaire personnel, les souvenirs d’enfance, les hallucinations visuelles du quotidien. Son travail est moins frontal, plus onirique, mais non moins politique. Il nous invite à écouter nos propres “vibrations intérieures” : les peurs, les désirs, les vertiges.
Son art est fait de couleurs mouvantes, de visages flous, de fragments narratifs. Un travail de réconciliation entre soi et son héritage, entre mémoire familiale et chaos global.
“Ces vibrations intérieures” n’est pas une exposition sur l’Afrique. C’est une exposition avec l’Afrique, depuis l’Afrique, mais aussi dans Paris, dans nos regards, nos héritages communs. Elle parle à tous ceux qui cherchent à comprendre comment l’histoire se loge dans les gestes artistiques, comment elle se transmet à travers les corps et les matières.
Infos pratiques :
Exposition « Ces vibrations intérieures »
Dates : jusqu’au 7 juin 2025
Lieu : Galerie La La Lande, 56 rue Quincampoix, 75004 Paris
Entrée libre
Dans le cadre du parcours Traversées Africaines 2025
Un duo inclassable, une rencontre entre les racines africaines et l’héritage afro-américain : KuKu et Mamady Diabaté seront en concert le vendredi 30 mai à 20h à La Bellevilloise. Un voyage musical intense, entre douleur, lumière et espoir.
Il y a des soirées où l’on ne va pas écouter un concert. On va écouter une histoire. Vendredi 30 mai, à La Bellevilloise, ce sera l’histoire de deux continents, de deux âmes, de deux formes de résistance. KuKu, chanteur nigérian élevé aux États-Unis, et Mamady Diabaté, koraïste malien issu d’une lignée de griots, proposeront un dialogue rare entre le blues américain et la tradition mandingue, entre voix écorchée et cordes célestes. Une soirée pour qui cherche dans la musique autre chose qu’un simple divertissement : une résonance.
KuKu, c’est la voix d’un déraciné. Né au Nigeria, grandi dans le New Jersey, il porte dans ses chansons les cicatrices de l’exil, de la mémoire coloniale et de l’identité noire fragmentée. Son timbre rauque, habité, évoque parfois Richie Havens ou Ben Harper. Il chante en anglais, en yoruba, parfois en français, et chaque mot semble trempé dans l’urgence.
Mamady Diabaté, lui, est un griot contemporain. Frère du célèbre Toumani Diabaté, il manie la kora, cette harpe-luth emblématique de l’Afrique de l’Ouest, avec une finesse hypnotique. Son jeu est fluide, élégant, presque méditatif.
Les deux artistes se sont rencontrés à Paris, presque par hasard. Mais entre eux, l’évidence musicale a été immédiate. Depuis, ils enchaînent les scènes intimistes, loin des projecteurs du mainstream, mais proches de ceux qui écoutent vraiment.
La Bellevilloise (Paris 20ᵉ), ce lieu culturel emblématique, ancré dans une histoire ouvrière et populaire, est devenu au fil des ans un refuge pour les musiques qui ne rentrent dans aucune case. Blues malien, folk yoruba, gospel soufi ? Les genres s’effacent, et c’est tant mieux. Ce 30 mai, à 20h, la salle vibrera d’une musique sans frontière, sans compromis.
Le concert s’annonce intimiste, mais puissant. KuKu, souvent assis, guitare sur les genoux, murmure ses plaintes avec une intensité déconcertante. Mamady, debout, concentré, laisse filer les notes de kora comme un chuchotement divin. Ensemble, ils construisent un espace sonore suspendu entre ciel et terre.
La force du duo réside dans sa capacité à faire coexister la douleur et la lumière. Les chansons de KuKu parlent de larmes, d’injustice, de solitude. Mais elles ne sombrent jamais dans le désespoir. La kora de Mamady semble tisser une toile d’apaisement, presque de réconciliation. À eux deux, ils évoquent la colère douce, celle qui ne crie pas mais insiste.
On entendra sans doute des titres issus de leur répertoire commun : « So Far, So Near », « Juju Prayer », « Aye ». Des morceaux dépouillés, dépaysants, profondément habités. La parole y circule librement, souvent improvisée. L’émotion prime sur la virtuosité. La sincérité sur le style.
Infos pratiques : Date : vendredi 30 mai 2025
Heure : 20h
Lieu : La Bellevilloise, 19-21 rue Boyer, Paris 20ᵉ
Tarifs : autour de 15 € (à vérifier sur le site officiel)
Billetterie en ligne ou sur place dans la limite des places disponibles.
Le Festival Musiques Métisses revient du 5 au 7 juin à Angoulême pour une 49e édition éclectique et festive. Point d’orgue de cette année, le concert tant attendu du Cesária Évora Orchestra, le 6 juin au soir.
C’est l’un des plus anciens festivals français dédiés aux musiques du monde, et l’un des plus respectés pour son engagement en faveur de la diversité culturelle. Du 5 au 7 juin, Angoulême vibrera au rythme de Musiques Métisses, événement pionnier dans la défense des sonorités métissées, des voix engagées et des rythmes en mouvement. À une époque où l’uniformisation musicale menace l’inspiration, ce festival reste un lieu de rencontre, d’écoute et de réinvention.
Né en 1976, le Festival Musiques Métisses a vu passer les plus grandes figures des musiques africaines, créoles, caribéennes et sud-américaines : Manu Dibango, Rokia Traoré, Amadou & Mariam, Cesária Évora elle-même… C’est dire si la présence cette année du Cesária Évora Orchestra, hommage vibrant à la diva cap-verdienne disparue en 2011, prend une dimension particulière. Ce concert événement aura lieu le vendredi 6 juin à 21h, sur la grande scène.
Mais Musiques Métisses, ce n’est pas seulement des têtes d’affiche : c’est une philosophie. Celle de célébrer le croisement des cultures, d’ouvrir les oreilles et les imaginaires, de mêler les traditions aux innovations. On y vient autant pour danser que pour réfléchir, pour découvrir que pour retrouver.
Le point culminant de cette édition 2025 sera donc sans aucun doute la venue du Cesária Évora Orchestra, un collectif international composé d’anciens musiciens de la diva cap-verdienne, mais aussi de jeunes artistes influencés par son héritage. Ensemble, ils redonnent vie aux mornas, coladeiras et autres rythmes chaloupés de l’archipel, dans des arrangements à la fois respectueux et modernes.
La chanteuse mozambicaine Elida Almeida, souvent comparée à Cesária pour la profondeur de sa voix et sa grâce scénique, prêtera sa voix à ce projet. C’est donc à la fois un hommage vivant, et une transmission, une manière de montrer que la saudade cap-verdienne continue de vibrer bien au-delà des frontières insulaires.
Mais le festival ne se limite pas à ce concert phare. La programmation 2025 se veut comme toujours ouverte et défricheuse, avec des artistes venus du Brésil, du Mali, d’Algérie, d’Haïti, ou encore de la diaspora urbaine européenne. Parmi les autres noms annoncés :
Bab L’Bluz (Maroc/France) et leur rock gnawa psychédélique.
Lass (Sénégal) pour un afro-pop électrisant.
Luciane Dom (Brésil), nouvelle voix de la samba-jazz.
Moonlight Benjamin (Haïti/France), puissante prêtresse du blues vaudou.
En parallèle, le festival propose lectures musicales, rencontres littéraires, projections documentaires, ainsi qu’un espace jeune public et un village associatif. Musiques Métisses, fidèle à son nom, défend depuis toujours une approche transversale des cultures, mêlant art, mémoire, engagement et plaisir collectif.
Situé dans le centre historique d’Angoulême, entre remparts, places arborées et vieux pavés, le site du festival est aussi ce qui fait sa singularité. L’ambiance y est familiale, festive, chaleureuse, loin des festivals gigantesques où l’on s’épuise à courir d’une scène à l’autre.
Tout est pensé pour l’accessibilité : pass à prix doux, concerts en plein air, restauration du monde, ateliers participatifs. Que vous soyez en solo, en famille, entre amis ou même de passage, le festival vous tend les bras.
Infos pratiques :
Dates : du jeudi 5 au samedi 7 juin 2025
Lieu : Angoulême, différents sites autour du centre-ville
Concert phare : Cesária Évora Orchestra – vendredi 6 juin à 21h
Tarifs : pass journée ou 3 jours à prix accessible (réductions pour jeunes et familles)
Billetterie en ligne : musiques-metisses.com
Accès facile depuis Paris (2h10 en train direct)
Le groupe Jakkar, étoile montante de l’afro-fusion, investira La Bellevilloise le jeudi 5 juin à 20h. Porté par des musiciens cosmopolites, leur son mêle énergie live, racines africaines et rythmes globaux. Un concert à ne pas manquer.
Un nom à retenir, un son à vivre. Jakkar, qui signifie « se rencontrer » en wolof, est une confluence musicale, une passerelle entre les cultures africaines et les influences contemporaines du monde entier. Le 5 juin, à La Bellevilloise, le public parisien pourra découvrir en live ce projet incandescent qui mêle afrobeat, jazz, hip-hop, musique mandingue et électro, dans une fusion inventive et organique.
Depuis quelques années, la scène parisienne vit une véritable effervescence afro. De nombreux jeunes artistes, souvent issus de la diaspora ou en lien direct avec les musiques traditionnelles du continent, explorent de nouvelles formes, décloisonnent les genres, s’emparent de la scène avec une fraîcheur irrésistible. Jakkar fait clairement partie de cette génération nouvelle qui veut jouer sans frontières et parler à tous.
Le groupe, né à Paris mais composé de musiciens d’origines diverses (Sénégal, Bénin, Côte d’Ivoire, France), incarne cette hybridation féconde. Leur credo : faire danser, penser et faire vibrer.
Ce qui frappe dès les premières notes, c’est la cohérence sonore de Jakkar. Là où d’autres projets afro-fusion tombent parfois dans le patchwork ou le pastiche, Jakkar tisse une esthétique claire, dense, ancrée dans une rythmique africaine solide, portée par des percussions vivantes, des lignes de basse puissantes, des cuivres précis et une voix lead qui passe sans forcer du wolof à l’anglais, du chant au spoken word.
Leur musique ne cherche pas à « représenter » un continent : elle parle d’un monde connecté. Leurs textes abordent des thématiques très actuelles : migration, écologie, mémoire, identité, mais toujours avec une énergie positive, un souffle de fête qui transforme chaque concert en rituel joyeux.
C’est en concert que Jakkar prend toute sa dimension. Sur scène, les musiciens font preuve d’un engagement total. Les arrangements s’étirent, s’enflamment, la section rythmique entre en transe, les solos se libèrent. Le public est constamment sollicité, invité à participer, à répondre et à bouger.
Ce concert du 5 juin à La Bellevilloise, l’une des scènes les plus vivantes de l’Est parisien, s’annonce comme un moment de communion musicale. Dans cette salle qui a vu défiler les plus belles voix alternatives du monde, Jakkar viendra affirmer sa place dans la nouvelle cartographie des musiques afro-urbaines.
Jakkar n’a pas encore sorti d’album complet, mais leurs EPs, singles et live sessions circulent déjà avec succès sur les plateformes. Ils ont été repérés dans plusieurs festivals (Afropunk, Paris Jazz Roots), et leur nom circule de plus en plus chez les programmateurs curieux.
Cette soirée du 5 juin est donc aussi un moment charnière dans leur trajectoire : un passage de témoin entre la scène émergente et le grand public. Il y aura de nouveaux titres, des invités surprises, des hommages à Fela, à Cheikh Lô, mais aussi des improvisations nourries de trap, de funk, de dub.
Infos pratiques :
Jakkar, c’est l’Afrique urbaine, ouverte, métissée, dansante. C’est une musique qui fait le lien entre les racines et le futur, entre le tambour et la machine. Ce 5 juin, venez les découvrir avant qu’ils ne remplissent les grandes scènes.
Avec Ada Omo Daddy, le cinéma nigérian livre une fresque familiale sensible et rythmée, entre humour, émotions et révélations. Porté par un casting prestigieux, ce film est un joli succès de Nollywood récemment disponible sur Netflix.
La scène s’ouvre sur un mariage en préparation, entre tradition, pression sociale et tensions silencieuses. Mais très vite, l’intrigue bascule, les sourires forcés, les regards évités et les gestes retenus dessinent un tableau plus complexe qu’il n’y paraît. Bienvenue dans Ada Omo Daddy, une comédie dramatique nigériane qui explore les coulisses d’une famille en apparence unie, mais minée par les secrets, les blessures anciennes et les amours contrariés.
Sorti en salle au Nigeria fin 2023 et désormais disponible sur Netflix, le film a conquis un large public, aussi bien au Nigeria que dans la diaspora. À la croisée du drame social, de la comédie romantique et du portrait de famille, Ada Omo Daddy brille par la justesse de ses dialogues, la force de ses interprètes et la finesse de son observation des rapports humains.
Réalisé par Biodun Stephen, l’un des noms les plus respectés du cinéma nigérian contemporain, Ada Omo Daddy s’inscrit dans la tradition des films de Nollywood qui mêlent divertissement populaire et regard critique sur la société. Le récit suit Ada, une jeune femme brillante et déterminée, sur le point de se marier. Mais le jour de la célébration, une vérité longtemps enfouie remonte à la surface et fait voler en éclats les certitudes de chacun.
L’intrigue, construite autour d’un secret de paternité et des non-dits intergénérationnels, s’articule en plusieurs strates. La tension dramatique monte progressivement, mais toujours contrebalancée par des scènes cocasses, des dialogues savoureux et une galerie de personnages hauts en couleur. Les questions abordées : l’identité, la loyauté, le pardon, la pression familiale, les rôles genrés dans les sociétés africaines contemporaines.
Le film repose aussi sur une distribution exceptionnelle, réunissant des figures emblématiques de Nollywood et des jeunes talents prometteurs. Omowunmi Dada incarne Ada avec intensité et subtilité. Son jeu oscille entre colère rentrée, fragilité, humour et force intérieure.
À ses côtés, on retrouve notamment :
Tayo Faniran, dans le rôle du fiancé tiraillé entre deux mondes.
Norbert Young et Carol King, dans des rôles parentaux complexes et touchants.
Seyi Awolowo, Deyemi Okanlawon, Bimbo Akintola : chacun apporte relief et nuance à cette fresque chorale.
L’alchimie entre les acteurs fonctionne parfaitement, et certaines scènes de confrontation ou de confession sont d’une rare intensité, portées par une direction d’acteurs précise et des dialogues bien écrits.
Visuellement, Ada Omo Daddy se distingue par une mise en scène sobre mais soignée. La photographie capte les couleurs chaudes des intérieurs nigérians, les tissus chatoyants des cérémonies, les silences lourds des repas en famille. Le montage fluide donne du rythme à l’ensemble, alternant flashbacks, scènes dialoguées et séquences musicales.
La musique, essentielle dans le cinéma nigérian, accompagne les émotions sans les surligner. On y entend des morceaux de soul afro, de highlife contemporain, mais aussi quelques touches d’électro-pop urbaine, qui ancrent le film dans une modernité culturelle vivante.
Ada Omo Daddy s’inscrit dans une dynamique plus large : celle d’un renouveau de Nollywood, qui affirme de plus en plus son ambition artistique tout en conservant une accessibilité grand public. Le succès du film sur Netflix témoigne d’un intérêt croissant pour les récits africains authentiques, portés par des voix locales et racontés avec nuance.
Avec ce film, Biodun Stephen confirme son talent pour raconter l’intime, l’indicible, le familial, toujours avec une touche d’humour et une grande humanité.
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]]>« L’éducation est en état de siège en Afrique de l’Ouest et centrale. Le ciblage délibéré des écoles et le déni systémique de l’éducation en raison des conflits ne sont rien de moins qu’une catastrophe. Chaque jour où un enfant n’est pas scolarisé est un jour volé à son avenir et à celui de sa communauté », a déclaré Hassane Hamadou, directeur régional du NRC pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre. « Nous appelons d’urgence toutes les parties au conflit à cesser les attaques et l’occupation des écoles et à veiller à ce que l’éducation soit protégée et considérée comme une priorité. »
Le Sahel est particulièrement concerné, notamment le Burkina Faso et au Mali, où les écoles sont ciblées par des groupes armés djihadistes, ainsi que le Cameroun et la République démocratique du Congo (RDC), en proie à des rébellions.
Au Cameroun, les effets cumulés de trois crises humanitaires simultanées ont entraîné 1,4 million d’enfants en âge d’être scolarisés dans un besoin urgent d’aide à l’éducation en 2023. En RDC, la violence et les tensions intercommunautaires ont conduit à la fermeture de 1 457 écoles depuis le début de l’année 2024, affectant plus de 500 000 élèves et 12 700 enseignants. Des groupes armés continuent d’occuper des bâtiments scolaires, les utilisant à des fins militaires et perturbant davantage l’éducation.
Des progrès au Mali, au Burkina Faso et en République centrafricaine
Toutefois, au Mali et en République centrafricaine (RCA), le nombre d’attaques contre l’éducation a diminué entre 2022 et 2023, en raison de la baisse de la violence dans certaines régions de ces pays. Au Burkina Faso, environ 1 300 écoles ont rouvert cette année dans plusieurs zones contrôlées par le gouvernement, permettant à des milliers d’enfants de retourner en classe.
« La réouverture des écoles au Burkina Faso et la diminution des attaques contre l’éducation au Mali et en République centrafricaine montrent que des progrès sont possibles », a déclaré M. Hamadou. « Nous devons poursuivre sur cette lancée pour que tous les enfants aient accès à une éducation de qualité, sûre et inclusive. »
Les attaques incessantes contre l’éducation et les fermetures d’écoles qui en résultent ont des conséquences considérables, en termes de droits pour les enfants mais aussi en termes de développement socio-économique pour les pays. Les filles sont exposées à des risques accrus de mariage forcé et d’exploitation et les garçons au recrutement par des groupes armés.
Dans 24 pays d’Afrique de l’Ouest et du Centre, plus de 14 364 écoles ont fermé en raison de la violence armée, en hausse par rapport à 2023, rapporte le Groupe de travail sur l’éducation en situation d’urgence pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre.
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]]>Un tiers de la population mondiale vit en Chine et en Afrique. « Il n’y aura pas de modernisation mondiale sans modernisation de la Chine et de l’Afrique », a affirmé le Président chinois dans son discours inaugural.
Les dix plans d’action de partenariat couvriront les domaines de l’apprentissage mutuel entre les civilisations, de la prospérité du commerce, de la coopération sur la chaîne industrielle, de la connectivité, de la coopération au développement, de la santé, de l’agriculture et des moyens de subsistance, des échanges culturels et entre les personnes, du développement vert et de la sécurité commune, a-t-il énuméré. La vision chinoise du développement du continent repose, en effet, sur trois axes : l’industrialisation, la modernisation de l’agriculture et le développement des talents.
Le Président chinois a dit vouloir relever les relations sino-africaines au niveau de communauté d’avenir partagé Chine-Afrique. Il a également proposé de porter au niveau stratégique les relations bilatérales entre la Chine et tous les pays africains ayant des relations diplomatiques avec elle. La coopération Sud-Sud est une grande priorité dans la coopération de la Chine, qui veut rééquilibrer les rapports de force mondiaux au Sud et renforcer son influence diplomatique dans l’arène globale.
Grâce à près de sept décennies d’efforts assidus, les relations sino-africaines se trouvent aujourd’hui dans la meilleure période de l’histoire, a affirmé Xi Jinping.
Selon l’agence nationale de presse Xinhua, la Chine est devenue, en 2023, le partenaire commercial le plus important de l’Afrique sur quinze années consécutives, avec une augmentation rapide du volume des importations et des exportations. Selon les dernières données de l’Administration générale des douanes (AGD) de Chine publiées lundi, le commerce entre la Chine et l’Afrique a augmenté de 5,5% en glissement annuel à 1 190 milliards de yuans (166,6 milliards de dollars) de janvier à juillet 2024, soit un record historique pour la même période.
De 2000 à 2023, les échanges commerciaux ont progressé de moins de 100 milliards de yuans (environ 14,08 milliards de dollars) à 1 980 milliards de yuans, avec un taux de croissance annuel moyen de 17,2%, selon la douane chinoise.
Les exportations chinoises de navires, d’automobiles et de turbines éoliennes vers l’Afrique ont respectivement augmenté de 44,8%, 35,8% et 253,1% en base annuelle au cours de la période. Dans le même temps, les importations chinoises de sésame, de tabac jaune et de noix de macadamia en provenance d’Afrique ont respectivement augmenté de 38,8%, 32,7% et 106,2% par rapport à l’année précédente.
Plus de 50 dirigeants africains participent à ce sommet, qui marque l’influence accrue de la Chine sur le continent, dans un contexte de désamour à l’égard de l’Occident et de sa politique de coopération, souvent perçue comme paternaliste et dirigiste.
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]]>Une certitude, la Chine qui refuse de s’impliquer sur le fonctionnement interne des régimes africains développe une stratégie militaire agressive, commenous l’avons vu dans un précédent papier (voir ci dessous). On assiste à un développement des sociétés privées de sécurité sur l’initiaitive de pékin comme c’est le cas pour Blackwater, le mercenaire américain associé aux Chinois
Une enquête de Michael Pauron
La Chine, qui compte plus de 5000 entreprises et des millions de travailleurs sur le continent, est de plus en plus exposée aux menaces, comme le terrorisme et le banditisme. Depuis une dizaine d’années, ses ressortissants sont d’ailleurs régulièrement pris pour cible. En 2011, l’APL a dû évacuer 35 000 chinois de Libye. En 2015, elle a renouvelé l’opération au Yémen, pour 600 de ses compatriotes. La même année, trois d’entre eux ont été tués lors d’une attaque dans un hôtel, à Bamako.
Plusieurs mineurs ont été enlevés au Nigeria en 2016 et en 2019. Pendant la crise du Covid19, alors que la Chine a été accusée d’être responsable de la pandémie, les relations entre les locaux et les ressortissants chinois se sont tendues, et trois entrepreneurs ont été assassinés à Lusaka, capitale de la Zambie, au cours du week-end des 23 et 24 mai 2020.
Ces évènements ont poussé Pékin à réagir. Non seulement l’APL s’est déployée sur le terrain à plusieurs reprises, mais la sécurité privée est encouragée à se développer. Déjà bien occupé par les Américains, les Israéliens, les Russes et les Sud-africains, ce marché attire des acteurs chinois, qui ont l’avantage d’être jusqu’à douze fois moins chers.
La plupart des dirigeants de ces sociétés sont issus de la sécurité publique, et leurs liens avec l’État chinois ne sont pas très clairs, bien qu’ils soient supposés importants. « En ce qui concerne le recrutement, la pratique d’employer d’anciens militaires par les sociétés chinoises est la norme tout comme elle l’est dans le reste de l’industrie mondiale de la sécurité », précise une étude du Cari sur le sujet publié en mars 2020. Et, comme dans tous les autres domaines, les États-Unis y verraient une menace : « Les principaux acteurs américains craignent que, dans un avenir pas trop lointain, le marché chinois de la sécurité ne fournisse des concurrents mondiaux, comme cela s’est déjà produit dans plusieurs secteurs industriels chinois », poursuit le Cari.
Parmi les sociétés déjà actives, la société HXZA se concentre sur la sécurité maritime, en particulier le long de la côte est-africaine. Toujours selon l’étude du Cari, « les principaux services de HXZA comprennent la sécurité maritime armée, la réponse aux kidnappings, la protection des cadres, la sécurité statique des sites, la formation à la sécurité, l’évaluation des risques et l’intégration des technologies de sécurité. L’expansion de HXZA à l’étranger a été déclenchée par l’exigence de suivre le processus d’internationalisation de ses clients chinois, en particulier les entreprises publiques dans les secteurs de l’extraction de pétrole et de gaz. »
Un autre acteur s’est fait particulièrement remarqué. Considéré comme l’un des principaux mercenaires américains, Erik Prince, le fondateur de Blackwater, a créé à Hong Kong Frontier Services Group (FSG), en partenariat avec le conglomérat financier chinois CITIC group. Doté d’un bureau à Pékin, FSG est arrivé en 2014 au Soudan du Sud, où l’entreprise soutient le secteur extractif chinois. En 2018, le périmètre d’activité de FSG s’est élargi avec le projet de construction de centres de formation à destination des entreprises chinoises de sécurité privée. L’étude du Cari estime que,« FSG devrait tirer parti de l’expansion économique de la Chine en Afrique et de leurs besoins de sécurité. »
Les activités de coopération entre la Chine et FSG en Afrique iraient de la sécurité en Somalie, à la gestion d’évacuations sanitaires par les airs à partir du Kenya, en passant par le soutien aux opérations minières chinoises en RD Congo et en Guinée. Mais les experts alertent sur les risques du développement de cette nouvelle activité chinoise, qui pourrait conduire certaines sociétés privées paramilitaires à nourrir des conflits et développer le trafic illégal d’armes. « Les entreprises de sécurité privée sont une réponse à certaines menaces, mais si elles ne sont pas encadrées, elles peuvent attirer d’autres acteurs qui risquent de déclencher des conflits supplémentaires et inattendus », prévient l’étude du Cari.
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