Le Gabon 100 jours après le coup d’Etat.

Portrait officiel de Brice Clotaire Oligui Nguema, chef de L'Etat gabonais.

Cela fait 100 jours que les militaires ont pris le pouvoir au Gabon renversant Ali Bongo qu’ils avaient pourtant porté au pouvoir en 2009 et maintenu en 2016. Comment va le Gabon après que l’armée ait porté au pouvoir le général Brice Oligui Nguema?

Le 30 aout 2023, à 4 heures du matin le Gabon se réveille avec la gueule de bois. Quelques instants après que le Centre Gabonais des Élections (CGE) dirigé par Michel Stéphane Bonda (un pro Ali Bongo assumé et officier de renseignements) ait annoncé la victoire à plus de 60% d’Ali Bongo, des militaires annoncent leur prise du pouvoir à la télévision depuis la cour du Palais Rénovation, siège de la présidence de la République Gabonaise. Quelques heures plus tard, porté en triomphe par ses hommes, Brice Oligui Nguema, commandant en chef de la Garde Républicaine est porté à la tête du Gabon.

Les populations saluent ce coup d’Etat et semblent être réconciliés avec cette armée qui avait toujours imposé et maintenu dans le sang les Bongo père et fils.

Des mesures sociales qui se font attendre

100 jours après de coup d’Etat, s’il y a un plan sur lequel le régime de Brice Oligui Nguema est toujours attendu, c’est celui du social. Trois mois après la prise de pouvoir par les militaires, aucune mesure sociale d’urgence n’a été prise pour soulager les populations qui vivent en dessous du seuil de pauvreté (soit avec moins d’un dollar par jour) et qui représentent quand même plus de 60% de la population gabonaise.

Si la reprise des bourses d’études a de nouveau été annoncée à partir de la classe de 6e, leur montant n’a pas été donné et il convient de se demander si cette bourse d’étude pourra véritablement soulager les parents d’élèves au regard du coût de la vie.

La question de la santé se pose aussi. Si le Gabon dispose d’un système de sécurité sociale, l’argent en espèces est toujours privilégié à la carte de la Caisse Nationale d’Assurance Maladie et de Garantie Sociale (CNAMGS), la carte vitale gabonaise, pour les soins et pour l’obtention de médicaments. Ce, malgré les « performances économiques » tant vantés…

Violences et exactions

Sur la question des droits de l’homme, rien n’a bougé. Plusieurs cas d’exactions commises sur des civils par les militaires sont rapportés. Des témoignages, preuves à l’appui, de personnes battues par des militaires nous sont parvenus. Une femme a montrée sur des réseaux sociaux l’état de son corps après avoir été battue par des militaires pour avoir violé le couvre-feu.

Des exactions qui ont officiellement fait un mort. En effet, dans la nuit du 13 au 14 octobre 2023 à Libreville, Karl Stécy Akué Angoué 30 ans est battu par des militaires appartenant selon les témoignages nombreux et concordants au 1er Régiment des parachutistes Gabonais (communément appelé bérets rouges) pour avoir violé le couvre-feu qui est aujourd’hui encore en vigueur. Transporté à l’hôpital, Karl Stécy Akué Angoué meurt deux jours après de suites des violences subies. Selon sa famille, il est resté pendant 48 heures sans soins adéquats au Centre Hospitalier Universitaire de Libreville.

Face au tollé sur la toile,  l’armée gabonaise fini par publier un communiqué où elle affirme que le meurtre de Karl Stécy Akue Angoué a été perpétré par des « habillés en tenue militaire et encagoulés » non identifiés… L’armée gabonaise a assuré qu’elle menait l’enquête pour retrouver les assassins de Karl Stecy Akué Angoué.

Plus récemment, c’est carrément un des généraux de la junte – le général Jean Germain Effayong Onong  – qui a étranglé stricto sensu un député de l’assemblé nationale issu de la société civile Lionel Ella Engongah selon les déclarations de ce dernier !

« Plus de majorité et plus d’opposition »

Sur le plan politique, on peut dire que 100 jours après, la classe politique et la société civile gabonaise soutien Brice Oligui Nguema et son régime. Les membres de l’ancien parti au pouvoir le Parti Démocratique Gabonais (P.D.G.) ont eux aussi ont complètement adhéré oubliant même de revendiquer la victoire d’Ali Bongo leur « Distingué camarade Président » et « candidat naturel » qu’ils proclamaient aimer tant!

Brice Oligui Nguema – en fin politique, il faut le reconnaître – a su fédérer la grande majorité de la classe politique gabonaise autour de lui en nommant les principaux acteurs au parlement de la transition (assemblée nationale et Sénat) dans son gouvernement (dirigé par Raymond Ndong Sima). Brice Oligui Nguema est le véritable maître du jeu politique et de la junte puisque le Comité pour la Transition et la Restauration des Institutions (CTRI) uniquement composé d’officiers dirige toujours et publie des communiqués où l’on voit toujours des militaires armés annoncer des mesures appelées « communiqués »

« Il n’y a plus de majorité et plus d’opposition » avait déclaré Brice Oligui Nguema peu après sa prise de pouvoir. On peut dire que 100 jours après, ce soit la chose qu’il ait vraiment réussi.