La disparition d’Abdelmalek Droudkel arrange tout le monde

Au sein des GIA, ces groupes islamistes armés de la décennie noire, au GSPC puis enfin à AQMI, qui marquent le début du terrorisme en Algérie puis au Sahel, le chef djihadiste Abdelmalek Droudkel, qui vient d’être liquidé par l’armée française, connait un parcours semé de zones d’ombres

Abdelmalek Droudkel, dont le nom de guerre était Abou Moussab Abdelouadoud, a été éliminé par l’armée française le 3 juin à Talhandak dans la région de Tessalit près de la frontière algérienne. « Abedelmalek Droudkel aura été victime des nouvelles alliances qui s’opèrent dans la bande sahélo sahélienne, notamment à l’occasion des négociations entamées entre Bamako et les groupes armées qu’il n’approuvait pas », révèle à Mondafrique un expert algérien du terrorisme. En d’autres termes, les services algériens adeptes de l’instrumentalisation des groupes terroristes, a abattu un Droukdel qui à leurs yeux devenait contre productif

Ce chef terroriste se fait connaitre au sein des GIA algériens, hydre terroriste de la sale guerre civile

Ce chef terroriste se fait connaitre au sein des GIA algériens, hydre terroriste de la sale guerre civile dans l’Algérie des années 90. Il rejoint les rangs du GSPC (Groupe salafiste pour la prédication et le combat) fondé par Abdelmadjid Ditchou, dont Droudkal devient un proche. Le GSPC est vite récupéré par Hassan Hettab contesté par les autres groupes installés dans l’Est algérien, qui l’accusent d’accointances avec les services de sécurité. Droudkal s’installa durablement en Kabylie dans l’axe de la forêt de Yakouren, Mizrana, Jijel dont il devient le chef de GSPC en 2004.

Repoussé au Sahara par l’armée algérienne en même temps qu’Ammari Saifi, alias Abderezzak Al Para, Droudkal s’allie avec Mokhtar Belmokhtar, alias Bellaouar (« le borgne »), écuma le sud algérien durant une décennie par des opérations de kidnapping et des trafics de tout genre. Droudkal fut le seul des chefs terroristes algériens (voir encadré ci dessous, « l’hécatombe des chefs terroristes ») qui a su durer du GSPC en 2004 jusqu’à son allégeance, trois ans plus tard à Al Quaida, qu’il transforma en AQMI (« Al Qaida au Maghreb Islamique »).

Le 1er juillet 2008 Droudkal réalise une interview pour le New-York Times, via un fax, où il explique son allégeance à Al Qaida d’Al Zaouahri. Cette alliance le propulsa sur la scène internationale de la nébuleuse islamiste. Cette surmédiatisation coïncide avec la montée en puissance de son alter égo algérien au sein de l’organisation Mohamed Ghediri alias Abdoulhamid Abou Zeid dans l’Azawad Malien avant sa liquidation par l’armée Française en février 2013 juste au début de l’intervention Serval.  

Droudkel, bien qu’issu de la même mouvance d’Al Qaida qu’Iyad Agha Ghali et Ahmadou Koufa, marque son opposition aux négociations avec l’Etat Malien.

Droudkel, bien qu’issu de la même mouvance d’Al Qaida que ses alliés Iyad Agha Ghali et Ahmadou Koufa, marque son opposition aux négociations avec l’Etat Malien. Cette position le marginalise et le fragilise progressivement dans un territoire contrôlé par les Touaregs.

Sa décision de quitter le massif du Tigharghar lui a été fatale. Le Kidal est infesté de groupes islamistes Touaregs antagonistes. Il est localisé par des services algériens et Français, dans un massif montagneux très difficile d’accès dans l’Adrar des Ifoghas. Le massif bunkérisé lui offre que deux accès. L’un est situé au nord dans le territoire algérien; le second au sud lui permet d’aller à Aguelhoc, le kidal et Tissalit, des villes où les armées malienne et française sont omni présentes. 

Son élimination arrange tous les acteurs du conflit, et en premier lieu, son pays d’origine. Sa disparition présage une avancée dans les négociations pour mettre fin au conflit avec les Touareg au Nord. L’Algérie aspire en effet à jouer à nouveau un rôle de médiateur dans la gestion des accords entre les Islamistes Touaregs et l’Etat Malien sous les formats des accords précédents ( Accords de Tamarrasset en 1990 et Accords d’Alger en 2015).     

Les services algériens suivent assidument les anciens lieutenants du Mauritanien Mohammed Kheirou du Mujao qu’ils considèrent proches des services marocains. Certains membres ont rejoint les groupes affilés à Daech aux frontières entre l’Algérie et le Niger.

L’armée française, elle, se focaliserait sur le sud pour endiguer la propagation du salafisme Peul vers toute l’Afrique de l’ouest. La recomposition de l’islamisme sur des critères ethniques bouleverse toutes les données. L’islam traditionnel qui s’est perdu dans des alliances avec le pouvoir en place est discrédité. 

La réconciliation des Peuls avec l’Etat Malien sera-t-elle suivie d’une lutte contre la présence des éléments de Daech dans l’ensemble de la bande sahélienne? Le pari est prometteur s’il est porté par des projet de développement économique et de réformes démocratiques. On peut toujours rêver !

Sahel, l’hécatombe des chefs terroristes algériens

La fin des chefs terroristes algériens se termine souvent de façon tragi comique. Le chef des GIA Djamel Zitouni marchand de poulet de Bir khadem liquidé par ses pairs, Layada le tôlier de Baraki livré à l’Algérie par le Maroc où il s’est réfugié, Al Para ancien parachutiste vendu par un groupe Tchadien opposant à Driss Deby pour deux millions de dollars aux libyens avant de le livrer au DRS (services algériens)