Burkina Faso, les groupes armés ripostent face aux exactions de l’armée

L’armée burkinabè a une nouvelle fois été prise pour cible par des groupes armés. Au moins 34 soldats et supplétifs ont été tués lundi, un mois après trois attaques similaires qui avaient causé la mort d’une centaine de civils et militaires.
Pour autant, les autorités devraient exiger le respect des droits humains lors d’opérations anti-insurrection et garantir l’obligation de rendre des comptes pour tout abus
 

  • Les forces armées du Burkina Faso ont exécuté sommairement au moins 9 hommes et en ont fait disparaître de force et probablement tué 18 autres, lors de trois incidents survenus depuis février 2023 dans la province de Séno.
  • Ces exécutions et disparitions provoquées par l’armée du Burkina Faso constituent des crimes de guerre et alimentent, parmi les populations ciblées, un ressentiment qui favorise le recrutement de certains membres par des groupes armés.
  • Le Burkina Faso devrait s’assurer que des prévôts des forces armées, qui sont responsables de la discipline et de la protection des droits des détenus, soient présents lors de toutes les opérations militaires.


 Les forces armées du Burkina Faso ont exécuté sommairement au moins 9 hommes et en ont fait disparaître de force et probablement tué 18 autres, lors de trois incidents survenus depuis février 2023 dans la province de Séno, a déclaré Human Rights Watch aujourd’hui. Lors d’un de ces incidents, les militaires ont sévèrement battu huit enfants âgés de 6 à 16 ans.

L’armée aurait commis ces abus lors d’opérations anti-insurrectionnelles menées contre des groupes armés islamistes liés à Al-Qaïda et à l’État islamique dans le Grand Sahara (EIGS), qui ont pénétré dans le pays en provenance du Mali voisin en 2016. Ce conflit armé a causé la mort de près de 7 900 personnes depuis 2021 et contraint plus de  2 millions de personnes à fuir leurs domiciles. En avril, les autorités militaires de transition du Burkina Faso ont annoncé une « mobilisation générale » dans le cadre d’un plan de reconquête des territoires saisis par les groupes armés, qui contrôlent probablement jusqu’à 40 % du territoire du pays. Ce décret vise à donner un « un cadre juridique, légal à l’ensemble des actions à mettre en œuvre pour faire face à la situation que vit le Burkina Faso ».

« Non seulement les exécutions et disparitions forcées commises par l’armée du Burkina Faso constituent des crimes de guerre, mais elles alimentent, parmi les populations ciblées, un ressentiment qui favorise le recrutement de certains de leurs membres par les groupes armés », a déclaré Carine Kaneza Nantulya, directrice adjointe de la division Afrique de Human Rights Watch. « Les autorités du Burkina Faso devraient enraciner dans leur stratégie anti-insurrectionnelle la protection des civils, le respect des droits humains et l’établissement des responsabilités pour les abus commis ».