Succession en Algérie : Bouteflika ne veut pas désigner un dauphin

L’Algérie vit une fin d’année haletante. Lutte au sommet du pouvoir, guerre médiatique entre les anciens officiers du DRS et les partisans du cercle présidentiel, choc pétrolier et début d’une crise financière, l’année 2016 se prépare dans l’incertitude totale.
Le vice président aux oubliettes
Un seul projet pourrait faire oublier au pays cette angoisse d’un avenir très incertain : la nouvelle constitution. Abdelaziz Bouteflika veut absolument entrer dans l’histoire en dotant l’Algérie d’une nouvelle constitution qui lui permettra de rompre avec les vieilles habitudes du régime totalitaire moribond. A Alger, l’entourage du Président ne cesse de promettre des véritables acquis démocratiques à ses interlocuteurs. Plusieurs émissaires d’Abdelaziz Bouteflika ont rencontré les diplomates des chancelleries occidentales établis à Alger. Le même discours enthousiaste et rassurant est servi à ces représentants des puissances européennes.
Cependant, à Alger, la vigilance est une seconde nature. Les promesses de Bouteflika ne mobilisent presque personne et les gens demandent des actes concrets. Ces derniers jours, même les membres les plus modérés de l’opposition avec lesquels les émissaires de Bouteflika ont tenté un dialogue franc afin de les séduire affichent un profond scepticisme. Et pour cause, Abdelaziz Bouteflika ne leur donne pas des gages. Pis encore, il vient de supprimer du projet de la nouvelle constitution une disposition qui aurait pu régler en douceur la très délicate question de sa succession, à savoir la désignation d’un Vice-Président, a-t-on appris de plusieurs sources proches de son entourage.
Bouteflika, seul maître à bord
En 2013 et 2014, ce poste était bel et bien prévu dans le projet de la révision constitutionnel. Bouteflika avait concédé ce compromis à ses détracteurs. Mais une fois le 4e mandat dans les poches, il revient sur cette promesse et annule cette disposition dans son projet. Officiellement, il plaide pour un Premier ministre aux pouvoirs élargis qui dirigera l’exécutif avec un parlement aux prérogatives beaucoup plus importantes. Mais une telle configuration ne résoudra nullement la cruelle question qui menace l’avenir de l’Algérie : la succession de Bouteflika. Ce dernier écarte définitivement la désignation d’un dauphin choisi après avoir obtenu un consensus de la part de toutes les autres composantes du régime.
Après avoir pacifié le DRS, rallié l’état-major à son camp et pris sous son aile de nombreux oligarques, plus rien ne peut empêcher Bouteflika de régner en toute tranquillité. Quant à l’avenir, le locataire d’El-Mouradia, qui passe le plus clair de son temps dans la Résidence d’Etat de Zéralda, dispose d’un délai qui court jusqu’à 2019 pour l’affronter et répondre à ses défis. Pas besoin d’un Vice-Président pour cela. Dans l’esprit de Bouteflika, il n’y a de la place que pour une seule personne sur un trône.