Algérie, un face à face tendu entre le peuple et le pouvoir

Des milliers de manifestants sont descendus dans les rues, ce vendredi 30 avril, pour rejeter la proposition du président Tebboune d’organiser des élections législatives au mois de juin prochain

Vendredi 30 avril, les manifestants ont répété leur rejet des élections législatives anticipées convoquées en juin.

Malgré la chaleur, la foule était nombreuse pour ce « vendredi 115 » , le chiffre indiquant le nombre de semaines depuis la naissance du Hirak), La manifestation était  un test pour le mouvement après que la police a empêché, mardi, la marche hebdomadaire des étudiants à Alger. Deux mots d’ordre étaient privilégiés: la dénonciation de la répression policière et judiciaire; le refus des élections prévues en juin qui, avant même d’avoir lieu, sont discréditées aux yeux de l’immense  majorité du peuple algérien.

« Relâchez nos enfants pour qu’ils jeûnent avec nous pendant ce ramadan », ont scandé les protestataires, en condamnant une « justice aux ordres » des autorités. « Police partout, justice nulle part », pouvait-on lire sur une pancarte brandie par un jeune Algérois. Les manifestants ont également répété leur rejet des élections législative anticipées. « Pas d’élections avec le gang [au pouvoir] », a-t-on entendu dans le cortège.

L’ancien gouverneur de la Banque d’Algérie interpellé

Selon le Comité National pour la Libération des Détenus, les forces de sécurité ont procédé à plusieurs interpellations. Certains manifestants ont été relâchés, d’autres non, selon la même source.

Parmi les manifestants interpellés, se trouve l’ancien gouverneur de la Banque d’Algérie Abderrahmane Hadj Nacer, 69 ans. dont les interventions toujours équilibrées en faveur d’un compromis entre l’armée et le peuple sont très suivies sur les réseaux sociaux. Même si cette personnalité en vue a été ensuite relâchée, sa mise en cause témoigne soit d’une répression aveugle, soit d’une désorganisation inquiétante des forces du maintien de ‘ordre.« J’ai fait un petit tour dans un panier à salade pour une photo prise vers 15h30 à Didouche. J’ai partagé un temps précieux avec 16 concitoyens très divers et très motivés. Le hirak va bien. J’ai été libéré 2h plus tard seul », a témoigné Hadj Nacer sur Facebook. Son interpellation a suscité l’indignation sur les réseaux sociaux.

Intimidation générale

Quand les manifestants arrêtés sont relâchés, ils doivent signer un document au commissariat dans lequel ils s’engagent à ne plus participer aux marches hebdomadaires, a expliqué Saïd Salhi, vice-président de la Ligue algérienne de défense des droits de l’homme. Ils sont aussi menacés de ne pas être libérés en cas de récidive, tandis que ceux qui sont placés sous contrôle judiciaire sont sommés de ne pas parler aux médias. « C’est de l’intimidation et une manière de faire pression pour affaiblir le Hirak », déplore M. Salhi, critiquant « une atteinte aux libertés publiques ».

 

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