La garde rapprochée de Bazoum à Paris

French President Emmanuel Macron, left, welcomes Niger's President Mohamed Bazoum before a working lunch Thursday, Feb. 16, 2023 at the Elysee Palace in Paris. (AP Photo/Michel Euler)

Le Président Bazoum qui vit toujours dans ses appartements de fonction est défendu, notamment à Paris, par ses amis et ses compagnons qui trouvent un accueil favorable auprès des médias français.

A la différence de l’ancien Président Tanja Mamadou durement traité en 2011 lorsqu’il fut placé pendant quinze mois en prison, l’ex président Bazoum a été généreux en passeports diplomatiques à des étrangers en délicatesse avec leur pays comme Tieman Coulibaly. Cet ancien ministre de la période IBK possède des fidèles dans l’armée française, autant de relais pour l’ex chef d’état. La cohorte des bénéficiaires de ces passeports distribués par Bazoum circule entre Abidjan, Paris et Alger pour plaider la cause de l’ancien président et dénigrer les conditions indignes de son existence actuelle.

Salim Mokaddem, fidèle entre les fidèles

Une des  figures plurivoques de cet entourage est Salim Mokaddem à qui le Point Afrique a offert un long entretien. La teneur de cette discussion n’est pas en cause. C’est plutôt le profil de l’interviewé qui est révélateur. Ce franco-algérien est un collègue de Mohamed Bazoum à l’époque où celui-ci enseignait au lycée technique de Maradi, établissement où un partie de l’élite de l’Est a fait ses études. De ces années de philosophie partagée, Mokkadem a su faire fructifier la proximité avec le collègue devenu président et auparavant homme fort du PNDS. Le gouvernement français en a fait un expert technique international. La dernière étape de la promotion du professeur fut sa désignation comme conseiller spécial du président du Niger sur les question d’éducation. Sujet en or pour faire de longs discours sur l’extraordinaire stratégie de développement scolaire du président Bazoum qui ne consacre pourtant pas une large part de son budget national à ce secteur.

La banque mondiale venait, pour le stimuler sans doute, d’accorder au Niger un prêt destiné à l’éducation, ce qui n’est qu’une étiquette, cet argent étant fongible. Le prêt ne sera pas décaissé pour l’instant mais ce blocus du Niger autorise des libelles sur le manque à gagner et la catastrophe à venir des écoles nigériennes. Extraordinaire quand on sait, qu’à une centaine de kilomètres de Niamey, les élèves ne peuvent plus accéder à leurs cases scolaires.

Entre Alger, Paris et Niamey

Salim Mokkadem a vécu ces dernières années dans la trilatérale Alger-Paris-Niamey. Le bouleversement du 26 juillet 2023 compromet tous les avantages qu’il tirait, comme une centaine au moins d’étrangers, de son passeport diplomatique. Son activisme va au-delà des questions pédagogiques. Il cultivait des liens qui ont aujourd’hui été réactivés avec Rhissa Ag Boula, une figure de la politique touareg qui a été ministre avant même que le PNDS ne soit au pouvoir. T

Très proche d’Accor, le groupe hôtelier français, comme de Bolloré, l’ami Rhissa Ag Boula  s’efforce de réveiller la rébellion touareg. Peu versé sur le discours philosophique, il trouve dans les belles formules de Mokkadem et ses réseaux franco-algériens, datant de l’époque Issoufou, un argumentaire et des soutiens. L’ex-président Bazoum ne dissuade pas son fidèle Mokkadem de s’allier à Rhissa Ag Boula qui n’a jamais été très fidèle à aucune cause politique. Mais le soldat Bazoum semble susciter des vocations parmi les exilés, les émigrés et les expatriés