Anne Meaux abandonne le Niger après le coup d’Etat de Tiani 

Paris, le 13 mars 2017. Conférence de presse de François Fillon, candidat LR (Les Républicains) à l'élection présidentielle 2017, sur son projet présidentiel. SUR LA PHOTO: Jérôme Chartier (2ème plan G), député LR du Val-d'Oise, conseiller spécial du candidat et Anne Méaux (2ème plan D), conseillère en communication du candidat. COMMANDE N° 2017-0392

Après avoir pompé sept millions d’euros au Niger pendant douze années et demie, l’agence parisienne de communication Image 7 qui a défendu aussi bien François Fillon, François Pinault, le dictateur tunisien Ben Ali  que la moitié du CAC 40 français a disparu dans les sables dans ce pays et sa patronne, Anne Méaux, est aux abonnés absents .

La célèbre agence parisienne Image 7 n’est présente nulle part à Niamey, ni pour défendre l’ex-président Mahamadou Issoufou qui l’avait fait venir au Niger, ni pour apporter son assistance à son successeur Mohamed Bazoum qui a reconduit le contrat d’Image 7 au Niger de son arrivée au pouvoir jusqu’au coup d’Etat du 26 juillet 2023. Pourtant Dieu sait qu’Image 7 s’est fait un sacré pognon au Niger, un des pays les plus pauvres de la planète. 

Plus de 7 millions d’euros de recettes 

Selon différentes sources, Image 7 a été rémunérée par le Niger entre 400.000 et 700.000 euros chaque année. Sur la base d’une moyenne de 500.00 euros par an, le contrat avec le Niger aurait donc rapporté en 12 années près de 7, 2 millions d’euros à Image 7. Signe de la plus grande importance accordée au business avec le Niger, Image 7 avait détaché à Niamey Marie-Luce Skraburski, une associée d’Anne Meaux, pour accompagner la présidence du Niger.

Bien qu’elle n’apparaisse pas dans l’organigramme officiel, Mme Skraburski avait rang de directrice de cabinet adjointe du président nigérien et disposait à ce titre d’un passeport diplomatique nigérien. A chaque voyage du président, une place lui était réservée à bord de l’avion présidentiel. La représentante d’image 7 disposait d’un accès direct et sans filtre au président nigérien. Sous la présidence de Mahamadou Issoufou, Marie-Luce Skraburski assistait même à certains tête-à-tête, y compris des audiences avec ses homologues étrangers. Avant de céder son fauteuil présidentiel, Mahamadou Issoufou avait obtenu deux engagements fermes de son successeur : le renouvellement du contrat avec Image 7 et le maintien à son poste du général Tchiana qui a fini par prendre le pouvoir le 26 juillet.  

Petits arrangements entre amis   

Pendant les deux mandats de Mahamadou Issoufou et les deux années de son successeur Bazoum, le contrat avec Image 7 a été renouvelé par tacite reconduction. Donc sans aucune évaluation de la qualité des prestations. Pour bien comprendre l’origine de cette aventure entre le Niger et Image 7, il faut remonter à l’arrivée du président Issoufou au pouvoir en 2011. Anne Meaux qui est l’amie d’Anne Lauvergeon, alors à la tête d’Areva, est introduite par celle-ci auprès du président nigérien, lui-même un ancien cadre de la Société des mines de l’Aïr (SOMAIR), une des deux filiales d’Areva au Niger.   

Bien plus que la qualité et l’utilité des prestations d’Image 7 pour le Niger, c’est la relation entre Anne Lauvergeon et Anne Meaux qui va donc permettre la signature du contrat d’accompagnement entre l’Etat du Niger et Image 7. Ce sera d’ailleurs le seul indicateur de performance du contrat. Outre la présence de Marie-Luce Strabunski dans les voyages officiels du président nigérien lors de grandes rencontres internationales, les autres prestations d’Image 7 se résumaient à des interviews négociées pour l’Etat du Niger dans « l’Entretien France 24/RFI », dans Europe 1, Le Figaro, le JDD ou Le Monde.  

Image 7 éjectée 

Image 7 apportait également son assistance à la présidence du Niger lorsque des équipes de télévision se déplaçaient à Niamey pour réaliser des entretiens avec le président Issoufou ou son successeur. Il arrivait même que l’agence de communication filtre les demandes d’entretiens avec le président nigérien. Ou qu’elle appelle un journaliste ou une rédaction pour protester parce qu’ils ne sont pas passés par le circuit « officiel » : le guichet d’Image 7. Rien finalement que les services de la communication de la présidence nigérienne n’auraient pas pu faire eux-mêmes.  De nombreux conseillers des présidents Issoufou et Bazoum ne voyaient pas l’évidence du rapport qualité/prix dans le contrat entre le Niger et Image 7.  

En s’installant dans le fauteuil présidentiel, le nouvel homme fort de Niamey, le général Abdourahamane Tiani n’a pas cru bon de s’attacher les services d’Image 7, lui qui préfère accorder ses interviews en langues nationales nigériennes (haoussa et zarma) n’a pas besoin qu’on lui trouve des créneaux d’intervention sur les médias français.