Mémoire politique du Congo, l’opposant Tshisekedi s’éteint

L’homme qui a marqué l’histoire politique congolaise au cours des quatre dernières décennies s’est éteint mercredi 1er février 2017 à Bruxelles, loin de sa terre natale qu’il chérissait tant. Ce colosse qui régentait la vie politique en République démocratique du Congo (RDC) et déplaçait les foules, ne pourra plus jamais les haranguer.

Comme tout bon sportif de haut niveau qui préfère se retirer au sommet de sa gloire, l’intraitable Etienne Tshisekedi wa Mulumba a préféré tirer sa révérence au summum de sa popularité, et ce, à un moment crucial où le peuple congolais avait encore besoin de lui pour accompagner la classe politique congolaise dans le processus transitionnel qui s’annonce tumultueux.

Premier Congolais docteur en droit, Etienne Tshisekedi aura passé toute sa vie à lutter pour défendre et promouvoir les valeurs démocratiques et le respect de la primauté du droit en RDC. Malgré le caractère pacifique de son combat politique, l’homme était radical dans sa façon de percevoir l’avenir du pays. Il prônait un changement nécessaire pour réformer la gestion politique et économique pour le bien des citoyens. Il luttera toute sa vie pour un changement social et politique qu’il ne verra malheureusement pas.

Combattant de la liberté

Opposant de la première heure, il a affronté les régimes successifs de Mobutu, et Kabila, père et fils. En près de quatre décennies de combat politique, l’homme a subi toutes sortes de violations des droits humains par les régimes qui se sont succédé au pouvoir en RDC : arrestations abusives, emprisonnement, actes de torture physique, mentale et psychologique, relégations au village sans adduction d’eau ni électricité, etc. Une cruauté qui n’a pas altéré son engagement. Par sa constance et sa ténacité, l’homme a su vaincre la peur et les intimidations.

Héritage

C’est à l’école Tshisekedi qu’a été formée une grande partie de la classe politique congolaise. Toutes tendances confondues, nombreux sont ceux qui lui doivent leur ascension. Alors que beaucoup ont cédé aux sirène du pouvoir, lui ne s’est jamais rallié.

Toute sa vie, il a mené avec acharnement un combat pacifique pour la démocratie et l’État de droit. Il savait bien qu’en politique il faut savoir négocier, mais il n’était pas prêt à se compromettre.

Sa disparition survient à un très mauvais moment pour l’avenir de son pays.

À la classe politique qui négocie la période transitoire : gardez à l’esprit que Tshisekedi, 84 ans, a payé de sa vie pour le Congo. Alors Négocier, de bonne foi, une transition pacifique qui devra conduire le pays vers des élections démocratiques, libres et transparentes fin 2017 et asseoir le respect des principes de la démocratie constitutionnelle, du respect strict des lois et de la bonne gestion des affaires publiques. C’est de cette façon que vous allez honorer la mémoire de l’illustre disparu.