Lettre ouverte d’un candidat à la Présidentielle au FMI

Jean-Jacques Ratsietison, économiste et Président de l’Association FMI Malagasy , revendique du pouvoir d’achat pour tous les Malgaches, et tout de suite.

Jean-Jacques Ratsietison, économiste, Président de l’Association FMI Malagasy et candidat à la Présidentielle de novembre 2023, revendique du pouvoir d’achat pour tous les Malgaches.
Les économistes sont unanimes pour dire que le premier moteur de la croissance d’un pays est la consommation interne, c’est-à-dire celle des ménages. Mais avez-vous déjà entendu un expert du Fonds Monétaire International (FMI) évoquer le problème du pouvoir d’achat dans un pays du tiers-monde comme principal frein au développement alors que les populations de ces pays crèvent de faim ?
L’équation de la généralisation de la misère, le terme désormais approprié pour Madagascar, est très simple: quand on dévalue la monnaie de 100%, le pouvoir d’achat des 23 millions de Malgaches, est mécaniquement amputé d’au  moins 50% en 24 heures car le prix de tous les produits importés, à commencer les produits de première nécessité, est multiplié par deux dans ce laps de temps.
Si on procède à une autre dévaluation de 100%, le pouvoir d’achat résiduel de 50% se contractera à nouveau mécaniquement de moitié, et il n’en restera plus que 25% :
– Quel ménage, dont on a divisé le pouvoir d’achat par 4, pourrait encore faire face à ses dettes et à ses obligations financières et continuer à payer son logement ?
– Qui, dans ces conditions, serait toujours en mesure d’assumer normalement les besoins alimentaires de sa famille ou la scolarisation de ses enfants, et leur assurer les soins médicaux adéquats, ne serait-ce que ceux dits de base, en cas de maladie ?
Or depuis l’introduction du système de change flottant et la création du Marché Interbancaire des Devises (MID) en 1994, conditionnalité imposée par le FMI, la réalité a dépassé la fiction car la monnaie Malgache (l’ARIARY), soumise à la loi de l’offre et de la demande, s’est dépréciée de 5.500% entraînant  mécaniquement 95% de la population en dessous du seuil de pauvreté, avec la mort au quotidien comme seul horizon.
Soumettre la monnaie d’un pays ayant une balance des paiements structurellement déficitaire à la loi de l’offre et de la demande, monnaie non convertible par ailleurs, relève de l’hérésie intellectuelle. Le résultat pour Madagascar est éloquent. Et les pseudo-ajustements structurels exigés par le FMI n’avaient pas pour objectif de modifier les structures fondamentales de l’économie malgache afin de la rendre excédentaire.
Madagascar est simplement victime d’un processus d’appauvrissement mécanique et une dévaluation de 5.500% du dollar mettrait la population américaine dans le même état de misère, dans les mêmes proportions. La corruption de survie, l’insécurité, le fait que l’Etat n’ait pas les moyens d’investir dans les infrastructures etc. ne sont que les conséquences de cette misère
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Il faudrait être aveugle, idiot ou criminel pour ne pas se rendre compte que cette dévaluation programmée de 5.500% de la monnaie malgache qui a généré une inflation importée de plus de 25.000% est la première cause de mortalité dans la Grande Ile. Elle a déjà tué physiquement et directement des dizaines de milliers de Malgaches, telle une arme de destruction massive, sauf qu’elle ne le fait pas de façon spectaculaire et instantanée.
Elle continue à tuer car cette politique absurde planifie encore aujourd’hui la mort certaine tous les ans de dizaines de milliers de Malgaches rendus mécaniquement incapables de se nourrir et de se soigner du jour au lendemain : des milliers d’enfants, de femmes et d’hommes destinés à alimenter les futures statistiques de mortalité du FMI.
Elle continue à tuer par la hausse continue et prohibitive des prix des denrées alimentaires et du coût des soins, désormais hors de portée de la quasi totalité de la population malgache.
La politique du Gouvernement Malgache soumet l’écrasante majorité de la population à des conditions d’existence la mettant directement sous la menace de la mort : les familles Malgaches ne mangent plus à leur faim, la malnutrition est généralisée et aujourd’hui un Malgache malade est condamné à mort.
Au FMI, le peuple Malgache vous demande instamment d’exiger du Gouvernement Malgache la suppression du MID et le retour au système de change fixe, qui peut se faire par un simple décret malgache, et d’en faire votre première conditionnalité. Il vous demande d’arrêter tout financement de déficits structurels interdits par vos propres statuts et qui ne servirait à l’Etat Malgache qu’à racheter sa propre monnaie sur son propre territoire, comme cela a été le cas depuis la mise en place du MID en 1994. Exigez de l’Etat Malgache le respect de l’orthodoxie financière dans la gestion de ses Devises comme vous le faites si bien pour le Budget de fonctionnement de l’Etat libellé en monnaie locale car, dans les deux cas, les dépenses doivent être à la mesure des recettes.
A la Communauté Européenne, le peuple Malgache demande d’arrêter toute aide et tout financement qui ne viendraient pas directement soulager les souffrances de la population.
A la France, le peuple Malgache demande de renoncer aux fastes de la Francophonie squi e tiennent à Madagascar en donnant lieu à des dépenses indécentes dont une partie sera détournée par les dirigeants alors que les Malgaches meurent de faim et n’ont plus accès aux soins les plus élémentaires.
A la Communauté Internationale, ne soyez plus coupable de non-assistance à peuple en danger de mort.