Centrafrique, rien de neuf dans la politique africaine française

Alors que les troubles se multiplient en Centrafrique après une élection présidentielle contestée, le président français, Emmanuel Macron, dans un échange téléphonique avec le président Touadera, s’est félicité du « processus électoral constitutionnel et soutenu par la communauté internationale »

La France soutient toujours les Etats et combat les rebelles. C’est ce qu’elle fait en Centrafrique où elle prend parti pour le pouvoir en place face aux groupes armés du Nord du pays. Il est vrai que ces derniers qui sèment la violence et s’en prennent désormais au président Touadera, leur allié d’hier devenu leur adversaire, ne sont guère fréquentables.

Pour la diplomatie française, l’élection présidentielle centrafricaine, largement fraudée, qui vient d’avoir lieu reste l’affaire du président Touadera . Le président Macron ne cesse de répéter qu’il ne saurait se mêler des affaires intérieures des Etats, un principe mis à mal pourtant en Algérie ou au Liban où il s’est positionné sans états d’âme. Avec le seul souci de voir s’instaurer « un dialogue politique ouvert et inclusif », le président français a pris acte des résultats « provisoires » du scrutin centrafricain qui doivent encore être reconnus, le 19 janvier, par la Cour Constitutionnelle..

Positions floues

Pour le reste, la feuille de route est minimaliste: envoi de quelques forces spéciales, soutiens logistiques et survols sur les régions où ont lieu les affrontements. L’Elysee attend la proclamation officielle des résultats pour adresser alors un communiqué plus ou moins alambiqué de félicitation au président Touadera. Ce fut le cas pour les présidents ivoirien et guinéen, Ouattara et Alpha Condé, après des scrutins qui furent en partie et surtout en Guinée des mascarades électorales.

Tant pis pour les opposants, souvent réfugiés à Paris mais laissés à eux mêmes. Cette diplomatie réaliste renforce le sentiment anti français qui gagne les populations africaines qui croyaient encore dans une France patrie des droits de l’homme.

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Nicolas Beau
Ancien du Monde, de Libération et du Canard Enchainé, Nicolas Beau a été directeur de la rédaction de Bakchich. Il est professeur associé à l'Institut Maghreb (Paris 8) et l'auteur de plusieurs livres: "Les beurgeois de la République" (Le Seuil) "La maison Pasqua"(Plon), "BHL, une imposture française" (Les Arènes), "Le vilain petit Qatar" (Fayard avec Jacques Marie Bourget), "La régente de Carthage" (La Découverte, avec Catherine Graciet) et "Notre ami Ben Ali" (La Découverte, avec Jean Pierre Tuquoi)