Union Africaine, la Mauritanie ne fait pas recette

On annonce, fin juin, la venue de trente présidents en Mauritanie pour le sommet de l’Union Africaine. il n’en viendra sans doute qu’une quinzaine. Et encore…

Alors que la Mauritanie annonce qu’une trentaine de chefs d’état africains sont attendus à Nouakchott pour le sommet de l’Union Africaine qui devrait démarrer le 25 juin, beaucoup d’observateurs estiment qu’à peine une quinzaine, voire une douzaine, de présidents feront le voyage.

Cette désaffection est surtout due au manque de moyens logistiques dont dispose la Mauritanie pour recevoir ses hôtes. Malgré de belles recettes budgétaires entre 2010 et 2014, liées au cours élevé des matières premières dont le pays est riche (fer, or..), le régime mauritanien n’a guère amélioré la capacité d’accueil hôtelier de la capitale. Beaucoup de responsables africains préféreront en tout cas écourter leur séjour plutôt que de rester quelques jours à Nouakchott dans de mauvaises conditions matérielles.

Piston et précipitation

Face aux craintes de ne pas pouvoir loger les 60 délégations attendues pour le sommet, le président mauritanien, Mohamed Ould Abdel Aziz, avait bien fait construire dans la plus gande précipitation un vaste centre de conférences, près de l’aéroport de Nouakchot.  Près de 120 villas ont également été bâties pour loger les participants.

Mais hélas, le contrat du centre de conférences a été confié, sans appel d’offre comme c’est souvent le cas dans cette République bananière, au nouveau patrons des patrons mauritanien et fidèle parmi les fidèles de la Présidence, Zeine Abidine Ould Mohamed Mahmoud. Beaucoup doutent des qualités d’entrepreneur de l’ancien gérant de la buvette de Radio Mauritanie.

Les mauvaises langues ajoutent, en souriant, que les chefs de délégation montrent beaucoup de courage en acceptant de siéger dans une enceinte construite à l’arrachée par un vrai faux entrepreneur sans légitimité ni crédit auprès des grands groupes internationaux et nationaux de bâtiment.

Des copains et des coquins

Pour autant, le nouveau « patron des patrons » mauritanien rend des services à sa façon en vue de la préparation du sommet de l’Unions Africaine, qui devrait être suivi, début juillet,  par la visite du président français, Emmanuel Macron. Le voici qui a récemment organisé un grand dîner en l’honneur des amis du Président Aziz à Paris: l’ »ambassadeur itinérant », Jemal Taleb, était naturellement présent, lui qui a dragué quelques élus d' »En Marche », le parti de Macron à Paris, et Eric Besson, l’ancien ministre de « l’identité nationale » sous Nicolas Sarkozy qui était un fervent soutine de l’ex président tunisien Ben Ali.

Etait également présent à ce diner Mohamed Abdellahi Ould Yaha, ancien secrétaire d’Etat à l’investissement et patron aujourd’hui de société Maurilog, devenue la partenaire logistique privilégiée de Kinross, Total, Kosmos Energy.

Hélas le voyage du président français ne prend pas exactement l’ampleur que les autorités de Nouakchott auraient souhaité, Au départ, avaient imaginé les Mauritaniens, Emmanuel Macron devait visiter la ville de Atar, comme l’avait fait Jacques Chirac lors de son voyage officiel. Paris a imposé que le déplacement du chef d’état français en dehors de la capitale se limite à la visite dans la commune de Kiffa d’un chantier de l’AFD, le bras financier du Quai d’Orsay.

A l’Elysée, on craint par dessus tout que la visite présidentielle soit une caution pour un régime mauritanien qui commence à avoir fort mauvaise presse auprès des OHG et autres mouvements humanitaires.

 

 

 

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Nicolas Beau
Ancien du Monde, de Libération et du Canard Enchainé, Nicolas Beau a été directeur de la rédaction de Bakchich. Il est professeur associé à l'Institut Maghreb (Paris 8) et l'auteur de plusieurs livres: "Les beurgeois de la République" (Le Seuil) "La maison Pasqua"(Plon), "BHL, une imposture française" (Les Arènes), "Le vilain petit Qatar" (Fayard avec Jacques Marie Bourget), "La régente de Carthage" (La Découverte, avec Catherine Graciet) et "Notre ami Ben Ali" (La Découverte, avec Jean Pierre Tuquoi)