Une alliance russo-iranienne en matière de cyber surveillance en plein essor

La Russie a fourni à Téhéran un logiciel de surveillance avancé en échange de ses drones pour le champ de bataille ukrainien

Russian President Vladimir Putin, Iranian President Ebrahim Raisi and Turkish President Tayyip Erdogan en juillet 2022

Depuis le début de la guerre en Ukraine, la Russie a fourni à l’Iran des outils de surveillance des télécommunications ainsi que des dispositifs d’écoute, des appareils de photographie avancés et de reconnaissance faciale ainsi que des détecteurs de mensonges. Moscou a sans doute déjà fourni à l’Iran des logiciels qui permettraient de pirater les téléphones.

Une coopération ancienne

 L’Iran qui a fourni des drones kamikazes et des missiles à la Russie a reçu en échange des outils avancés de surveillance numérique. La Russie et l’Iran disposaient déjà tous deux de capacités cybernétiques sophistiquées et leur coopération dans le secteur ne date pas d’hier. Il y a deux ans, des échanges de compétence en cyberdéfense avaient déjà eu lieu. Mais Moscou affichait ses réticences à un échange élargi avec l’Iran, de peur que ses outils ne finissent par être vendus plus tard sur le dark web. Aujourd’hui, les autorités russes semblent convaincues que les avantages d’une coopération militaires avec l’Iran l’emportent sur les inconvénients.

Selon des documents publiés par Citizen Lab, un centre de recherche de l’Université de Toronto, le gouvernement iranien disposait déjà des capacités techniques de ralentir le trafic Web pour empêcher les manifestants de communiquer entre eux et de diffuser des vidéos à l’étranger. Il a également utilisé des outils de surveillance numérique pour suivre et arrêter les manifestants.

Un logiciel pour censurer Internet

La société russe PROTEI Ltd a commencé à fournir un logiciel de censure d’Internet au fournisseur iranien de services mobiles Ariantel. Citizen Lab a déclaré qu’il existe des preuves que les outils PROTEI font partie d’un système de téléphonie mobile en développement qui « permettrait aux autorités de l’État de surveiller, intercepter, rediriger, dégrader ou refuser directement les communications mobiles de tous les Iraniens, à commencer par ceux qui défient actuellement le régime ».

En Russie, PROTEI développe du matériel et des logiciels conçus pour aider les gouvernements à surveiller les communications sur les lignes téléphoniques, les courriels et les transactions par carte de crédit, entre autres, selon les analystes en cybersécurité. La société a des contrats avec le ministère russe de la Défense.

L’Iran a longtemps été considéré comme une puissance numérique de deuxième rang derrière les États-Unis, la Russie, la Chine et le Royaume-Uni. Mais cela est en train de changer.

Les pirates informatiques du gouvernement iranien et les groupes alignés sur le régime ont mené des campagnes de désinformation, mené des attaques de la chaîne d’approvisionnement et frappé des infrastructures dans des pays rivaux tels que les États-Unis et l’Arabie saoudite. Israël a accusé l’Iran d’essayer de pirater son système d’eau et, le mois dernier, a déclaré qu’un groupe affilié aux services de renseignement iraniens avait mené une cyberattaque contre une grande université israélienne.

Le programme de cyberguerre du pays trouve son origine dans les manifestations de 2009 contre les élections qui, selon l’opposition, avaient été truquées. Le gouvernement a compris qu’une meilleure surveillance, une meilleure censure passaient par des outils sophistiqués dans la surveillance des communications.