Deux nouveaux soldats morts au Mali impose des révisions déchirantes

Sergent Yvonne HUYNH et brigadier Loïc RISSER, du 2e régiment de hussards, décédés à Menaka le 2 janvier 2020.

Le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM) d’Iyad Ag Ghali, affilié au groupe terroriste Al-Qaida, a revendiqué, samedi 2 janvier, l’attaque qui a coûté la vie à trois soldats français lundi dernier au Mali. Le même jour, deux nouveaux soldats étaient tués toujours au Mali

Ces nouveaux décès de deux soldats samedi portent à cinquante cinq le nombre de soldats français mors dans ce pays depuis 2013. D’après l’AFP, le GSIM (ou JNIM selon l’acronyme arabe) a revendiqué, le même jour, la première attaque qui a eu lieu lundi en invoquant la poursuite de la présence militaire française dans la sous-région, la publication des caricatures de Mahomet ou encore la politique du gouvernement français vis-à-vis des musulmans de France. Un communiqué en effet a été publié sur une plate-forme de propagande terroriste et authentifié par le centre américain de surveillance des sites jihadistes.

Cherchez l’erreur.

La surprise, la voici: le chef du GSIM, Iyad Ag Ghali, est aujourd’hui un des principaux chefs touaregs qui discute avec la junte militaire au pouvoir des perspectives d’un gouvernement d’union nationale, sans que la France, sauf en coulisses, ne réagisse à ces tractations qui représentent un sérieux désaveu, voir un affront, de l’actuel pouvoir malien.

Rappelons que le même pouvoir a négocié la libération de l’ancien Premier ministre et chef de l’opposition, Souleïma Cissé, hélas aujourd’hui décédé du Covid, contre la libération de deux cent djihadistes dont certains sont responsables d’autres actions meurtrières contre l’armée tricolore. Et cela malgré les mises en garde de la diplomatie française.

Des déclarations convenues

Pourquoi les soldats français peuvent rester dans un pays à la demande officiellement d’un gouvernement qui se dissocie totalement de la stratégie choisie par la France de combattre les groupes armés et d’abattre leurs chefs? Comment le pouvoir français qui s’est ensablé dans une impossible guerre contre le terrorisme depuis huit ans au Sahel peut-il ne pas s’interroger d’avantage sur le bilan de cette intervention? Faut-il rappeler le cout de cette intervention qui mobilise quelque 500 soldats, du moins à un instant donné car c’est au moins 30000 agents impliqués dans ce conflit si on tient compte du turn-over des troupes françaises et de l’appui logistique nécessaire?

Les déclarations aussi vagues que répétitives d’Emmanuel Macron sur l’utilité de cette guerre contre le terrorisme ne sauraient servir de feuille de route. De nombreuses voix s’élèvent, au sein même de l’armée française ou de sa propre majorité, pour mettre fin à une mission qui a si évidemment échoué. Il s’agit, et vite, de tourner cette page qui nuit tant à l’image de la France en Afrique.

Jean Yves Le Drian plombé

Emmanuel Macron ne pourra pas mettre fin à cette guerre devenue absurde sans mettre en cause son ministre des Affaires Etrangères, Jean Yves Le Drian, qui fut dès le quinquennat de François Hollande, l’artisan de cette politique désastreuse comme ministre de la Défense.

La réputation de la « gauche du macronisme » que Le Drian prétend représenter ne sortira pas indemne du bilan de cette guerre sans fin !..

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Nicolas Beau
Ancien du Monde, de Libération et du Canard Enchainé, Nicolas Beau a été directeur de la rédaction de Bakchich. Il est professeur associé à l'Institut Maghreb (Paris 8) et l'auteur de plusieurs livres: "Les beurgeois de la République" (Le Seuil) "La maison Pasqua"(Plon), "BHL, une imposture française" (Les Arènes), "Le vilain petit Qatar" (Fayard avec Jacques Marie Bourget), "La régente de Carthage" (La Découverte, avec Catherine Graciet) et "Notre ami Ben Ali" (La Découverte, avec Jean Pierre Tuquoi)