Ce virus qui provoque la dislocation de l’économie mondiale

Ancien ministre de l’économie lors de l’ouverture démocratique qui eut lieu en Algérie entre 1988 et 1992, Ghazi Hidouci est certainement un observateur respecté et un témoin engagé face aux bouleversements qui affectent le monde après la pandémie du coronavirus.

Aux États-Unis, les pouvoirs publics ont dû injecter 4000 milliards de dollars pour sauver les marchés. En Chine, le virus a fait bien plus de victimes sans provoquer d’effondrement de marché. Si le covid-19 a pu avoir un effet déclencheur, il n’est pas à l’origine de la débâcle financière. En réalité, le système est pourri de l’intérieur. Pourquoi n’y a-t-il pas eu d’effondrement du marché lorsque le COVID-19 s’est répandu en Chine populaire ? Le virus est originaire de ce pays et a causé beaucoup plus de décès en Chine que partout ailleurs – plus de 3 000. Les États-Unis, en revanche, n’ont enregistré que 29 décès dus au COVID-19 à ce jour, alors que l’économie américaine est chancelante. Si tous les efforts sont faits pour faire remonter le marché, il n’en reste pas moins que le krach s’est produit et peut se reproduire.

La Chine a dû arrêter la production dans de nombreuses régions afin de contenir efficacement le virus. Mais cela n’a pas causé de crise économique mondiale. Ce qui se produit à la Bourse de New York est tout autre chose. La Banque de la Réserve fédérale a injecté au moins 50 milliards de dollars sur le marché boursier dans des «opérations de rachat nocturne». Puis, lundi, la Fed de New York a annoncé qu’elle augmentait ses injections de liquidités sur le marché pour atteindre au moins 150 milliards de dollars. Elle révèle à quel point les capitalistes craignent qu’une grave contraction ou récession économique ne se profile. La plus grande inquiétude des salariés est de savoir ce qui leur arrivera lorsque l’économie capitaliste se contractera. Combien d’emplois seront perdus ? Combien perdront non seulement leur emploi, mais aussi leur couverture santé en même temps ? Ce qu’il faut aussi pour l’instant, c’est comprendre ce qui rend le capitalisme lui-même si mortel, si destructeur que le système passe des dépressions aux guerres pour satisfaire la soif de profit. Il existe une pensée scientifique qui explique pourquoi ce système doit continuer à se développer à tout prix: sans une production accrue, sans de nouveaux marchés pour ses produits, le capitalisme entrera dans une période de crise.le capitalisme. Cette pensée est pleinement dans les règles spirituelles fondamentales des algériens et elle est dans la pensée de Marx. Le mois d’avril peut devenir le pire pour le marché pétrolier mondial puisque l’offre sera très largement supérieure à la demande en raison notamment de la pandémie de Covid-19, relate le site OilPrice se référant à plusieurs analystes. À court terme, l’excédent du marché pétrolier pourrait atteindre un pic de 13,7 millions de barils par jour en avril, avec un excédent moyen de 12,9 millions de barils pour le deuxième trimestre. L’accumulation des stocks pourrait atteindre le niveau de 2,1 milliards de barils d’ici la fin de l’année. Ce chiffre représente une révision à la hausse de 50% par rapport à l’excédent d’offre de 1,4 milliard de barils prévu par la banque Standard Chartered il y a une semaine. Il y a des prévisions encore plus pessimistes. La demande pourrait chuter de 25 millions de barils par jour au cours des prochaines semaines et prochains mois. La surabondance historique signifie que le monde pourrait manquer d’espace de stockage. Plus de 200 sociétés pétrolières européennes pourraient faire faillite, ce qui représente 20% du nombre total des entreprises du secteur. La production de pétrole de schiste américain devrait aussi diminuer de 1,1 million de barils par jour, à 11,87 millions de barils en décembre 2020. Jusqu’à récemment, la plupart des analystes supposaient que la pandémie de coronavirus serait une affaire de court terme, qui influerait sur le marché pendant deux à quatre semaines. Mais la pandémie peut durer plus longtemps et laisser «des cicatrices économiques permanentes».

Le besoin de «s’étendre ou mourir» est ce qui se cache derrière toutes les guerres horriblement destructrices. Les États-Unis sont devenus le plus grand producteur de pétrole au monde. Mais une grande partie de ce pétrole provient de la fracturation du schiste bitumineux, qui est coûteuse. Ce pétrole doit se vendre au moins 68 dollars le baril pour atteindre le seuil de rentabilité. (Newsweek, 8 mars) et la crise du virus fait qu’on ne l’achète plus: les Compagnies US veulent forcer les gens à acheter plus cher, injustement: La chute brutale des prix du pétrole est un symptôme clair de la surproduction capitaliste de masse. Le pétrole est le moteur de l’activité économique. Lorsqu’il y a une surabondance de pétrole et que son prix baisse, c’est un signe que la croissance économique ralentit. Voilà le régime néolibéral, les aliiances avec l’Arabie Saoudite, la haine contre les arabes et iraniens innocents, et…nous. Et le néolibéralisme doit s’étendre – ou mourir. C’est ainsi que ce système fonctionne avec l’insécurité économique et de la longue histoire de l’oppression produite par ce système : racisme, xénophobie, islamophobie, bigoterie , pauvreté et plus encore.

La FED ainsi que le gouvernement américain ont décidé de prendre des mesures fortes afin de soutenir une économie américaine secouée par l’épidémie de coronavirus. Des centaines, voire des milliers de milliards de dollars seront mis sur la table. Ce sont des décisions révolutionnaires. Des montants colossaux vont être investis afin de soutenir l’économie américaine. Entre facilités de crédits octroyées aux ménages et aux entreprises, soutien sur les prêts automobiles ou encore injection massive de liquidités sur le marché monétaire (500 milliards de dollars rien que pour le 17 mars), la FED a sorti la sulfateuse. Washington est également intervenu en proposant notamment 50 milliards de dollars sous forme d’aides directes et d’allègements fiscaux pour l’industrie du transport aérien qui souffre énormément de la crise actuelle. D’autres secteurs ont reçu des promesses d’aide comme les opérateurs de croisières. Quant à la Chambre de commerce des États-Unis, elle souhaite la suspension des prélèvements obligatoires pour les mois de mars, avril et mai, et un premier texte concernant le financement d’un système temporaire d’assurance-chômage pour les salariés victimes du Covid-19 pour un montant de 100 milliards de dollars est en discussion au Congrès. D’après plusieurs médias américains, le plan préparé par la Maison-Blanche s’élève à environ 850 milliards de dollars. Le montant total des investissements de la FED et du gouvernement pourrait à terme se chiffrer en centaine, voire en milliers de milliards de dollars.

Même le plus extrémiste parmi les gauchistes n’aurait pas osé proposer que l’on nationalise des entreprises en difficulté, que la Banque centrale apporte sa garantie à des prêts émis par des entreprises dont on sait qu’elles ne les rembourseront pas, que l’on paie les salaires des gens qui sans cela serait mis au chômage. Nous assistons à un déploiement de moyen qui aurait fait passer Bernie Sanders ou Elizabeth Warren pour des fous si jamais ils avaient dit il y a un mois de cela que ces mesures étaient les bonnes si les choses tournaient mal aux États-Unis.

L’administration Trump souhaite prochainement envoyer des chèques pour venir en aide aux Américains affectés par la crise du coronavirus. Le montant pourrait avoisiner les 1.000 dollars. «L’idée s’apparente à ce qu’on appelle, s’agissant des banques centrales, l’«argent hélicoptère (helicopter money), qui atterrit droit dans les poches des ménages». «L' »helicopter money » va déverser ses dollars sur, dans un premier temps, les Américains les plus fragiles. Un moment Donald Trump va proposer à nouveau des allégements fiscaux et cela ne peut profiter qu’à des gens qui paient des impôts. Or, environ la moitié des Américains de la classe moyenne n’en paient pas ou peu. Si l’on donne des marges de manœuvre aux plus riches de cette manière en leur restituant du pouvoir d’achat, dans le cas des plus pauvres, vous devez sortir l' »helicopter money » pour faire de même. Tout ceci a été imaginé contre la faim pour les pays pauvres (dans les années 70) mais a été rejeté brutalement par la coopération internationale. Il faut y penser de nouveau dans l’urgence.

Tout vole ainsi en éclats sauf l’action speculative cachée des «fonds vautour» et les réactions ou non des banques centrales Européennes, Russe, Indienne et bien sûr chinoise…La limite des 3% de déficit budgétaire en Europe n’existe plus, Les fonds d’epargne vont acheter de la dette souveraine. La FED abaisse ses taux en urgence une deuxième fois; elle injecte des tonnes de monnaie dans le système. Elle tire ses dernières cartouches. Les taux américains sont maintenant à 0 %. Il y a un grand risque pour la valeur du dollar et pour toutes les monnaies. Mais le jeu ne fait que commencer. Dans les prochaines semaines, nous verrons dans les économies dynamiques des politiques publiques complètement inédites. Les Etats qui avaient été prudents ces dernières années sortiront l’artillerie lourde (Allemagne, Suisse, Pays-Bas, etc.). Les règles vont être explosées et on va se mettre à réfléchir en dehors de la boîte, ce qui pour nous est important car alors se taisent les «experts» néolibéraux abondament écoutés ces trente dernières années. Comme toute politique monétaire “créative”, ce n’est pas sans risques: L’inflation en tête. Mais cela a le mérite de supprimer l’intermédiaire des banquesqui recevaient l’argent jusque-là. Maintenant que la boîte de Pandore est ouverte, cela va entrer dans la routine bureaucratique. Les choses bougent très vite partout dans le monde.

Un déluge d’argent s’abattra sur l’économie mondiale ces prochaines semaines et mois. Pour le pire et le meilleur… Les Etats-Unis ne sont pas seuls.Les Etats dépensent dans la relance budgétaire et des projets pour stimuler l’économie. Vont-ils éviter la spéculation à la baisse sur les Bourse ? C’est probable d’interdir la vente à découvert pour se protéger des fonds vautour; Ils baissent les taux d’intérêts et facilitent les prêts, ils rachètent les dettes pour éviter les défauts et faillites, ils reportent les facturations et d’impôts. … Nous nous trouvons complètement confortés dans nos changements financiers et en harmonie avec la spiritualité populaire, mais en flagrante opposition à la politique saoudienne et celle de la coupole. Même le secteur privé s’y met ! Voyez les annonces chinoises, russes, européennes…Les mesures massives sont en train de s’empiler. (McDonald’s pense à reporter le loyer de ses franchisés.) Nous devons bien admettre que les moyens financiers déployés actuellement sont Globaux, innovants et pourraient changer les équilibres mondiaux comme l’a fait la bombe atomique en son temps. Il ne faut pas sous-estimer l’importance de l’expérience sociale et financière que nous sommes en train de vivre. Nous allons en apprendre beaucoup sur nous-mêmes… et sur l’économie. Ne demeure que l’angoisse sur la spéculation des fonds vautour sur la Bourse. La correction des détournements spéculatifs est brutale sur les « marchés ». La BCE va temporairement autoriser les banques à agir sans respecter les exigences de fonds propres et de liquidité en vigueur et rendre plus favorables les conditions du prochain programme de crédit aux banques afin de soutenir les prêts aux petites et moyennes entreprises. La Fed, ainsi que les banques centrales du Japon, du Royaume-Uni, du Canada et de la Suisse, ont également assoupli les conditions auxquelles elles s’échangent les devises entre elles.

Les spéculateurs, alliés des ISSABAS, ne sont pas rassurés par ces changements. Chaque effort positif d’encadrement des banques centrales et des Etats est à leur sens un pas dans la mauvaise direction (sauf pour certains fonds vautour en manœuvres compétitives) . Les banques centrales font de leur mieux pour calmer les marchés mais en réalité cela provoque l’effet opposé, car ces mesures radicales envoient des messages préoccupants aux spéculateurs et fonds vautour rapaces. Des années de politiques monétaires néolibérales ont grandement réduit les marges de manœuvres des banquiers centraux. Les marchés dominés par les spéculateurs comprennent que la récession est presque garantie. Les autorités aident en injectant de l’argent mais ne peuvent la stopper.Tout dépend du soutien des banques non US à ces mouvements. Les dégâts pour l’économie pourraient être abyssaux. les banques réagissent dans la crise avec la brutalité symétrique de leur laxisme dans le boom : elles prêtaient n’importe comment, elles ferment le robinet n’importe comment, dès qu’elles réalisent combien leurs créances sont douteuses, et restreignent toutes les lignes de financement dont la continuité est vitale pour les entreprises. Mais plus encore, les banques sont unies entre elles par des liens de dettes-créances d’une densité sans équivalent dans le reste de l’économie, si bien que la propagation des défauts de paiement au sein de cet isolat particulier prend immédiatement des proportions nucléaires.

Il faut qu’il y ait de l’encadrement et que la confiance revienne, cela aidera forcément l’économie, mais cela est politique; l’alliance Etats/citoyen.nes est vitale. La question est maintenant de savoir combien de fonds vont se trouver incapables de rembourser leurs leviers — et, à l’autre bout, combien de banques le bec dans l’eau et pour quels montants. La réponse dépendra en grande partie de la suite de la conjoncture boursière, du volume des pertes, de l’horizon temporel où elles pourraient être rattrapées, et de la capacité des agents spéculateurs àrefinancer entre temps leurs impasses… c’est-à-dire (plutôt) du bon vouloir des banques, compte-tenu de leurs propres anticipations et de la décision qu’elles prendront en conséquence : soit prendre le parti de voir au-delà de la fluctuation et d’accorder les crédits-relais à qui de besoin, soit estimer, vu la suite probable des événements, qu’il vaut mieux arrêter les frais et prendre ses pertes avant que tout ne s’écroule (et, arrêtant les frais, entraîner que tout s’écroule — délicieuses logiques de la finance).

Il faut de l’encadrement bancaire puissant ; l’économie russe a profité des sanctions imposées par les États-Unis et l’Union européenne à partir de 2014, se renforçant à la veille de la pandémie de coronavirus, ce qui lui permet de mieux relever ce nouveau défi. Les sanctions occidentales frappant l’industrie pétrolière et le secteur bancaire russes ont «paradoxalement» consolidé l’économie russe, la rendant plus résistante aux chocs et la Russie est ainsi mieux placée que d’autres pays. Paradoxalement, ces sanctions et les contre-mesures prises par la Russie ont préparé le Kremlin à ce qui est arrivé ce mois-ci: une dislocation universelle de l’économie mondiale et une guerre des prix du pétrole. Depuis l’entrée en vigueur des sanctions en 2014, le gouvernement et les entreprises russes se sont adaptés à l’isolement et aux chocs économiques qui frappent actuellement l’économie mondiale. La Russie entre dans la crise avec d’importantes réserves financières, ses grandes entreprises presque exemptes de dettes et presque autosuffisantes dans le domaine agricole. Les réserves financières aideront la Russie après la pandémie. Avec la chute du prix du pétrole, le rouble perd 20% de sa valeur mais le marché interne se dynamise et les réserves russes feront que la Russie ne sera pas en concurrence pour le financement sur les marchés de capitaux pour stimuler son économie.

La BCE a annoncé un plan d’urgence de 750 milliards d’euros pour racheter de la dette, publiques et privée. L’Allemagne fait de même ; des sommes qui s’ajoutent aux 120 milliards d’euros débloqués précédemment dans le cadre du programme quantitative easing (rachat d’actifs) . S’ajouteront des injections massives de liquidités sur le marché monétaire de plusieurs centaines de milliards de dollars quotidiennement pour les entreprises et les ménages. Ces annonces n’ont eu qu’un effet mitigé sur des marchés actions: les banques centrales sont coincées; elles ne peuvent plus jouer sur les taux, elles agissent par des rachats d’actifs ou de dette publique, notamment via des quantitative easing pour apporter de la liquidité. Mais la crise est tellement forte que cela n’a plus d’effet. La crédibilité des banques centrales est largement effritée. Les speculateurs possédant des fonds ont bien compris la négativité des taux faibles voire négatifs et considèrent qu’ils n’ont plus de marge de manœuvre. C’est «une perte de confiance dans la monnaie». «C’est de la folie. Il faut plutôt agir au niveau de la production: décaler les échéances fiscales, apporter des fonds aux entreprises qui risquent de faire faillite. Lancer de nouvelles productions massives ou d’intérêt général. C’est uniquement à ce niveau-là qu’il faut agir. Le véritable risque d’une telle politique de déversent des liquidités, est de voir se développer l’hyperinflation et déraper les prix: la règle est que la planche à billets + la chute de la production = l’hyperinflation. (au Japon, l’enchaînement de politiques monétaires ultra-accommodantes et le cœur de l’économie qui continue de fonctionner, top de la technologie et fiabilité à un prix compétitif) Il ne faut pas croire que l’on va se relever d’une telle situation en quelques semaines. Dans un monde où les États et les acteurs économiques sont autant endettés… c’est la catastrophe.

De leur côté les USA ont annoncé l’intention d’envoyer « des chèques » aux américains pour relancer la consommation. Une technique surnommée l »helicopter money » L’hélicoptère, c’est en réalité »l »helicopter money », une idée popularisée par le prix Nobel d’économie Milton Friedman dans son livre « The Optimum Quantity of Money », publié en 1969. Il prend alors l’exemple d’un hélicoptère qui lâche de l’argent au-dessus d’une ville pour illustrer l’impact de la politique monétaire sur l’inflation. 50 ans plus tard, de nombreux économistes reprennent le concept en véritable proposition concrète, désormais baptisée « quantitative easing for the people ». qui a encore plus d’opposants que de partisans. Et si cette crise changeait tout? (voir le programme économique » détaillé dans « Intelligence politique il y a un mois). L’idée n’est pas neuve mais la BCE prudemment recule parce que cet outil lése les épargnants et fait monter « le populisme, position idéologique et non économique…. (Il en est de même pour le refus du Quantitative Easing par Wolfgang Schäuble contre la BCE). Mais cette idéologie orthodoxe se fissure avec le virus et avec un problème «moral» (comment compenser cette dépense qui va forcément être inscrite dans son passif? Surtout si la distribution d’argent n’a pas les conséquences positives attendues) et cela entraine d »autres questions: comment éviter que l’agent ne soit thésaurisé dans cette période d’incertitude et d’angoisse? Comment éviter un emballement de l’inflation? Comment être sûr que l’argent ne financera pas les importations étrangères. L’helicopter money pourrait plutôt passer par des mesures indirectes, comme des crédits d’impôt ou des baisses de taxation, là où il y a production utile.

Nos positions

Il faut que le drame du virus diminue et que l’activité économique reprenne. Le but de toutes ces mesures n’est PAS de sauver la situation. Il est de préparer l’après. D’offrir un terreau fertile lorsque la cupidité naturelle des ISSABAS reprendra ses droits. Pour assurer un redécollage plus facile et puissant. Il faut préparer le redécollage par l’économie endogène et affiner un plan pour garnir les actions prioritaires. Nous sommes en retard sur les biens publics de masse, en retard sur la question des risques environnementaux et sociaux, qui ne se voient pas de la même manière qu’une épidémie, mais dont on sait à long terme la gravité. Il ne suffit pas de dire “il faut changer le système économique”, il faut décrire quel autre système économique. Les tensions de liquidités sont apparus: ceux de l’économie réelle, et à tous ses étages. Celui qui nous importe de l’activité de proximité évidemment, commerces, PME, mais aussi l’étage « haut » de l’échange international. Les donneurs d’ordre du gouvernement restent avec leurs ordres sur les bras. C’est bien sûr l’hôpital, en avance sur la finance, qui offre le spectacle saisissant du risque de krach général. La politique de santé a concentré ce qu’elle avait de meilleur. La désorganisation est totale, la rationalité néo managériale à son sommet d’irrationalité, tout a été méthodiquement détruit. Bien avant le virus, le monde hospitalier se criait déjà au bord de l’effondrement; on imagine avec. Il ne faut pas se faire la moindre illusion.Le potentiel de désorganisation de l’activité est considérable. C’est l’état de démolition générale qui a installé depuis longtemps les conditions du krach général. On attendait juste la secousse, la voilà. Sans doute, comme à son habitude, la finance se distinguera-t-elle dans l’ampleur des destructions. Mais cette fois elle pourrait ne pas tomber seule, et l’ensemble fera alors un sinistre spectacle. Entre le scandale des citoyen.nes recalés faute de respirateur, et celui d’un nouveau sauvetage des banques à douze ans d’intervalle, la population ne manquera pas d’occasions de méditer sur les bienfaits de soixante ans de régime de la coupole.

Une mobilisation radicale pour le changement est-elle à l’œuvre aujourd’hui, pour vite faire débarrasser le plancher aux incapables et nous permettre de déboucher sur une nouvelle société? Le puissant mouvement du Hirak, syndical, social, prépare le terrain pour une société émancipée. C’est à nous d’air et nn de faire des prières les bras croisés. Il y a un moteur pour le changement, notamment avec les jeunes générations – mais pas seulement – qui prennent de plus en plus conscience de la nécessité de changer le système économique et surtout dire quel autre système économique, quelle autre organisation de la propriété, du pouvoir dans les entreprises, quels autres critères de décision. Il faut choisir les produits massifs utiles et les biens de proximité. Il est vrai que le coronavirus raccourcit le temps. Car l’épidémie ne disloque pas que les institutions: également les conditions élémentaires de la politique de combat qui, comme toute politique, et même plus encore, suppose la mobilisation de résistance. Cette dislocation-là heureusement n’est qu’une parenthèse. Bientôt nous en sortirons, la tête pleine de souvenirs très frais et piquants… Joie de reprendre sans réserve l’espace public — et de tous ces nouveaux lieux à visiter, où adresser la note: sièges bancaires, salles de marché, ministères aux portes encore vierges, médias de service, activités de production, formation…. La mobilisation est incertaine, les résultats non planifiables, et elle prend beaucoup de temps, d’énergie, de patience. C’est une résistance fondamentale patiemment validée, sur des programmes de long terme. Elle est aussi indépendante. La tendance politique court termiste de mettre le paquet en cas d’épidémie et, ensuite, on oublie désengage des grands projets de libération. Quand un virus émerge, on demande au Hirak de se mobiliser en urgence et de trouver une solution pour le lendemain. La politique vraie ne marche pas dans l’urgence et la réponse immédiate. Il faut se demander si tout cela est vraiment utile pour la société, et si l’engagement est sans clacul.

Il existe des rapports authentiques sur la reprise des activités dans des usines qui avaient été fermées, la hausse des capacités de production de certaines usines, les activités de plus en plus sérieuses des entreprises à forte intensité de connaissance et de l’élan des recherches étant à l’origine de la production. Ces rapports montrent que la production peut connaitre un rebond et que la vie quotidienne du peuple en ressentira les effets. Il faut multiplier la production pour qu’elle améliore la vie et l’emploi. Notre souci pour sortir de l’ornière est que c’est l’élan de production de masse qui met définitivement fin aux problèmes économiques.

GH 200320