Algérie : la mainmise de Mourad Eulmi sur l’importation de voitures

L’acheteur de l’appartement de Neuilly de l’ancien Président Nicolas Sakozy est devenu à Alger un des plus influents oligarques de l’heure, imposant ses vues à un ministre de l’Industrie, Youcef Yousfi, désormais sur un siège éjectable

Mourad Eulmi, représentant des marques allemandes en Algérie n’est pas un inconnu à Paris. C’est lui qui avait acheté en 2007, pour deux millions d’euros, l’appartement de Nicolas Sarkozy, situé île de la Jatte à Neuilly sur Seine. Et lui qui également a créé à Neuilly, en 2012 la «société Expimo», spécialisée dans l’achat, la décoration et l’aménagement de biens immobiliers. Mais outre ses activités immobilières, il est devenu un des oligarques les plus puissants de l’Algérie d’aujourd’hui.

A plein régime 

Mourad Eulmi, le patron de SOVAC, représentant exclusif des marques du groupe Volkswagen en Algérie, est en train d’imposer ses vies sur le marché automobile. Mourad Eulmi veut à tout prix que  ses marques (SEAT, Volkwagen et Skoda) et les deux constructeurs français Renault et Peugeot soient seules à être autorisées. Le milliardaire qui était naguère un simple importateur de pièces détachés est devenu aujourd’hui un lobbyiste qui fait mal à ses concurrents.

Son usine de montage des véhicules Volkwagen tourne à plein régime. Selon nos informations, plus de 12 mille véhicules ont été d’ores et déjà assemblées et vendus en Algérie en à peine 6 mois d’activités. Mais Eulmi a l’appétit vorace et pour s’approprier de la plus grosse part du juteux marché automobile algérien lequel peut consommer jusqu’à 400 mille véhicules par, soit un enjeu qui dépasse les 5 milliards de dollars, l’ex-importateur cherche à neutraliser ses adversaires.

Des alliances stratégiques

Hyundai, KIA, les chinois de Chery ou Nissan sont les principaux concurrents d’Eulmi qui  tente de les torpiller via ses réseaux politiques. Comme il a pesé de tout son poids pour obtenir du régime algérien un crédit bancaire de 160 millions de dollars, un crédit accordé par le Crédit Populaire Algérien (CPA) afin de financer son usine avec le groupe allemand Volkswagen, le lobbyiste Mourad Eulmi  tisse en ce moment des alliances stratégiques au sein du ministère de l’Industrie, le coeur battant de toute la naissante industrie algérienne.

Des alliances qui lui permettront d’influencer le cours des décisions et notamment la délivrance des agréments pour les activités du montage des véhicules en Algérie. Pour arriver à ses fins, Mourad Eulmi dispose d’un incontournable allié : le secrétaire général du ministère de l’Industrie et des mines, Medjoubi Kheireddine. Les deux hommes se voient régulièrement notamment en Espagne où Mourad Eulmi dispose comme à Paris de plusieurs biens immobiliers.

La presse achetée

Mourad Eulmi est un habitué des cadeaux prestigieux à l’attention des hauts responsables politiques du gouvernement. Des séjours de détente, des billets pour assister au fameux Classico et même une villa dans les quartiers chics d’Alger dont aurait bénéficié un ancien ministre de l’Industries, voici quelques unes des gâteries distribuées en pagaille par le généreux milliardaire. Très peu osent enquêter sur le patron de Sovac. Avec sa manne publicitaire toute la presse algérienne est à ses ordres… sauf quelques irréductibles aventuriers.

Kheireddine Medjoubi, le Secrétaire général  du ministère de l’Industrie, est soupçonné d’orchestrer les blocages de plusieurs projets importants portés par les concurrents de Mourad Eulmi. Et de nombreux hommes d’affaires commencent à se plaindre au plus haut niveau de l’Etat de ces coups bas. Avec un ministre transparent, inefficace et peu charismatique comme Youcef Yousfi, l’industrie algérienne sombre peu à peu entre les mains des puissants lobbys.

Le prince de l’automobile (et de l’immobilier), Mourad Eulmi, a su tirer profit de la gabegie générale..