L’Onu, dans le bourbier centrafricain

En proie à des difficultés considérables sur le terrain, la force onusienne en Centrafrique est de moins en moins populaire dans le pays

De plus en plus critiquée par la population et le gouvernement, la force onusienne de la Minusca en Centrafrique est frappée de plein fouet par deux nouvelles affaires.

D’abord, le retour en Centrafrique le 3 août de Jean-Francis Bozizé, le fils de l’ex président François Bozizé, a accentué la brouille avec les autorités du pays. Visé par un mandat d’arrêt international émis en 2014 par la justice centrafricaine pour « torture, détournement de deniers publics, complicité d’assassinat et association de malfaiteurs », Jean-Francis Bozizé a été arrêté par la Minusca quarante-huit heures après son arrivée à Bangui avant d’être remis aux forces de sécurité centrafricaines. Un coup de filet très mal reçu à la Présidence où le chef de l’Etat Faustin-Archange Touadéra et son entourage, proches de l’ex président Bozizé, ont vraisemblablement autorisé le retour du fils de leur ex mentor au pays. Un affront qui a valu au représentant spécial du secrétaire général des nations unies pour l’Afrique centrale et au patron de la Minusca d’être immédiatement convoqués par le chef de l’Etat. Quatre jours après son arrestation, Jean-Francis Bozizé a finalement été libéré sous contrôle judiciaire.

Discrédit

Autre patate chaude pour la Minusca, trente-cinq rebelles de l’ex-Séléka retenus dans le quartier musulman du PK5 à Bangui ont réussi à s’évader malgré l’important dispositif de surveillance mis en place par la force onusienne avec l’appui de la force française Sangaris. Avec une facilité déconcertante, les rebelles ont pu rejoindre la ville de Sibut à 185 kilomètres de la capitale. Seuls onze d’entre eux ont finalement été arrêtés. Les autres, dont trois, Aroun Guaye, Abdoulaye Hissene et Mahamat Tidjani, sont sous mandat d’arrêt pour crimes contre l’humanité ont pu rejoindre Kaga Bandoro, nouveau quartier général de l’ex Seleka officiellement démantelée fin 2013 et désormais cours de recomposition.

De quoi discréditer un peu plus la force onusienne déjà entachée par l’affaire des viols d’enfants centrafricains par des casques bleus qui avait fait irruption en 2015.